2769-Qu’est-ce que le pacifisme ? 3 posts

par Raphaël Enthoven
Qu’est-ce que le pacifisme ?
 
 
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1) Une position de principe qui se présente comme un calcul des conséquences : être pacifiste, c’est défendre la paix quoi qu’il en coûte, tout en présentant la paix comme la solution la moins coûteuse, à l’image de Mathilde Panot déclarant (sérieusement) que « le meilleur moyen d’affaiblir Poutine, c’est d’arrêter cette guerre ».
2) Un art de susciter l’effroi pour obtenir la soumission. Tout comme le pacifiste de 1938 se représentait volontiers les atrocités de la « Der des Ders » pour dissuader de prendre les armes à nouveau, le pacifiste de 2024 agite le spectre de la Troisième Guerre mondiale pour implorer qu’on obéisse au tyran.
3) Le mépris de celui qu’on prétend défendre. En 1938, quand les Allemands envahirent la Tchécoslovaquie, les pacifistes plaidèrent pour l’abandon des Sudètes, et les Tchécoslovaques furent seuls absents des négociations de Munich, au terme desquelles leur propre pays fut démembré. Depuis qu’en 2022 la Russie a envahi l’Ukraine, les pacifistes réclament l’abandon du Donbass et de la Crimée ainsi que, « dans son intérêt », disent-ils, la démilitarisation du pays agressé.
4) Un égoïsme absolu grimé en profession de foi. Quelle différence entre Marcel Déat, qui ne voulait pas « mourir pour Dantzig », Jean-Marie Le Pen, qui ne voulait pas « mourir pour Sarajevo », Aude Lancelin, qui refuse de « mourir en Ukraine », et Pascal Boniface, qui n’a pas envie de « mourir pour le Donbass » ? Aucune. Le pacifisme est le nom flatteur qu’on donne au goût de limiter le monde entier à la province des siens.
5) Une défense de la loi du plus fort, qui donne toujours raison à l’agresseur. Tout comme les munichois de 1938 présentaient comme « acceptables » les demandes de Hitler et souscrivaient au prétexte allemand de minorités germanophones en danger pour envahir la Tchécoslovaquie, les partisans de la paix avec la Russie, validant le narratif de communautés russophones à protéger dans le Donbass, rêvent d’offrir la Crimée à Poutine et réclament qu’une Ukraine amputée n’entre pas dans l’Otan.
6) Une illusion fatale qui consiste à croire que la guerre peut être évitée quand on s’incline devant le belliqueux, ou que l’agressivité de l’ennemi peut être tempérée par l’attitude de sa victime. À défaut d’inverser le cours de l’histoire, le pacifiste masque son impuissance en prêtant à ses propres courbettes la force de résoudre un conflit. Satisfaire les souhaits de l’ennemi dans l’espoir qu’il n’en ait pas d’autres, c’est la façon que le pacifiste a trouvée de se convaincre qu’il a une prise sur le cours de l’Histoire. De cette manière, le pacifiste fait comme si c’était lui qui décidait de la guerre, et comme si l’ennemi ne demandait qu’à être satisfait pour être apaisé. Donnons les Sudètes à Hitler et il mettra un terme à ses visées expansionnistes ! pensait-on en 1938. Donnons la Crimée à Poutine, et il s’en tiendra là ! estiment nos belles âmes d’aujourd’hui. C’est aussi faux qu’hier, mais qu’importe, c’est agréable à penser.
 
De tout temps, le pacifisme est une duperie suicidaire maquillée en contrainte morale, un irréalisme qui se donne des airs raisonnables, en un mot : le coup de main que les agresseurs reçoivent des lâches qui croient les circonvenir en se couchant devant eux.
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16/03/2024
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