2309«Les membres de LFI attisent le climat de violence qui règne dans la société» 14 posts

Éric Delbecque: «Les membres de LFI attisent le climat de violence qui règne dans la société»

  • par Aziliz Le Corre, pour Le Figaro - mars 2023
ENTRETIEN - Les scènes de chaos partout en France, après le déclenchement du 49.3 par le gouvernement, sont le fait de la mouvance d’ultragauche qui associe politisation, idéologie et violence, explique l’expert en sécurité intérieure*.
 
*Éric Delbecque est l’auteur de L’Insécurité permanente (Cerf) et des «Ingouvernables» (Grasset). Il considère que le climat général, renforcé par les invectives des députés LFI à l’Assemblée nationale, favorise ces débordements.
 
Le Figaro. - Des scènes de violence ont eu lieu partout en France après l’annonce du recours au 49.3 par le gouvernement sur la réforme des retraites. Qui en sont les responsables?
 
Éric Delbecque. - Toujours les mêmes types de profils. Des jeunes gens - hommes et femmes -, majoritairement entre 20 et 30 ans, proches de la mouvance d’ultragauche ou dits «ultra-jaunes», qui associent politisation, idéologie et violence, et qui s’intègrent à tout rassemblement pour le perturber, et le faire dégénérer en occasion de dégradations et en affrontement avec les forces de l’ordre. Beaucoup n’étaient pas connus préalablement des services de police. Ce qui montre bien, à la fois, que cette galaxie activiste se renouvelle, et qu’un certain nombre d’individus sont passés entre les mailles du filet lors de précédentes actions…
 
Il est à noter qu’ils ont profité de la masse abondante des déchets présents dans les rues pour en faire du combustible. Presque trois cents personnes ont été interpellées hier soir sur Paris. Désormais, on constate aisément que, dans n’importe quel mouvement social, des minorités d’activistes cherchent de façon systématique à créer du désordre afin d’encourager la montée aux extrêmes, espérant toutes formes de dérapages.
 
Le recours au 49.3 risque-t-il d’attiser la colère sociale dans le pays? Quelle est la responsabilité des politiques, tels que Jean-Luc Mélenchon sur France Inter, ce vendredi, qui ne condamne pas ces violences et estime qu’«on a raison de se révolter»?
 
Il faut d’abord distinguer deux choses: la légalité et l’opportunité politique. On peut disserter sur l’opportunité politique, pas sur la légalité. Le 49.3 est un instrument prévu par notre Constitution. Discuter et s’opposer sur la nécessité de son activation relève du jeu parlementaire et du dialogue en démocratie, c’est sain et nécessaire, mais cela ne peut justifier en aucun cas le basculement dans la violence. Que le mouvement social, les grèves et les manifestations continuent, c’est une mécanique politique et sociale qui s’inscrit dans la logique de la vie démocratique nationale ; cette dernière doit être distinguée de l’épisode de violence d’hier soir à la Concorde.
 
Je trouve même cela particulièrement dangereux, d’articuler positivement les deux, ainsi que je l’entends dans certains commentaires politiques. Quelques leaders politiques devraient se rappeler le contenu de leurs livres d’histoire et notamment les ligues d’extrême droite, ou fascisantes, tentant de marcher sur l’Assemblée nationale le 6 février 1934… Que des opposants à la réforme organisent des rassemblements, c’est tout à fait logique, que des membres de la représentation nationale minimisent la symbolique des événements qui viennent d’avoir lieu ou qu’ils les légitiment (explicitement ou implicitement) - en raison d’un débat parlementaire dont les techniques légales employées ne leur conviennent pas -, c’est un problème de fond inquiétant.
 
La responsabilité des politiques, y compris Jean-Luc Mélenchon, n’est pas directement engagée: au final, chacun assume personnellement et juridiquement ses actes, particulièrement les actions de violence. En revanche, il existe bien une responsabilité politique, sociale, morale, intellectuelle et idéologique dans la manière de procéder des élus LFI, et même en général des membres de la Nupes. Ils n’ont cessé ces derniers mois de tendre le débat parlementaire, idéologique et médiatique, multipliant les provocations et maniant un vocabulaire outrancier vis-à-vis de leurs adversaires. Cela ne peut qu’attiser un climat sociétal général qui n’est déjà que trop porté à envisager la violence comme une option acceptable. Ils fragilisent ainsi notre régime et sapent petit à petit les fondements de la démocratie qu’ils prétendent honorer.

«Il s’avère fort compliqué d’infiltrer la galaxie d’ultragauche ; elle pratique en virtuose la dissimulation, sécurise énormément le "recrutement" de ses membres, bénéficie d’une grande expérience dans l’organisation très rapide d’actions coup de poing.»

Comment l’État peut-il prévenir ces débordements?
 
En laissant faire aux forces de l’ordre ce qu’elles savent faire: du renseignement, du traitement de l’information ouverte, notamment sur les réseaux sociaux, en mobilisant les unités nécessaires, et en tentant de faciliter la rapidité de la chaîne pénale. Mais aucune solution miracle n’existe. Il importe d’être honnête sur ce point.
 
Comment expliquez-vous qu’il soit possible d’interpeller préventivement les militants d’extrême droite, qui étaient prêts à en découdre sur les Champs-Élysées à la suite du match France-Maroc, mais pas les «black blocs»?
 
Les deux mouvances ne fonctionnent pas exactement de la même manière. Les militants d’ultradroite sont d’une certaine manière moins «professionnels», moins nombreux, plus prompts à s’identifier, à se constituer juridiquement, à se laisser «cartographier». Il s’avère fort compliqué d’infiltrer la galaxie d’ultragauche ; elle pratique en virtuose la dissimulation, sécurise énormément le «recrutement» de ses membres, bénéficie d’une grande expérience dans l’organisation très rapide d’actions coup de poing, et peut compter sur une réserve de troupes très appréciable. J’en reviens à mon précédent propos: beaucoup des jeunes gens placés en garde à vue hier soir sont inconnus des services de police.�
  • Illustration : Éric Delbecque, expert en sécurité intérieure. ERIC GARAULT / Le Figaro Magazine

 

Peut être un gros plan de 1 personne
 
Dans son nouveau livre, L’Insécurité permanente (Cerf), l’expert en sécurité intérieure et ancien responsable de la sûreté de Charlie Hebdo tente de saisir les causes profondes de l’impuissance française face à la violence ordinaire qui mine la France. Il invite à rompre avec certains réflexes idéologiques et penser une stratégie de long terme. 


24/03/2023
14 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 355 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion