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Macron et Poutine, champions du billard

 

 

«C’est curieux, ce besoin des dictateurs de faire des
promesses », pourrait-on dire, façon Audiard, après
le long discours de Vladimir Poutine devant un
public entièrement acquis, voire soumis, à sa cause.


(Avant)Hier, le chef du Kremlin, candidat à sa réélection, a en effet multiplié les
annonces envers sa population, tant en faveur des aides sociales que
des infrastructures et même, tant qu’on y est, de l’environnement.
Que les Russes y croient ou pas, cela ne change rien puisque tout le
monde sait déjà que Poutine conservera son fauteuil jusqu’en 2030. Et
en 2036 s’il en a envie. Les promesses intérieures du tsar n’ont en fait
aucune importance. Celles qu’il faut écouter sont adressées aux puissances,
Union européenne et États-Unis, qui soutiennent l’Ukraine
avec une mention particulière à la France et Emmanuel Macron. Celui ci
a évoqué l’hypothèse d’envoyer des militaires occidentaux
en Ukraine. Des déclarations qui l’ont isolé au sein de ses pairs,
aucune nation de l’Otan n’approuvant l’éventuelle stratégie
du chef de l’État. Elles ont surtout permis à Poutine, avec sa
terrifiante froideur, de brandir de nouveau la double menace,
conventionnelle et nucléaire, qui réduirait en cendres un
espace allant de Moscou à Londres, via Varsovie, Berlin et Paris.


Les dirigeants mondiaux qui l’ont rencontré savent que l’autocrate
russe est un champion de l’intimidation et du mensonge. Au complaisant
journaliste trumpolâtre Tucker Carlson, il peut ainsi assurer que
c’est la Pologne qui a provoqué son invasion par l’Allemagne nazie et
que ces mêmes nazis gouvernent l’Ukraine. Une histoire révisionniste
enseignée dans les écoles du pays et qui prouve que rien ne pourra
faire dévier Poutine de son cap.


Reste à savoir si Emmanuel Macron, qui jure que ses mots étaient pesés
et dont on connaît l’art de la fracture, n’a pas, lui non plus, lancé cette
perspective à des fins de politique intérieure. Les élections européennes
approchent et le président veut s’y impliquer à 100 % au point de
titulariser en personne la cheffe de file qui défendra sa bannière, voire
de composer l’ensemble de la liste. En supposant que l’objectif soit de
fracturer la gauche, notamment entre Raphaël Glucksmann et les
Insoumis, de ressusciter les propos kremlinophiles, néfastes à
l’Ukraine et pas si anciens, de Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon,
on admettra qu’il est réussi. Mais vaincre Poutine est plus difficile.

 

Benoît Lasserre édito Sud-Ouest



02/03/2024
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