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NE CRAIGNEZ PAS UNE VICTOIRE DES POPULISTES en 2027.C'EST FAIT

 via Paul Boulvrais

Editorial du journal Les échos. par Eric Leboucher
Analyse interressante sur le climat général du moment, même si le dernier paragraphe est -à mon sens- à nuancer.
 
"Ne craignez pas une victoire des populistes en 2027, Marine Le Pen ou un autre : c'est fait.
Après l'Italie, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France est tombée sous leur régime. Il en est mille exemples, comme le livre antivaccins d'Alexandra Henrion-Claude, classé n’1 des ventes d'essais. Ou les sondages qui montrent que les jeunes se défient de la science, pensent que l'élection de Biden a été faussée (33 %) et croient en l'occultisme. Mais c'est la réforme des retraites qui était « la grande épreuve ». Elle a été parfaitement réussie : victoire totale. La colère a gagné, le sentiment du malheur et du pessimisme est porté en triomphe, tous les arguments de « l'élite », les faits et chiffres, les bonnes volontés de débat et de compromis, la démocratie représentative elle-même, ont été balayés comme faux,faux parce que ceux de « l'élite».
La haine construite de la personne d'Emmanuel Macron a servi de « cause finale ». Le tout avec la complicité active, quotidienne, systématique, de la majorité des journalistes.
Les populistes ont gagné grâce à la mise en place d'une parfaite machine de communication.
 
Giuliano da Empoli, l'auteur du « Mage du Kremlin », en donne les rouages implacables dans son livre précédant « Les Ingénieurs du chaos » (Folio), que tout démocrate devrait lire d'extrême urgence. Sommes entrés dans une nouvelle ère où émerge une nouvelle forme de politique que Empoli désigne par « l’union de la rage et de l'algorithme ». Toutes les sortes de peurs, sociales, sanitaires, éducatives, sécuritaires, religieuses, sont bonnes à fédérer, pour « faire converger les luttes ». Les réseaux sociaux sont l'outil parfait pour repérer les peureux, les regrouper en tribus par thème et les joindre.
Ensuite, deuxième étape, il faut enflammer les passions, « jouer du côté festif et émancipateur » de ce carnaval. C'est essentiel dans une vie isolée et souvent morne. En France, on a vu les « gilets jaunes » ne pas abandonner la lutte malgré les milliards donnés par Macron, pour ne pas perdre le bonheur découvert de se retrouver en groupe autour des ronds-points.
Nous sommes entrés dans une nouvelle ère où émerge une nouvelle forme de politique, que Giuliano da Empoli désigne par « l’union de la rage et de l'algorithme ». On a vu les mêmes joies de la manif contre les retraites : chanter ensemble, être avec des « camarades », marcher au milieu de la rue. Mais le festif se retrouve aussi dans la dérision, parce que « le rire libératoire enterre le faste du pouvoir ». Les pancartes drôles ont été cœur, doublées en efficacité par la puissance infinie des images et gifs délétères d'Internet. L'intelligence artificielle va encore démultiplier cette force destructrice. Aux manettes de la machine, poursuit Empoli, il y a une solide logique « plus proche du théâtre que de la salle de démocratie, plus avide de corps et d'images que de textes et d'idées, plus concentrée sur des faits ». Dès lors, « pour les adeptes des populistes, la véracité des faits pris un à un ne compte pas. Ce qui est vrai, c'est le message dans son ensemble qui correspond à leur expérience et à leurs sensations ».
Il va plus loin encore : le discours sort de la Raison cartésienne mais en retrouve une nouvelle en inversant de manière systématique les normes de l'élite pour en affirmer d'autres de signe opposé. Tout ce que dit le pouvoir s’inverse.
 
Le déroulé de la réforme des retraites en a offert une démonstration de A à Z. Les chiffres, en premier de déficit, ont été immédiatement contestés à la minute près par les réseaux sociaux en délire et les télés en continu, puis, quand avec grand peine le gouvernement les rétablit un peu, le débat s'est déplacé pour parler du travail. Dans les négociations, tout a été retourné. Mme Borne passe six mois à rencontrer syndicats et partis ? Le pouvoir « n'écoute rien ». Et les télévisions d'embrayer. Macron cède un compromis ? Non, il ne cède que des miettes, au contraire, «il devient brutal ». Et la presse d'acquiescer.
Le Conseil constitutionnel juge en droit ? Au service de l'Élysée, il renforce la dureté du texte. Et des journaux de réclamer une nouvelle constitution. Les populistes ont gagné. Ils ont réussi à emmener la France hors de l'univers rationnel. Quand l'opinion prend le dessus, quand la rage est glorifiée, « chaque camp traite l'autre de fou » En sortir « Remplacer la peur par le désir, le négatif par le positif et affirmer une vision motivante du futur », dit Giuliano da Empoli. Ajoutons que les médias devraient commencer par un examen de conscience approfondi de leurs pratiques destructrices de la démocratie". ELB.


22/04/2023
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