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L’immigration coûte plus qu’elle ne rapporte

  • par Judith Waintraub, pour Le Figaro Magazine - août 2023 Republié récemment par JALR
DÉCRYPTAGE - Consultant international sur l’Afrique et les migrants, Jean-Paul Gourévitch a réalisé pour Contribuables Associés une étude sur le rapport entre les dépenses et les recettes engendrées par l’immigration en 2023.
 
L’immigration est-elle une «chance pour la France» , comme le proclament la gauche et, quand il ne dit pas l’inverse, Emmanuel Macron? Ou bien, au contraire, participe-t-elle à son déclassement, comme on l’affirme à droite, de Laurent Wauquiez à Éric Zemmour en passant par Marine Le Pen? L’étude réalisée par le spécialiste des migrations Jean-Paul Gourévitch pour Contribuables associés a le grand mérite de verser des éléments factuels et chiffrés au débat idéologique qui nous agite depuis cinquante ans. Il ne prétend pas embrasser le phénomène dans toutes ses dimensions, notamment humaines, mais fournir des données objectives dans un domaine qui en manque singulièrement.
 
«Pour Contribuables Associés, l’immigration doit être traitée au même titre que la dette, les dépenses publiques, la fiscalité ou encore les gaspillages, affirme son directeur, Benoît Perrin. Elle coûte cher au contribuable: 53,9 milliards par an, c’est plus de quatre fois le budget du ministère de la Justice. Certes, elle génère des recettes, fiscales et non fiscales, et des contributions sociales, mais ces rentrées pèsent peu face aux dépenses multiples qu’engendre l’immigration régulière - en termes de prestations sociales, de coûts régaliens, sociétaux, éducatifs… - et irrégulière - coûts médicaux, de lutte contre l’immigration irrégulière, hébergement d’urgence. Notre objectif est de nourrir les débats, d’abord au Sénat, où le projet de loi immigration doit être discuté en septembre, puis à l’Assemblée nationale quand le texte reviendra devant les députés. Cette étude devrait être réalisée chaque année par les services de l’État mais, par manque de courage, ce n’est jamais fait.»
 
Une étude comme «base de travail»
Jean-Paul Gourévitch le déplore dans l’interview qu’il nous a accordéeLes chiffres sur lesquels il a travaillé sont extrêmement difficiles à obtenir, soit parce que ceux qui en disposent, ministères, collectivités locales ou associations, répugnent à leur donner une trop grande publicité, soit tout simplement parce que dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, l’État ne tient pas ses comptes.
«Dans la colonne des bénéfices, explique-t-il, il est quasi impossible d’évaluer ce que rapportent les investissements en termes d’éducation et de politique de la ville, qui visent à améliorer les compétences et les conditions de vie des immigrés et de leurs descendants directs. Le bénéfice est réel, mais différé. Dans la colonne des coûts, l’impossibilité d’obtenir un montant précis des fonds publics directement dédiés aux associations d’aide aux migrants nous a contraints à faire une évaluation, que nous estimons au minimum à 1,2 milliard d’euros. Et comme nous ne pouvons pas mesurer l’efficacité à long terme de ces investissements, à effet différé et aléatoire, nous les avons inscrits eux aussi dans cette zone grise.»
Le chercheur ne veut pas trancher entre dissimulation volontaire et négligence, mais démêler l’écheveau des coûts et des recettes engendrés par l’immigration lui a demandé un travail considérable. Il estime cependant que son étude, malgré ce qu’il appelle ses «zones de pénombre», constitue une «base de travail» qui peut «faciliter la prise de conscience de ce que l’immigration représente en termes financiers pour notre pays».
Coûts indirects
Les dépenses dues aux seules migrations régulières sont essentiellement des prestations sociales: Revenu de solidarité active (RSA) , dépenses couvertes par la Sécurité sociale (dont maladie, accidents du travail et vieillesse) et chômage. La part de l’immigration dans les 12,36 milliards versés en 2022 au titre du RSA est d’un peu moins de 3 milliards, conséquence logique de la surreprésentation des immigrés dans la population la moins aisée. En ce qui concerne les dépenses couvertes par la Sécurité sociale pour les immigrés en situation régulière, celles concernant la maladie sont le plus gros poste de déficit: 41,44 milliards en 2022. Loin derrière, la part du coût des retraites imputable à l’immigration est de 25,5 milliards d’euros.
 

«L’État ne fait rien pour faciliter la collecte, ni surtout la diffusion publique de ces données sensibles.»

 

Les migrations génèrent aussi des coûts indirects, via les frais de fonctionnement des organismes qui les gèrent, Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) en tête, ou encore pour la police et la justice. Selon les calculs de Jean-Paul Gourévitch, la part de l’ensemble de la délinquance étrangère dans la petite délinquance est de 71 %. La drogue coûte à l’État quelque 13 milliards d’euros, dont 12,48 milliards seraient imputables à l’immigration.
 
Visas étudiants
Le chercheur se livre aussi, et c’est une première, à une tentative d’évaluation de l’évasion fiscale liée à la prostitution. Des recoupements statistiques lui permettent d’évaluer à 90 % la proportion de prostituées d’origine étrangère et à 80 % celle des proxénètes d’origine étrangère. Cette activité représenterait pour l’État un manque à gagner en termes de cotisations et d’impôts de 2,7 milliards d’euros. Et ce, sans compter les prostitués étrangers mineurs et la prostitution étudiante occasionnelle, aucune donnée fiable n’étant disponible les concernant. Les coûts humanitaires, dont ceux de l’hébergement, ont sensiblement augmenté entre cette enquête et la précédente, réalisée en 2020. Cette hausse est due aux difficultés d’hébergement des nouveaux migrants arrivants, les réfugiés ukrainiens ayant été déclarés prioritaires.
 
Il faut y intégrer les sommes dédiées par l’État à l’éducation des étrangers et descendants d’étrangers, de l’école aux études supérieures. Avec un succès tout relatif. «S’ils sont plus diplômés et moins victimes du chômage que leurs parents, écrit Jean-Paul Gourévitch, leurs résultats sont inférieurs à leurs condisciples natifs.» Il explique ces moindres performances par «l’attraction qu’exerce sur eux l’argent facile des trafics», mais aussi par «la lenteur, la longueur et la difficulté de l’ascension méritocratique dans un environnement souvent hostile». L’apport des étudiants étrangers à l’enrichissement de notre pays, tant vanté par Emmanuel Macron, est difficilement évaluable selon l’auteur de l’étude. En août 2022, le président français avait signé à Alger avec son homologue Abdelmadjid Tebboune un accord de partenariat qui prévoyait notamment l’octroi de visas à 8000 étudiants algériens, en plus du contingent annuel de 30.000 jeunes que nous recevons déjà.
 
Sans contester qu’une partie d’entre eux puissent contribuer à la croissance de notre économie, Jean-Paul Gourévitch se désole de ne pas obtenir des ministères des Affaires étrangères et de l’Éducation nationale, pourtant concernés au premier chef, des réponses à des questions essentielles pour déterminer au moins un ordre de grandeur de l’apport de ces étudiants:«Combien d’entre eux abandonnent en cours d’études? Changent d’orientation? Obtiennent leurs diplômes? Restent en France ensuite ou la quittent pour s’en retourner au pays d’origine ou vendre leurs compétences dans un autre pays du Nord?» Autre zone d’opacité, et non des moindres: combien coûte la lutte contre l’immigration irrégulière et quel est le montant des subventions versées aux organismes qui la combattent… ou la gèrent. Malgré l’augmentation du parc consacré aux demandeurs d’asile qui dépasse aujourd’hui les 100.000 places, elle n’héberge qu’un demandeur d’asile sur deux.
 

«Le France est la seule en Europe à garantir par la loi "l’abri inconditionnel", gratuit et sans limitation de durée.»

 

Pour les autres, l’État paie des hôtels dans le cadre de ce qui est appelé «l’abri inconditionnel» un hébergement gratuit et sans limitation de durée pour le migrant irrégulier, qui constitue une singularité en Europe, aucun pays n’étant aussi généreux. Jean-Paul Gourévitch s’appuie sur les chiffres rendus publics en 2020 par Didier Leschi, directeur de l’Ofii, dans son livre Ce grand dérangement
L’immigration en face*. Il évaluait le coût annuel de l’hébergement à 3 milliards d’euros. L’expert s’est aussi intéressé à la rentabilité des investissements extérieurs de l’État, essentiellement l’aide au développement des pays d’origine des candidats à l’immigration. L’idée que les tentatives de réduction des flux migratoires seront vouées à l’échec si les Européens n’aident pas ces pays à se doter d’infrastructures et d’industries fait consensus dans le débat politique français. Nicolas Sarkozy l’a encore redit dans l’interview qu’il a accordée au Figaro Magazine la semaine dernière: «C’est à l’Europe de prendre en main la construction et le financement des gigantesques infrastructures dont l’Afrique a besoin.»
 
Régularisations
En 2022, l’aide publique française au développement a presque atteint 16 milliards d’euros, un record historique. Elle n’était que de 10,3 milliards en 2018. L’Afrique subsaharienne a reçu près d’un tiers de cette aide, soit six milliards d’euros, dont 2,4 milliards sont spécifiquement envoyés pour donner aux récipiendaires des raisons de rester dans leur pays d’origine. Or, selon Jean-Paul Gourévitch, ces aides «tendent paradoxalement à accroître le désir et les opportunités de migration plus qu’à les contenir», parce qu’une fois formés, ses bénéficiaires n’arrivent pas à trouver sur place des postes correspondant à leurs compétences et qu’une partie de ces sommes est utilisée pour émigrer. En revanche, il propose des pistes pour réduire les dépenses, notamment en rationalisant les missions dévolues aux associations qui s’occupent des migrants, mais aussi augmenter les recettes, en doublant les régularisations d’étrangers ayant déjà un travail pour atteindre 80.000 titres de séjour par an.�
 
* Tracts Gallimard n° 22 ; 64 p. ; 3,90 €.
  • Illustration : Évacuation d’un camp de migrants Porte de la Chapelle. Albert Facelly / Divergence
Peut être une image de 6 personnes et foule
 


10/09/2023
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