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Qu'est-ce-que le populisme?

 
André Comte-Sponville fait le portrait de Marine Le Pen, de Mélenchon et de Zemmour.
 
"Qu’est-ce que le populisme ? Une forme de démagogie, qui se distingue par trois traits spécifiques.
 
O Première caractéristique du populisme, d’où vient son nom : la prétention de parler « au nom du peuple ». Cette prétention, qui peut sembler innocente, est toujours exorbitante, jamais légitime. Dans une démocratie, chacun peut parler en son nom propre, éventuellement au nom de son parti ou de son syndicat, s’il est mandaté pour cela ; nul n’a le droit de parler au nom du peuple. Le Parlement le peut ? Oui, lorsqu’il fait la loi, mais seulement collectivement, en tant qu’institution. Aucun parlementaire ne saurait individuellement y prétendre sans tomber déjà dans le populisme.
 
ODeuxième caractéristique du populisme : opposer le peuple aux élites ou aux étrangers, et souvent aux deux à la fois (c’est le cas chez Trump comme chez Marine Le Pen). Opposition paradoxale, puisque les élites, réelles ou prétendues, font partie du peuple : de quel droit les exclure de la communauté nationale ? Et anti-démocratique, ou en tout cas antiparlementaire, puisque les élus, par définition ou par étymologie, font partie des élites (les deux mots viennent du latin eligere, « choisir »). Cela débouche sur le tristement fameux « tous pourris », qui est comme la quintessence du populisme.
 
OEnfin, troisième caractéristique, le populisme tend à privilégier les passions plutôt que la raison, et spécialement les « passions tristes », comme dirait Spinoza, celles qui expriment non pas notre puissance (comme font la joie, l’amour, la générosité, la force d’âme…) mais notre faiblesse : la peur (surtout à droite), la colère ou l’indignation (surtout à gauche), l’envie, la haine… Pas étonnant que cela séduise, surtout en période de crise ! Les passions, lorsque nous sommes faibles, sont plus fortes en nous que les idées, et même que nos intérêts. Peur et colère sont mauvaises conseillères, mais d’efficaces agents électoraux.
 
Ces trois traits, ensemble, font la séduction du populisme, spécialement auprès des plus faibles et des moins éduqués, laquelle peut parfois l’amener au pouvoir. Voyez Chávez et ses successeurs, au Venezuela (populisme de gauche), Kaczynski et Orbán, en Pologne ou Hongrie (populismes de droite), sans oublier la victoire du « Brexit » en Grande-Bretagne ou la montée, chez nous, du Front national… Pour les démocrates, ce sont autant de leçons douloureuses, qu’on aurait bien tort d’oublier. Que le peuple soit souverain, c’est le principe même de la démocratie. 
                               Via Henri Goldszer
 
 



 
 


05/04/2023
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