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SONDAGE EXCLUSIF - Pour réduire la dette, les Français ciblent les dépenses chômage et les allocations familiales

Quatre Français sur cinq estiment qu'il est urgent de réduire la dette, selon un sondage Elabe pour « Les Echos » et l'Institut Montaigne. Les économies préconisées par l'opinion publique font écho à une défiance grandissante contre ce qui est perçu comme de « l'assistanat social ». La piste de la désindexation des retraites est massivement rejetée.

 
  
Bercy prévoit 10 milliards d'économies pour 2024, et 20 milliards pour 2025.
Bercy prévoit 10 milliards d'économies pour 2024, et 20 milliards pour 2025. (Gilles ROLLE/REA)

Par Renaud Honoré Les Echos

Publié le 7 mars 2024 
 

D'abord 10 milliards d'économies pour boucler tant bien que mal le budget 2024, et maintenant le double annoncé pour bâtir le futur projet de loi de finances 2025 . Depuis quelques semaines, Bruno le Maire, le ministre de l'Economie, et Thomas Cazenave, le ministre délégué aux Comptes publics, proclament leur volonté de redresser les finances publiques. Mais l'opinion publique est telle prête à accepter les efforts douloureux annoncés ?

 

Un sondage réalisé l'Institut Elabe pour « Les Echos » et l'Institut Montaigne montre une inquiétude grandissante autour de la situation de la dette publique, dont la réduction est jugée urgente par une très large majorité de Français, quelle que soit leur proximité partisane. Mais la voie pour y parvenir est étroite pour le gouvernement, les rares pistes faisant consensus ciblant certaines dépenses sociales pour le chômage et les allocations familiales.

Inquiétude des classes moyennes

« L'opinion publique a compris la situation critique des finances publiques. Des choix clairs d'économies sont préconisés, qui font notamment écho au discours grandissant que l'on entend depuis la crise sanitaire contre 'l'assistanat social' ou 'les profiteurs' », estime Vincent Thibault, directeur conseil opinion chez Elabe.

 

L'étude montre ainsi que 80 % des Français sont désormais inquiets pour le niveau de la dette publique, soit un bond de 9 points par rapport à juin 2023. Lise Thomas-Darbois, directrice adjointe des études France de l'Institut Montaigne juge « notable » la réaction « d'une partie des classes moyennes françaises à cet enjeu financier ».

« Conscientes que les choix budgétaires à venir pourraient se faire au péril de leur aspiration financière et sociale, les professions intermédiaires sont désormais 83 % à s'inquiéter du niveau de la dette publique, soit 23 points de plus qu'en juin 2023 », souligne l'analyste. Le bond est également fort pour les catégories populaires (+14 points).

 

Dans ce contexte, il n'est pas étonnant de constater que quatre Français sur cinq (80 %, +4 points depuis octobre) estiment désormais « qu'il est urgent de réduire la dette publique en France ». Il est frappant de voir que ce jugement traverse tous les électorats, même si l'intensité peut varier. Même les électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2022 partagent à 57 % cette opinion. Ce taux monte à 90 % dans l'électorat d'Emmanuel Macron.

 

 

 

 

 

Autre fait notable, la préoccupation des partisans de Marine Le Pen sur cette question (86 % jugent la réduction urgente). De quoi justifier la nouvelle posture politique adoptée par la dirigeante d'extrême droite, qui se dit désormais partisane du sérieux budgétaire - même si ses recettes pour y parvenir sont très critiquées.

Accueil mitigé pour Bercy

Le gouvernement ne prêche donc pas dans le désert. Mais l'opinion publique n'est pas prête à lui donner un blanc-seing pour redresser les comptes. Quand on les interroge, les Français visent prioritairement certains postes : les allocations familiales (à 32 %, particulièrement chez les classes intermédiaires), le numérique (31 %) et le chômage (30 %).

Ce soutien de l'opinion sera sans doute remarqué par l'exécutif, qui ne se cache pas de vouloir revoir encore les règles d'indemnisation des chômeurs. Après ce podium, viennent la culture (à 25 %) et les dépenses écologiques (21 %) qui sont particulièrement ciblées par l'électorat LR et d'extrême droite (RN , Reconquête).

 

Pour le reste, les préconisations de Bercy rencontrent un accueil mitigé. Dans le plan d'économies de 10 milliards, la baisse des dépenses de fonctionnement des ministères est sans surprise populaire (à 80 %). Mais c'est loin d'être aussi évident pour la réduction du budget de MaPrimeRénov' (51 % des Français opposés) ou la contribution des salariés aux formations du CPF (53 % opposés). La suppression de l'indemnité carburant travailleur est rejetée à 59 %, alors que le taux est de 56 % pour la réduction de la prise en charge des déplacements médicaux par taxis votée dans le budget 2024.

 

 

Surtout, ce sont les autres pistes pour les économies du budget 2025 qui suscitent le plus d'oppositions. L'idée de s'attaquer aux dépenses liées aux maladies et aux affections de longue durée est rejetée à 72 %. L'opposition est frontale (83 % de rejet) contre la désindexation des pensions de retraite évoquée par Thomas Cazenave. Plus encore, elle est partagée également par les actifs (80 %) et même les moins de 25 ans (71 %) ! De quoi conforter Emmanuel Macron, qui a fermé la porte à cette mesure avant les élections européennes .

Renaud Honoré


10/03/2024
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