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Wokisme et Éducation nationale : silence dans les rangs ?

  • par Nora Bussigny, pour la Revue des Deux Mondes - avril 2024 republié par Jal Rossi

S’il n’est pas question d’accuser l’Éducation nationale de prosélytisme woke, les témoignages de plusieurs membres de la communauté éducative, que nous avons recueillis, interpellent sur des dérives néoprogressistes, à la lisière du militantisme...

 

Est-ce son prof qui insuffle à mon fils une «idéologie woke» en classe ? Nombre de parents se posent cette question, redoutant de sombrer dans une paranoïa conservatrice ou au contraire de découvrir la soudaine non-binarité de leur enfant, faute de vigilance. Il faut dire que l’actualité, mais aussi les réseaux sociaux, pointent le phénomène woke à l’école au travers de nombreuses réactions de parents d’élèves indignés par l’usage de l’écriture inclusive dans les cahiers, le choix de «pronoms» dans les fiches scolaires ou encore les appels à manifester contre l’islamophobie devant les grilles du lycée, sur des groupes WhatsApp. S’il n’est pas question d’accuser l’Éducation nationale de prosélytisme woke, les témoignages de plusieurs membres de la communauté éducative, que nous avons recueillis, interpellent sur des dérives néoprogressistes, à la lisière du militantisme

 

 

 commentaire:

Patrick Baret Modérateur

 

D'abord, l'école n'est pas hors la société, mais elle est en plein dedans, au coeur. Et ses personnels constituent une foule immense... un million de personnes en incluant les "non-enseignants" et les collaborateurs divers. Il est impossible d'imaginer qu'elle ne soit pas traversée par tous les courants sociaux, politiques, de pensée qui agitent nos contemporains. Par ailleurs, elle n'est plus depuis un demi-siècle "un sanctuaire", elle est ouverte aux quatre vents... et bien sûr "ça fait courant(s) d'air"...

 

Deuxièmement, on y instille la peur... pas seulement la peur de l'attentat venu de l'extérieur ou celle du couteau dans le cartable, mais simplement - c'est déjà énorme ! - la peur d'être constamment contesté dans son enseignement, dans son autorité, dans son rôle d'éducateur, dans la manière qu'on a de "penser" le bien des enfants, peur des représailles, peur d'être "dénoncé", victime d'une cabale... Plus rien à espérer du respect de jeunes écoliers et de leurs parents qui ne respectent plus grand-chose, et déjà pas eux-mêmes...

 

Troisièmement, l'époque veut que l'école ne soit plus pourvoyeuse de culture et d'humanité d'abord et avant tout, mais aussi "à l'écoute" des voeux des familles, ce qui a rapidement transformé les parents d'élèves en "clients"avec exigence d'être "servis" comme ils l'entendent. Comme on a en plus chargé l'école de compenser des tas de défaillances qui ne devraient pas la concerner, les terrains de controverses et de revendications sont infinis... la simple politesse, la morale - plus seulement citoyenne et républicaine - , l'hygiène et la diététique, l'écologie, le téléphone et les rézosocio, comment on fait les bébés, comment on évite d'en faire... l'école devrait faire tout ce que les parents et les adultes en général ne veulent, ne peuvent ou ne savent plus faire, mais exigent d'elle... Quand on n'est pas content, eh bien !... on le fait savoir à ces trop (mal) payés de profs drogués aux vacances et à la grève et qui sont en outre des incapables !

 

Quatrièmement... la baisse de niveau. On se plaît à dire que l'école ne "fait pas bien le boulot" et qu'on ne cesse de chuter dans les classements de Singapour et d'ailleurs. Je veux bien entendre ça... mais j'aimerais qu'on s'inquiète de "tous les niveaux", car dans une société tout marche ensemble. Alors, je m'associe à ceux qui s'inquiètent pour l'école mais je souhaiterais qu'on s'inquiète aussi du niveau des émissions télé, de ce qu'on continue à dénommer abusivement culture, du mercantilisme exacerbé, de ce goût immonde du fake et du canular à tout propos, de tout ce fatras qui nous maintient en état d'enfance et nous manipule, avec un niveau de pensée sous la ligne de flottaison...

 

Ainsi le wokisme est entré dans l'école... C'est aussi notre faute ! Car le wokisme ne nous est pas tombé du ciel comme une plaie d'Egypte... Nous l'avons vu naître, puis fleurir et prospérer, faire des petits et jouer dans la cour des grands... Que voulez-vous que je vous dise : NOUS NE SOMMES PAS CLAIRS... sur rien ou à peu près... nos valeurs et leurs définitions sont en panne totale, et désormais impuissantes à servir de rassembleur et de référent. Clairs sur rien parce que incapables de nous libérer de nos arrière-pensées. On blablate à grand bruit mais l'essentiel à quoi l'on tient est toujours ce qu'on ne dit pas. On prête des serments les doigts croisés dans le dos... Nos guignolades nous dispensent - croit-on - d'agir, et nous sautons de rocher en rocher en évitant de nous mouiller les pieds... mais on ne voit plus que le rocher voisin, on ne voit plus l'autre rive... Surtout ne pas tomber... et compter de plus en plus largement sur la chance autant que sous la lourdeur de nos fatigues et l'inertie des "autres", de tous les autres.

 

Alors le wokisme... Racisme, religion, citoyenneté, identité, minorités, droit de ceci, de cela, légitimité, moi, les autres et moi, le grand remplacement - qu'on appelle progrès - des idées reçues par d'autres plus recevables, du moins tente-t-on de le faire croire... En face de ces artifices et de ces arbitraires, il n'y a rien - ou presque rien. L'école de la République appartient à la Nation et à ceux qu'elle accueille : elle est donc protégée par la loi, seule habilitée à déterminer la liberté de chacun considérée avec justice et équité. Elle est organisée par une hiérarchie, qui est censée appliquer la loi, la défendre contre ceux qui tentent de l'agresser, qui a donc le DEVOIR de protéger ses membres, de SANCTIONNER ceux qui transgressent son autorité ou bafouent les règles et les usages, et d'en APPELER à la force publique si les malfaisants ne dépendent pas de son autorité.

 

Or à quoi assiste-t-on ? A côté de quelques propos lucides et généreux, hélas inefficaces en pratique, quelques fortes paroles destinées à "calmer le jeu" qui ne font rien avancer, on a surtout droit à quelques rodomontades, jérémiades et autres pleurnicheries qui, loin de s'attaquer au problème, résonnent comme autant d'aveux de faiblesse. Car le maître mot est "surtout pas de vagues"... C'est déjà assez difficile de nous maintenir en place jusqu'à demain, n'en rajoutons surtout pas... pour pas grand-chose... Au fond, c'est ça qu'on a dans la tête, avouons-le... le trouillomètre à zéro... pas de vagues... les wokes nous emmerdent assez, c'est pas la peine d'en rajouter... S'il y avait urgence dans sa délicate situation, on a néanmoins osé demander à Samuel Paty de prononcer quelques paroles apaisantes, presque des excuses... Le prof n'a pas voulu : il a préféré ne rien trahir...

 

L'école va mal, même vous, les recteurs, directeurs, inspecteurs, présidents du supérieur, ... vous le dites les premiers. Alors agissez ! L'inauguration du prochain collège "Samuel Paty" peut bien attendre un peu. Gardez les jolis mots que vous prononcez d'habitude en ces circonstances pour habiller les actions que vous allez décider afin de "reprendre la main".

 

Il n'est que temps, car ça va vite... La moindre malhonnêteté, la moindre explication abusive, le moindre mensonge, la moindre connerie sont adoptées en quelques épisodes avec tous les faux-nez du bon sens et de la vérité. Mais quand le ver est dans le fruit, allez donc l'en faire sortir !

 



22/04/2024
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