2580 - «Tragédie française» Franz-Olivier Giesbert 3 posts

«Tragédie française» : Chirac, Mitterrand, Macron… Le club des «démolisseurs» de la France

  • par Saïd Mahrane, pour Le Point - octobre 2023
EXTRAITS EXCLUSIFS. Ils sont sept, présidents ou Premiers ministres. Franz-Olivier Giesbert raconte, dans «Tragédie française», comment ils ont piloté le déclin du pays.
                                                                              ***
commentaire du Blog:J'ai aimé et voté pour François Mitterrand, Hollande, Macron ...et même une fois Chirac (on sait pourquoi).Je ne partage pas tout (loin de là!) ce qu'écrit  F-O G dont j'ai fait connaissance à la terrasse du Bordeaux à Cahors en 1983...mais son livre, malgré de fortes réserves, mérite d'être lu . Marco
                                                                               *****
Après Le Sursaut et La Belle Époque, Franz-Olivier Giesbert poursuit son Histoire intime de la Ve République, en publiant ce troisième tome, intitulé Tragédie française. Un récit ponctué de portraits savoureux où sont pointées les responsabilités de sept «démolisseurs» en chef : François Mitterrand, Jacques Chirac, Édouard Balladur, Lionel Jospin, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. «Sept chevaliers du déclin, promus connétables, dont il aurait fallu traduire certains devant un tribunal de commerce des gouvernants défaillants», écrit Giesbert, qui ne s'arrête pas aux seuls politiques.
Leur faute ? Avoir tout simplement conduit la France sur la pente du déclin politique, économique et intellectuel. Trente-cinq heures, laxisme migratoire, délitement de l'école, aveuglement des élites, abandon des ouvriers, montée de l'antisémitisme, recul de la laïcité… Ces dirigeants, le journaliste a vu de près, depuis quarante ans, leurs agissements, leurs décisions, leurs renoncements. Extraits.
 
Au commencement était François Mitterrand
«L’histoire a toujours été faite par des personnages qui tentaient l’impossible et dont on disait qu’ils ne pourraient jamais réussir.» François Mitterrand répétait souvent des propos de ce genre, pour se rassurer. Il aura été le premier connétable du déclin dans l’ordre chronologique, le père fondateur, sinon spirituel, du système de pensée qui a mené à la catastrophe dans laquelle le pays se trouve aujourd’hui et que l’on peut résumer ainsi : «Dépensons et tout ira bien.» Ce n’est pas galéjer de dire que Macron, Chirac, Balladur, Jospin et les autres sont plus ou moins ses enfants. […] Si l’on n’était pas d’accord, il ne prenait même pas la peine d’argumenter. «Vous êtes comme Rocard, vous lisez trop Le Figaro», me disait-il quand j’étais au Nouvel Observateur.[…] Le 22 novembre 1994, lors d’une conversation empreinte de mélancolie, il tente, comme au début des années 1970, de me convaincre de me lancer en politique en me proposant non plus une circonscription dans l’Isère, mais… une place de numéro un du parti :
«Le PS est à prendre et vous êtes fait pour ce métier.
– Je n’aurai jamais la patience, objecté-je, et je ne sais pas mentir.
– Vous devriez tenter votre chance. À part votre ami Mauroy, qui se cantonne à ses ambitions lilloises, il n’y a personne, dans ce parti.»
Et de dézinguer tous les prétendants à sa succession, de Fabius («une chiffe molle») à Jospin en passant par Aubry et Strauss-Kahn.
Convaincu que Mitterrand cherche à m’embobiner à un moment où, en fin de règne, il se sent seul, abandonné, et recherche des soutiens, je réponds : «Cette histoire est ridicule, vous savez bien. J’ai une partie non négligeable de mon cerveau qui pense à droite et je travaille au Figaro Et Mitterrand de murmurer : «Et moi, alors ?»
 
Cécité face à l’islamisme
Tout a changé pendant les années 1990, quand la grande majorité des médias et de l’intelligentsia a pris parti pour les islamistes du GIA et le FIS qui massacrèrent, au nom d’Allah, entre cinquante mille et cent mille personnes en Algérie. Ils avaient gagné les élections, prétendait la doxa, il fallait leur laisser le pouvoir. C’est à partir de là que la gauche de la gauche, qui donna le ton, s’est islamisée, en reprenant la désinformation des terroristes qui attribuaient contre l’évidence tous leurs crimes au pouvoir algérien, notamment au FLN. Le Figaro fut un îlot de résistance mais, dans la presse, nous n’étions pas beaucoup à regimber : avec Claude Cabanes de L’Humanité et Jean-François Kahn de L’Événement du jeudi, on se serrait les coudes mais on se sentait souvent seuls. «Au fond, c’est comme pendant l’Occupation, disait le bouillant Cabanes. Malgré tous nos désaccords, on peut se retrouver autour de valeurs communes : la France et la République.»
 
Immigration, le grand déni
La gauche a rendu un très mauvais service au pays en exerçant sur la droite, à propos de l’immigration, un terrorisme intellectuel tel que cette dernière mena une politique finalement assez semblable à celle des socialistes. Le consensus mou de l’époque était qu’il fallait accueillir les étrangers. Soit, mais combien et à quel rythme ? En dehors du Front national, ce sont des questions que la classe politique n’osa jamais poser ouvertement, tant elle redoutait d’être accusée de racisme. Furent frappés de ce sceau d’infamie tous ceux qui se hasardèrent à le faire, à l’instar de Giscard d’Estaing : dans une mémorable analyse, l’ancien président évoqua un risque d’«invasion» et proposa de substituer le «droit du sang» au «droit du sol»[…] Un jour qu’il s’inquiétait de l’immigration massive devant Mitterrand, Jean Daniel, directeur du Nouvel Observateur, s’était fait rembarrer :
«Que voulez-vous que je fasse ? protesta le président. Maintenant qu’ils sont là, je ne peux pas les renvoyer.
– Mais puisqu’ils sont là, objecta Daniel, il faut savoir comment s’en occuper.»
Alors, Mitterrand : «L’intégration marche beaucoup mieux que vous ne l’imaginez. La France a une telle force de civilisation.» Refusant de rendre les armes, le directeur du Nouvel Observateur évoqua la célèbre affiche de la campagne présidentielle de Mitterrand, en 1981 : un village à l’heure française, avec son église, sous le slogan génial du publicitaire Jacques Séguéla : «La force tranquille». «Le pays est en train de changer, insista-t-il. Le clocher de votre affiche électorale, dans peu de temps, vous le verrez entouré de minarets.» Pour «couper court» et le «blesser», Mitterrand lui jeta : «Vous parlez comme Le Pen.»
 
Le sectarisme de la gauche Kouchner
Bien malgré moi, je devins le symbole de toutes les compromissions, l’agent stipendié du cynisme triomphant, le chevalier du Doigt d’Honneur. J’avais changé de camp et de monde, s’écriaient mes contempteurs, alors que je n’avais même pas changé d’arrondissement et que je gardais les mêmes idées et, surtout, les mêmes amis. Après mon «transfert», j’avais rendez-vous avec l’un d’eux, Pierre Mauroy, alors premier secrétaire du PS. Bernard Kouchner, son visiteur précédent, nouveau secrétaire d’État à l’Action humanitaire, n’avait pas encore franchi la porte du bureau qu’il se mit à m’agonir :
«Quelle honte, Franz ! Ce que tu as fait, c’est de la haute trahison. Comment oses-tu rejoindre ce qu’il y a de pire dans la presse de droite ?
– Tu dis ça pour être dans les petits papiers de Pierre qui est derrière toi, en train de t’écouter. Mais il sait que tu n’es qu’un arriviste de salon. Tu arriveras peut-être un jour, mais dans quel état ! Je te plains.»
Il parut surpris, comme moi-même il est vrai, par la violence de ma réaction. Derrière son dos, Mauroy, qui l’avait raccompagné, me faisait signe, avec un geste du bras et un grand sourire, d’en remettre une couche.
«Si Le Pen n’existait pas, Mitterrand l’aurait inventé. Mais, suis-je bête, il l’a inventé, en fait, puisque Le Pen n’existait pas avant 1981.» Jacques Chirac
 
Jean-Marie Le Pen, «la droite rance»
Mitterrand nie qu’il y ait un danger Le Pen : «Je l’ai pas mal croisé sous la IVe République, me dit-il. C’est un personnage ludique et cultivé qui incarne plus la vieille droite rance que la droite extrême et fascisante. Il ne veut pas le pouvoir, je crois même qu’il en a secrètement peur parce qu’il sait qu’il ne serait pas à la hauteur. Il cherche seulement à s’amuser, choquer, provoquer. C’est le Pétomane de notre époque. Il fait le spectacle. Il n’ira jamais bien loin !»[…]
 
Le «dévoiement» de l’antiracisme
Éprouvant depuis l’enfance une passion pour le Maghreb et l’Orient, leurs belles manières, leur sens de l’hospitalité, leurs délicieuses sournoiseries, j’étais depuis longtemps affecté de ce qu’il faut bien appeler un philo-arabisme, doublé par ailleurs d’un philo-indianisme. Mais toutes ces considérations ne sauraient expliquer pourquoi j’ai accepté sans réagir le brûlement en place publique du sociologue Paul Yonnet, coupable d’avoir dénoncé le dévoiement de l’antiracisme dans son livre paru en 1993, Voyage au centre du malaise français, sous-titré : L’antiracisme et le roman national[…] Iconoclaste congénital, il avait sauvé l’honneur de l’intelligentsia en publiant, dans la revue Le Débat, en 1990, un article où il disait la vérité sur l’une des grandes impostures de la République mitterrandienne : «La machine Carpentras. Histoire et sociologie d’un syndrome d’épuration». Trois ans plus tard, il fut rattrapé par la patrouille quand il commit l’erreur de récidiver à propos d’une autre imposture mitterrandienne : la fabrication de SOS Racisme. […] Partisan de l’assimilation à la française, qui, déjà, est en perdition, Yonnet s’en prend à la nouvelle vache sacrée : l’immigrationnisme, promu par SOS Racisme et ses relais politiques ou médiatiques. C’est une idéologie qui s’oppose au contrôle des flux migratoires et qui, au nom de l’antiracisme, relégitime la race en exaltant le droit à la différence. […] C’est ainsi que naît le déni qui va refermer pour longtemps ses mâchoires sur la gauche française : l’immigration à tout va n’est pas un problème, elle est même une chance, voire la vocation de notre pays.

«Soudain rêveur, Mitterrand lève les yeux au plafond où ils restent un instant : "Allons, je n’ai pas été si mauvais".»

 
Mitterrand à l’heure du bilan
«J’ai certes commis des erreurs, admet-il benoîtement, le 3 juin 1994, lors d’un petit déjeuner à l’Élysée, mais je n’ai jamais compris pourquoi vous m’avez attaqué avec une telle violence depuis 1981.
– C’est simple. Parce que vous m’avez déçu. Parce que vous avez oublié la France.
– Je ne pense qu’à elle ! s’indigne-t-il.
– Je ne vous crois pas. Sinon, avant 1981, pour garder le contrôle du PS, vous n’auriez pas entraîné ce pauvre parti dans une phase de régression idéologique dont il ne s’est toujours pas remis.
– Il fallait que je défende l’union de la gauche. Rocard voulait la démolir pour faire quelque chose avec ses amis centristes. Ç’aurait été une catastrophe.
– C’est exactement ce que je disais. Avec vous, la politique politicienne est trop souvent passée avant la France. Il aurait fallu moderniser le pays et le mobiliser autour d’une grande ambition collective. Au lieu de quoi, vous avez suivi la pente de la facilité.
– Dans quel domaine ?
– De votre règne, on retiendra des mesures sociales ou le souffle d’air que vous avez fait passer, mais aussi les déficits, la désindustrialisation galopante, la montée des communautarismes, le délitement de l’école…»
Soudain rêveur, Mitterrand lève les yeux au plafond où ils restent un instant : «Allons, je n’ai pas été si mauvais.»
 
Chirac bat en retraite
Le 15 décembre 1995, Chirac a demandé à Juppé de suspendre la réforme des «régimes spéciaux de retraite» et le travail a repris dans la foulée. Quand, quelques semaines plus tard, il me téléphone, je suis frappé par la violence de son discours que je prends en note sur une feuille volante : «Les Français se sont laissé manipuler comme des couillons. Nous, on s’est fait avoir, mais eux aussi.» Après que je lui eus fait observer que son Premier ministre et lui-même se sont bien gardés de prendre le pays à témoin sur les avantages dont bénéficiaient les retraités de la SNCF et de la RATP aux frais de la collectivité, il me répond avec autorité :
«On ne voulait pas rajouter de la division à la division.
– Vous jouiez votre peau, objecté-je.
– Nous ne voulions pas envenimer les choses. Le vrai problème, ça n’est pas nous, mais la France. Elle n’a plus qu’une ambition : rester plantée jusqu’à la nuit des temps, à écouter l’herbe pousser.»
 
Le cas des trente-cinq heures
Aubry et Strauss-Kahn sont, chacun à sa façon, les auteurs, les comptables, j’allais dire les coupables, de la réforme phare de Jospin, celle qui, après la retraite à 60 ans de 1981, va casser durablement les reins de l’économie française : la réduction du temps de travail hebdomadaire à trente-cinq heures. [...] Au départ, [Martine Aubry] est contre la réforme. «C’est une connerie», répète-t-elle. Elle est convaincue, à juste titre, que les trente-cinq heures ne généreront pas d’emplois. En 1991, alors qu’elle était ministre de l’Emploi sous Mitterrand, elle s’était même fait huer, lors d’une convention sur l’emploi de la CFDT, par les militants de la confédération après avoir déclaré : «Je ne crois pas qu’une mesure généralisée de réduction du temps de travail créerait des emplois... Il n’y a pas de recette miracle.» Après avoir pesté contre cette «lubie», Aubry va subitement changer de ton. D’abord, elle comprend qu’elle n’a pas le choix : le Premier ministre sera intraitable, il veut «ses» trente-cinq heures. Strauss-Kahn a convaincu Jospin qu’elles sont un leurre qui, en concentrant l’attention du peuple socialiste, leur permettra de privatiser tranquillement un maximum d’entreprises nationalisées, comme ils en ont l’intention, pour relancer l’économie. [...] On dirait une usine à gaz échafaudée par Sutyagin dit Gradov, l’un des architectes de Staline. Les «trente-cinq-heures-pour-tous» d’Aubry ont tout désorganisé, à l’hôpital comme dans la presse. Elles ont aussi fabriqué beaucoup de paperasse. Au Groupe Figaro, où je travaille à l’époque, un accord d’entreprise oblige les salariés à récapituler par écrit, sur un formulaire, leur nombre d’heures de travail hebdomadaire, qui, bien sûr, ne doit pas dépasser le chiffre magique. J’ai autre chose à faire et, en plus, je n’aime pas mentir : en tant que directeur de tout et de rien, je fais bien plus d’heures que ce qui est autorisé. «Mais tu risques la prison !» hurlent les administratifs du Groupe Figaro, venus en délégation dans mon bureau.
– Alors, va pour la prison», réponds-je.
Voilà le climat. Le soir, en ce temps-là, les inspecteurs du travail surveillent, depuis leur voiture, que certaines fenêtres de bureau ne restent pas allumées après la fermeture des portes, quand ils ne saisissent pas les portables professionnels des employés pour vérifier qu’ils n’ont pas été utilisés le samedi ou le dimanche. Tels sont les effets de la réforme de la Mère Ubu, cornegidouille !
 
Après le 11 Septembre
Quelque temps plus tard, rencontrant Chirac, je lui rappelle ses diatribes contre Le Choc des civilisations de Huntington, dont les théories ont été vérifiées avec éclat, le 11 Septembre. «Ça lui fait une belle jambe, à cet oiseau de malheur ! grogne-t-il. Il faudrait que vous compreniez un jour que nous ne faisons pas du tout le même métier, vous et moi. Vous, vous racontez et vous commentez. Moi, je suis à charge d’âmes et je n’ai pas l’intention d’apporter le moindre crédit à un livre qui nous promet de la violence dans les années à venir en agitant les menaces que feraient peser sur nous la Chine ou l’islam. Mon devoir est d’appeler au sang-froid et de ne pas donner la moindre justification à tous ceux qui, ici, rêvent d’en découdre. Si l’intégrisme islamiste a un objectif, c’est de nous rendre fous afin de dresser tout le Moyen-Orient contre nous. Éliminons ces racailles une à une, sous les porches ou dans les coins sombres, mais, par pitié, ne tombons pas dans le piège qu’elles nous tendent.»
 
Sarkozy, qualités et défauts
«Le problème de Sarko, me dit Alain Minc, c’est qu’il a souvent un excès d’adrénaline. Quand ça va bien, il en fait trop. Quand tout va mal, il devient calme. Il a fait preuve, dans cette affaire [la crise financière de 2008, NDLR], d’un impressionnant sang-froid.» Mon vieil ami Jean-Michel Goudard, grand publicitaire international, champion du slogan de campagne, qui l’avait rejoint à l’Élysée après avoir longtemps travaillé pour Chirac, ne disait pas autre chose : «C’est l’homme idéal pour les situations de catastrophe.» Quel bilan faut-il tirer de son quinquennat ? Avec le recul, il est substantiel, même si Sarkozy n’a pas osé démonter les trente-cinq heures.
«Tu sais quoi ? Ta présidence est déjà foutue alors que tu crois qu’elle vient de commencer !» Giesbert à Hollande
 
Hollande est en colère
Le 15 novembre, François Hollande fait un discours sur la compétitivité devant un parterre prestigieux de chefs d’entreprise où figurent beaucoup de sommités du CAC 40 quand, soudain, son regard circulaire s’arrête sur moi. […] Le président descend de l’estrade, fend la foule, déboule devant moi et me hurle dessus : «Pourquoi t’acharnes-tu comme ça sur moi ? Qu’est-ce que ça veut dire, ces photos abjectes en couverture ? Et puis ces éditoriaux épouvantables que tu signes ? Est-ce que tu les lis, au moins, avant de les publier ? C’est indigne et révoltant ! Je ne te croyais pas capable de ça !» Je le laisse finir sa colère. Après qu’elle s’est achevée dans une sorte de chuintement en forme de lamento, je réponds d’une voix forte : «Tu n’as rien fait pendant les cent jours qui ont suivi ton arrivée au pouvoir, quand tu pouvais encore agir. Ta seule chance de réussir était de faire tout de suite le sale boulot en libéralisant la législation sur l’emploi et en récurant les écuries d’Augias de nos finances publiques, pour en recueillir les fruits après. Au lieu de ça, tu as reporté les réformes sérieuses à plus tard. Maintenant que viennent les premiers ennuis, c’est écrit, la gauche du PS, qui te hait, va se réveiller, sortir les haches et faire la danse du scalp autour de toi. Eh bien, tu sais quoi ? Ta présidence est déjà foutue alors que tu crois qu’elle vient de commencer !» C’est là qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire qui estomaque Olivier Dassault, fils de Serge et petit-fils de Marcel, qui assiste à la scène. [...] Il vient de voir le président mettre sa main sur mon épaule, avant de me souffler à l’oreille «Finalement, je crains que tu n’aies raison.»
 
Pogrom à Sarcelles
Le samedi 19 juillet 2014, après qu’a éclaté la guerre de Gaza entre Palestiniens et Israéliens, une manifestation de jeunes, venus pour la plupart de Seine-Saint-Denis, tourne mal à Barbès, au nord de Paris, et des magasins juifs de la Goutte-d’Or sont dévastés aux cris de «À mort Israël !» Ce n’est qu’un préambule. Le lendemain, 20 juillet, se produit ce qu’il faut appeler un pogrom à Garges-lès-Gonesse et à Sarcelles, ville-dortoir surnommée «la petite Jérusalem» parce que y vit une importante communauté juive séfarade, au milieu des Turcs, Maghrébins, Africains, Chaldéens. […] Apprenant que des affichettes avaient été placardées la veille sur des Abribus avec ce mot d’ordre : «Demain, on brûle la synagogue !» le grand rabbin de Sarcelles, Laurent Chalom Berros, a organisé la défense de son lieu de culte avec une centaine d’étudiants, juifs pour la plupart, armés de bâtons. […] Ce jour-là, Sarcelles a réinventé le pogrom. Le lendemain, si ce mot n’est pas employé, il ne faut quand même pas exagérer, la presse bien-pensante ne reste pas, contrairement à son habitude, confite dans un déni complet. Le Monde accorde ainsi la plus grande partie de sa une à l’événement avec une grande photo. Mais bon, pour «ne pas stigmatiser», c’est son obsession, il noie le poisson dans un gros titre qui internationalise l’affaire : «Israël-Gaza : la France face au risque de la contagion». C’est, il est vrai, l’une des illusions entretenues par l’islamo-gauchisme : la violence «arabe» en France serait une conséquence de «l’occupation» israélienne, même après l’évacuation générale de la bande de Gaza.

«Le septième président de la Ve (Macron) méprise la moitié de l’humanité et il est jaloux de l’autre. C’est pourquoi il est incapable de déléguer.»

 

Narcisse-Macron
Macron est l’antithèse de Mitterrand, qui n’était pas narcissique, lui, mais égocentrique. Nuance. Il avait sans cesse besoin des autres pour qu’ils le ramènent à lui, l’encensent et le vénèrent. Au contraire, Macron n’a besoin de personne, il se suffit à lui-même. Sa solitude ne lui pèse jamais. C’est sa force et sa faiblesse. Le septième président de la Ve méprise la moitié de l’humanité et il est jaloux de l’autre. C’est pourquoi il est incapable de déléguer à quiconque, sauf à Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, son chef de gare et homme de confiance. […] Macron n’est peut-être pas la dernière station du chemin de croix des Français. Les agonies sont toujours plus longues qu’on ne le croit.
 
L’espoir
Si, un jour, leur affaire tourne mal, les Français auront-ils la force d’âme des Arméniens, des Kurdes, des Ukrainiens ou des Kabyles qui, ayant toujours eu la résistance dans le sang, ne se sont jamais laissé effacer ? […] La mort est inscrite dans les gènes de mon pays comme dans les miens, mais, contrairement à ce qui me concerne, je ne crois pas que son heure soit arrivée. Il a encore de beaux restes. Certes, plusieurs de ses ressorts se sont cassés au cours des dernières décennies : les finances, l’économie, l’industrie, l’Éducation nationale, la justice, l’estime de soi, etc. Mais la France n’a-t-elle pas encore en son sein des trésors d’énergie ou de créativité ? […] Elle est belle, la France, et la beauté ne meurt jamais.�
 
 
 
Illustration :
  • Vidéo. - «Tragédie française», quarante ans de déclin de la France vus par FOG - Durée 01:01 - Dans «Franz», il y a un peu «France», d’où peut-être cette symbiose entre l’homme et son pays. Il y a aussi ce «Z», qui lui va bien et qui dit la liberté de celui qui refuse les chemins évidents. Franz-Olivier Giesbert le prouve encore dans le dernier tome de sa trilogie consacrée – dans l’ordre politique et chronologique des choses – aux sursauts, splendeurs et misères de la France, du général de Gaulle à nos jours. On pensait la tragédie réservée aux seuls présidents. Or, on découvre qu’elle a fini par s’imposer à nous tous, Français.
  • Célébration. Le couple Mitterrand, l’écrivain et chanteur Yves Simon et Fodé Sylla, président de SOS Racisme, fêtent les 10 ans de l’association, en 1994. © Georges MERILLON / GAMMA
  • Cellule de crise. Autour de Nicolas Sarkozy, à l’Élysée, le 4 octobre 2008, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, tentent de trouver des solutions à la crise financière. © Gregoire Elodie / Abaca / Gregoire Elodie / ABACAGregoire El
  • Fusionnels. Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée et indispensable homme de confiance d’Emmanuel Macron. © Blondet Eliot / ABACA
 
 
Giscard eh bien j'ai tenté de
raconter les 40 dernières
 
 
 
0:14 / 1:02
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


08/11/2023
3 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 355 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion