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« La solution à deux États est à la fois souhaitable et infaisable »

 

Comment ramener la paix entre Israéliens et Palestiniens sans offrir une perspective politique à ces 

derniers avec la création d’un État palestinien ? La « solution à deux États » refait surface

 

 

La pire des solutions à l’exception de toutes les autres ? Il en va de la « solution à deux États » – un pour Israël, un pour la Palestine– comme de la démocratie : on ne fera pas sans, mais sa réalisation est une mission impossible. Pourtant, la petite musique a fait son retour depuis qu’Israël et le Hamas se déchirent. Dans les chancelleries occidentales et arabes, ce mantra de la diplomatie internationale a refait surface comme une des seules bouées de sauvetage de la paix. Oui, mais voilà : « Cette solution est à la fois souhaitable et infaisable », soupire le chercheur bordelais Pierre Blanc. Pourquoi ? « Parce que le nombre de colons en Cisjordanie, qui était de 250 000 lors des accords d’Oslo en 1993, est désormais de 700 000 », calcule le rédacteur en chef de « Confluences Méditerranée ». Autrement dit, le cœur de cet État palestinien en germe dans le compromis signé il y a trente ans entre Yasser Arafat et l’Israélien Itzhak Rabin est trop mité pour être viable.

 

Une annexion rampante

 

En cause, la politique de colonisation forcée menée, au mépris du droit international et de la réprobation de ses propres alliés, par les gouvernements israéliens, surtout depuis que Benjamin Netanyahou s’est allié aux sionistes ultraorthodoxes prônant l’annexion pure et simple de la « Judée-Samarie » (nom juif de la Cisjordanie), jusqu’à leur confier des ministères. Ce faisant, Israël a multiplié les colonies sur les hauteurs et des routes qui réduisent et coupent entre elles les terres palestiniennes. Dans les accords d’Oslo de 1993, il était prévu que l’Autorité palestinienne gouverne la zone A couvrant les grandes villes (Ramallah, Tulkarem, Naplouse, Jénine, Hébron) et l’est de Jérusalem, et, dans un second temps, récupère la gestion de la zone B (la Cisjordanie rurale, pour faire simple), laissant à Israël le contrôle de la zone C (surtout la rive gauche du Jourdain). Mais la non-application de ces accords après l’assassinat d’Yitzhak Rabin par un juif extrémiste en 1995 a tout fait capoter.

 

Plan de 1947 refusé

 

Un regard sur la Cisjordanie de 2023 suffit à comprendre : grignotée à l’ouest et autour de Jérusalem par rapport à la « ligne verte » de l’armistice de 1967, réduite à l’intérieur à des taches en « peau de léopard » par l’essor des colonies, ce territoire, lui même coupé de la bande de Gaza, n’est que l’ombre de celui – déjà très réduit par rapport à la « Palestine historique » d’avant l’État juif – sur lequel l’OLP d’Arafat avait accepté d’installer le proto-État palestinien prévu à Oslo. Les Palestiniens regrettent-ils d’avoir rejeté le plan de partage de 1947 des Nations unies prévoyant côte à côte un État juif, un État palestinien (avec une part du Néguev au sud et de la Galilée au nord) avec le Grand Jérusalem sous contrôle international ? Toujours est-il que la guerre déclenchée par les pays arabes après la déclaration d’indépendance d’Israël le 14 mai 1948 fut pour eux une catastrophe : l’exil pour 800 000 Palestiniens et un nouveau rétrécissement de leurs terres.

 

 

L’ONU en Casque bleu

 

La guerre des Six Jours, en 1967, gagnée par Israël, ayant encore rapetissé la Palestine « historique », il était douloureux pour les Palestiniens d’accepter le schéma proposé en 1974 par l’ONU (résolution 194) proposant un règlement pacifique par l’établissement de deux États, un juif, un palestinien, « à l’intérieur de frontières sûres et reconnues ». C’est pourtant cette solution « à deux États » qui a inspiré toutes les initiatives diplomatiques jusqu’à la conférence d’Annapolis (2007), en passant par celles de Madrid (1991), Camp David (2000) ou l’initiative de paix arabe de 2002. Mais appliquer demain sur le terrain cette option est une tâche colossale : « Cela supposerait des transferts territoriaux aux Palestiniens en échange de blocs de colonies israéliennes en Cisjordanie, pointe Pierre Blanc, mais aussi une gestion commune et paritaire de la ressource en eau, une capitale partagée à Jérusalem, l’arrêt de la colonisation israélienne, une continuité territoriale palestinienne et la fin du blocus de Gaza. »

 

État binational impossible

 

Une feuille de route si lourde paraît irréaliste. Mais que dire de la seule alternative que serait un « État binational », où Juifs et Palestiniens vivraient côte à côte avec les mêmes droits ? Imaginé dans les années 1930 par les premiers sionistes, il semble exclu depuis que la Knesset a voté une loi en 2018 décrétant Israël « État-nation du peuple juif », et qu’Israéliens et Palestiniens n’imaginent plus pouvoir vivre ensemble. Pourtant, quand les armes se seront tues, il faudra bien trouver une solution.

                                                                Christophe Lucet Sud-Ouest



29/10/2023
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