Médias Citoyens
POURQUOI LES MÉDIAS FRANÇAIS VOTENT POUR LE RN ? -
En discutant avec différents journalistes européens (allemands, espagnols, polonais), on constate le fossé existant entre leur regard sur la France et ce que les médias français donnent à voir de notre pays. La bonne résistance de l’économie, l'inflation maitrisée, le chômage au plus bas depuis 15 ans, le modèle social parmi les justes des pays de l’OCDE, les bons résultats dans la transition écologique, la voix de la France écoutée et influente en Europe… Rien de tout cela ne transparaît dans le paysage médiatique français.
LA VISION DÉPRESSIVE
Bien au contraire, la grande majorité des journalistes est persuadée que le pays va mal, que la pauvreté explose, que les inégalités s’accroissent, que les services publics s'effondrent et que l’actuel gouvernement est anti-démocratique voire tyrannique (illibéral pour reprendre un terme cher à Thomas Legrand). De toute évidence, rien ne va dans une France présentée comme moribonde, en délitement, aux abois. Sans doute, aussi, parce-que la démocratie libérale est un système abhorré par un grand nombre de journalistes très à gauche (anticapitalistes) ou très à droite (ultra conservateurs, identitaires).
UN RÉCIT EN PARTIE FACTICE
Pour nourrir cette vision dépressive, la réalité est quotidiennement déformée, tordue, tronquée avec force polémiques montées en épingle, faits divers sur-médiatisés et autres micro-trottoirs bidonnés. On peut parler - sans tomber dans la généralisation complotiste - d’une machine médiatique à désinformer qui, prise dans son propre tourbillon mortifère, n’est plus en mesure de penser le réel avec calme, distance et raison. En écho à cette propension decliniste, une myriade d’associations politisées et d’ONG noyautées par des idéologues fournit la matière première à cet auto-dénigrement quotidien : rapports biaisés, études spécieuses, experts militants… Tout l’arsenal de la désinformation se trouve utilisé par la plupart des rédactions sans la moindre vérification préalable.
DES MÉDIAS POPULISTES ET ANTI SYTÈME
Il y a bien évidemment de grandes différences dans le traitement éditorial des médias de gauche (Le Monde, Libé, France Télévisions, Radio France…), des médias de droite (Le Figaro, Le Point, RTL, Europe 1, Cnews) ou encore d'autres médias plus difficilement classifiables (BFM TV, LCI, TF1, M6…) mais la tendance globale est au populisme décomplexé. Aller dans le sens des sondages, ne pas froisser une France qui se droitise, épouser les colères et le rejet séculaire contre l’État, les motivations sont multiples pour expliquer cette évolution. Beaucoup abondent dans des récits anti système où les élites sont fustigées et les institutions constamment remises en question.
LE RN, MIROIR DES MÉDIAS
Le rassemblement national a l’intelligence d’exploiter les colères du pays à des fins électorales ; les médias français ne s’y prennent pas autrement en se faisant le relais des ressentiments, aigreurs et frustrations - que ceux-ci soient fondés ou non - dans une logique tantôt commerciale, tantôt idéologique. La plus grande dérive concerne, sans conteste, les médias publics. Ces derniers sont devenus - en une dizaine d’années - les meilleurs alliés des populistes. La revendication et le mécontentent en étendard, leur opposition à l’État est désormais pavlovienne, irrépressible, caricaturale ; les voix modérées disparaissant des antennes les unes après les autres. Leur narratif outrancier et misérabiliste reprend, à peu de choses près, celui des gauches radicales (LFI) et de l’extrême droite (RN).
Y A-T-IL UNE ISSUE FAVORABLE ?
Nous aimerions être positifs, et nous dire que le sentiment républicain peut encore ressurgir, que la raison peut l’emporter dans ce marasme éthique, déontologique. Malheureusement, ce n’est pas ce qui s’augure et la haine de l’État entretenue par nos médias risque - très probablement - de rafler la mise. Elle emportera avec elle une partie de notre démocratie représentative, de nos valeurs de société et peut-être même de nos libertés. À l'instar des anglais dévastés par les conséquences du Brexit, il sera alors trop tard pour regretter et faire demi-tour.
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