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 Jean-François Braunstein et Pascal Bruckner. «Wokisme : l’alliance des Verdurin et des Trissotin»
  • propos recueillis par Marin de Viry, pour la Revue des Deux mondes - juillet 2023 Republié par JALR
ENTRETIEN. Dépourvu d’espérance, d’humour et de rigueur intellectuelle, le wokisme se sait sans avenir. Condamné à la médiocrité par ses prémisses, c’est devenu une secte animée par l’énergie du désespoir, qui n’attire que les conformistes et n’impressionne que les esprits faibles. Pour perdurer malgré son échec annoncé, elle a besoin de construire un récit universel dans lequel les mâles blancs hétérosexuels, institués malédiction de l’histoire du genre humain, portent la faute de tout. Elle aura le temps, avant de finir dans dix ou vingt ans, de faire des dégâts considérables. Ceux-ci affecteront le progrès scientifique, l’intelligence politique, la bienveillance et la politesse entre les personnes, la transmission du savoir, le sens commun, la pertinence des débats, et la paix sociale. Revue de détail, avec deux de ses contempteurs les plus qualifiés, Jean-François Braunstein et Pascal Bruckner.
 
Revue des Deux Mondes. - Le wokisme se prétend un «éveil», une relation critique à sa propre conscience. Cet appel à un retour sur soi pour laver sa pensée de tout intérêt personnel et du poids de ses déterminants pourrait avoir quelque chose de très sain. Pourquoi n’est-ce pas le cas, pour vous ?
Pascal Bruckner. - Le wokisme est une contestation très occidentale de l’Occident, comme d’ailleurs tous les mouvements depuis des décennies : l’antiracisme, l’anticolonialisme, le féminisme, qui sont des manières pour l’Occident de se remettre en cause. Quant à la métaphore de l’éveil, on sait que le mot woke a été utilisé par Erikah Badu, chanteuse afro-américaine (I stay woke, en 2008). Ce mot a partie liée avec le protestantisme américain, particulièrement le «revivalisme». L’idée de base, c’est que l’homme ordinaire vit dans un semi-sommeil : la vie est pour lui un songe, et en conséquence il doit s’éveiller. Mais le wokisme n’est pas du tout une remise en cause de l’approche dogmatique, car, sous l’affichage «éveilliste», il se déploie au contraire comme un nouveau dogmatisme, qui tourne à la police de l’esprit. Ses propositions sont gravées dans le marbre des «identités». Il constitue pour les «victimes» de ces identités un mur de protection, un abri anticritiques. Et enfin, c’est un univers très sombre, qui part de l’idée que les promesses des Lumières n’ont pas été tenues, ne le seront jamais. On est loin, avec le wokisme, d’un projet historique de conquête du pouvoir. Les ténèbres continueront jusqu’à la fin des temps.
 
«Il n’y a pas besoin de rédemption sur fond d’examen de conscience : ils sont inutiles, car si je suis blanc, la messe est dite, il n’y a plus rien à faire.» Jean-François Braunstein
Jean-François Braunstein. - En effet, le wokisme n’a rien à voir avec un examen de conscience, ni avec la grande tradition de l’aveu, qui sont des démarches personnelles, en conscience. Dans le wokisme, tout est fondé sur l’appartenance à une communauté. Il s’agit d’effacer l’histoire singulière, d’insérer l’individu dans sa communauté «standardisée». Toutes les singularités de la personne, toutes les subtilités de la littérature, toutes les complexités de l’histoire sont abolies. Curieux examen de conscience, où le point d’arrivée serait déjà connu au départ ! Car on sait exactement où les choses vont arriver : par exemple, en tant qu’homme blanc cisgenre européen hétérosexuel, agrégé à mon groupe, je porte une faute morale vis-à-vis des discriminés, des dominés. Il n’y a pas besoin de rédemption sur fond d’examen de conscience : ils sont inutiles, car si je suis blanc, la messe est dite, il n’y a plus rien à faire. Pour Robin DiAngelo, par exemple, l’idée même d’individu est insupportable, il n’y a que des groupes. Le seul discernement consiste à repérer dans quelle case on tombe. Aucun salut n’est possible, contrairement à ce qu’un examen de conscience peut espérer. C’est au point, dans le wokisme, qu’on peut se demander quel est l’intérêt d’«avouer» ses privilèges, puisqu’il n’y a pas de possibilité de salut, de rachat, à la clef de cet aveu.
Pascal Bruckner. - C’est un peu comme si Joseph de Maistre s’invitait dans la pensée progressiste, le grand style en moins.
Revue des Deux Mondes. - La pensée woke se développe sur tous les sujets : la politique, les rapports entre les sexes, l’histoire, et bien sûr la culture. Qu’est-ce qui peut expliquer qu’elle se dote ainsi d’une ambition universelle ? Et qu’est-ce qui peut la freiner ?
Jean-François Braunstein. - En effet, elle appréhende le monde de manière globale. Elle fait penser aux systèmes de la philosophie antique, qui rendent compte de tout : une physique qui explique le monde – pour le wokisme, c’est une sorte d’anthropologie physique de la race –, une politique avec la proposition de l’intersectionnalité, et une théorie de la connaissance, qui conclut que la connaissance exacte est impossible. Bien sûr, il est possible de la réfuter, de pointer par exemple qu’il est bizarre de postuler qu’on est déterminé par la race et qu’on promeuve en même temps le changement de sexe. Le fait qu’il n’y ait aucune possibilité de changer de race, alors qu’on peut changer de sexe, montre bien qu’il est interdit de se moquer de la race, car elle est sacrée. Le wokisme part toujours de la domination sociale et raciale, qui détermine sa vision d’ensemble. L’histoire telle que nous la connaissons ne fait pas partie de son «code», puisqu’elle est écrite par les dominants. Pour le wokisme, l’effacer est sain, socialement utile. Tiphaine Samoyault, éminente professeure de littérature, plaint ses collègues qui étudient la littérature du XIXe siècle parce que la femme y serait «invisibilisée». C’est le degré zéro de l’héritage qui, in fine, appelle à récrire les œuvres pour le grand public, mais en gardant bien entendu une édition spéciale pour l’élite. Twain, Faulkner, Thackeray sont disqualifiés… Annuler, ne jamais débattre, c’est leur tendance assumée. J’ai moi-même, depuis la parution de mon livre, le plus grand mal à simplement trouver des contradicteurs, car le mot d’ordre est l’annulation. C’est un aspect très inquiétant du wokisme, qui va, en moins violent, presque plus loin que la Révolution culturelle.
 
«La gauche à l’agonie adopte le wokisme comme une bouée de sauvetage dans le naufrage général.» Pascal Bruckner
 
Pascal Bruckner. - Il ne faut pas oublier les origines du wokisme, ni le travail de métamorphose qui lui donne corps. Nous sommes à Vincennes, à la fin des années soixante-dix : Foucauld, Derrida, Deleuze triomphent. On assiste alors à la starification de Derrida aux États-Unis, où des étudiants portent des T-shirts à son effigie. Or Derrida dénonçait le «phallogocentrisme» occidental : cette critique fut adaptée par les Américains à leur propre société, constituant un corpus qui a mis vingt ans à prendre une forme. Fondamentalement, ce qui explique le succès de cette évolution qui part des philosophes français et aboutit au woke, c’est la mort du progressisme, qui va du communisme à la social-démocratie. La gauche à l’agonie adopte le wokisme comme une bouée de sauvetage dans le naufrage général. Le progressisme en général était un universalisme, et c’est cette part-là qui a été liquidée. À la fin, on se retrouve avec une théorie victimaire et «saturante», où tous les domaines de la vie sont réglés, notamment la langue. Les woke vous reprennent constamment : il ne faut pas dire «mademoiselle», «beur», «black», etc. Les conduites aussi sont réprimées : la séduction est considérée comme un viol dissimulé, les compliments marquent une position d’éminence, donc de condescendance, intolérable. Les regards sont des assauts sexuels, et l’acte sexuel lui-même est une abomination. Quant à la métaphysique, le wokisme est très inframétaphysique…
«Le prosélytisme et le sectarisme du woke, son enthousiasme aussi, viennent de cette dimension religieuse. C’est une secte qui marche bien. Mais il lui faut absolument le mâle blanc pour exister.» Jean-François Braunstein
Jean-François Braunstein - Pour moi, l’origine du wokisme est plus anglo-saxonne que française. Il ne faut pas mettre de côté l’ironie et le sens du jeu des penseurs français que vous avez cités, et le fait qu’ils étaient très critiques de la notion d’identité. D’ailleurs, aujourd’hui, les woke les traitent en «mâles blancs morts», pour reprendre l’expression de certaines intellectuelles lesbiennes issues des Black Panthers. Pour moi, le woke naît principalement de la disparition du protestantisme aux États-Unis. C’est une religion de substitution, avant d’être une philosophie devenue folle et systématique. Il n’y a plus de chrétienté, plus de religion, mais le wokisme est là, qui a le mérite d’exister. Leur filiation est avec les évangélistes, et notamment avec ce que l’on appelle «l’Évangile social», qui veut réparer la société où il voit la source unique du mal. Le prosélytisme et le sectarisme du woke, son enthousiasme aussi, viennent de cette dimension religieuse. C’est une secte qui marche bien. Mais il lui faut absolument le mâle blanc pour exister. Il ne faut surtout pas qu’il disparaisse. Sans lui, sans la culpabilité qu’il porte, il n’est plus possible de déployer la plupart de ses arguments. Par exemple, celui des banlieues «colonisées» par les Blancs, absurde entre tous : la colonisation à domicile n’existe pas.
Cela dit, je ne suis pas très optimiste, je ne vois pas de ralentissement, d’épuisement de la dynamique woke. Dans de plus en plus d’institutions, au-delà de l’université, dans des écoles de cinéma, des théâtres, etc., le wokisme progresse, annule des œuvres, déboute des intervenants. Il est devenu compliqué d’enseigner quand on est opposé au wokisme. Sur cent mille enseignants du supérieur, il y a peut-être cent universitaires qui assument leur opposition à ce mouvement. Pour les autres, soit ils y sont en leur for intérieur opposés, mais ils sont prudents pour des motifs de carrière ou de tranquillité, soit ils y sont favorables.
 
«On ne peut pas plus reprocher aux Blancs d’être blancs qu’aux Noirs d’être noirs, surtout en Europe, continent majoritairement de peau claire. On ne s’imagine pas allant à Bamako en s’étonnant – à plus forte raison en s’offusquant – qu’il n’y ait presque que des Noirs.» Pascal Bruckner
 
Pascal Bruckner. - Si on réfléchit aux freins à l’expansion du wokisme, le principal, en France, me paraît être sa tradition universaliste. Le différentialisme outré des woke passe quand même difficilement. Le Parti socialiste a protesté énergiquement contre l’idée d’un «privilège blanc», il y a déjà plusieurs années. La gauche de la gauche est divisée sur la question. Mais il est vrai qu’à l’université il est fortement implanté. Dans les médias, très conformistes, il l’est également. L’exemple vient de haut : le président Emmanuel Macron, déclarant, pour s’exempter d’intervenir sur une question, qu’il est «un homme blanc de 40 ans». Mme Ernotte, disant qu’elle voulait des médias où le mâle blanc reculerait. Laure Adler, déplorant l’esprit «white white white», à l’émission Répliques, joignant le progressisme au snobisme du «globish». C’est très étrange, car on ne peut pas plus reprocher aux Blancs d’être blancs qu’aux Noirs d’être noirs, surtout en Europe, continent majoritairement de peau claire. On ne s’imagine pas allant à Bamako en s’étonnant – à plus forte raison en s’offusquant – qu’il n’y ait presque que des Noirs. En revanche, il semblerait qu’il soit loisible de déplorer qu’il y ait des Blancs en Europe… Heureusement, notre tradition d’ironie est un deuxième frein à ce déploiement, en France. Aux États-Unis, les opposants principaux au wokisme sont, bien entendu, des intellectuels afro-américains, qui refusent l’assignation à vie au rôle de victime, de dominé. Thomas Chatterton Williams, par exemple, refuse la prédestination, l’idée que la naissance détermine entièrement le destin.
 
Jean-François Braunstein. - Nous vivons tous dans et avec l’Université, principale citadelle du wokisme, et centre de légitimation pour beaucoup d’institutions. Quand on ironise à l’université, ça peut se terminer très mal. Les enthousiasmes woke sont apparemment très séduisants mais ils sont aussi très dangereux. L’enthousiasme pour le changement de corps, par exemple, qui fait des trans les phares de l’humanité. L’irréalité est à la mode, comme le montre l’insistance à vendre le métavers, en sachant que les patrons de la Silicon Valley sont très favorables à la transition de genre. Il y a une forme d’isolement, de solipsisme de masse, couplés à l’agressivité. Christopher Lasch l’avait vu : le narcissisme contemporain, triomphant, nie la maladie, la mort, la différence des sexes. Le transsexuel est devenu le héros contemporain, et bientôt ce sera le transhumaniste. Peu importe que les personnes au contact du monde réel, de la vraie vie, s’offusquent, ou s’esclaffent. Peu importent les messages effarés du courrier des lecteurs, après les émissions. Ils ne comptent pas.
 
Pascal Bruckner. - La gauche a été indulgente avec le wokisme, car il est venu sous l’étiquette de l’émancipation. C’est toujours l’idée de défricher de nouveaux territoires où la pensée oppressive faisait la loi. Ce qui est drôle, c’est qu’il n’y a aucune nouveauté dans l’esthétique trans : les incroyables, les merveilleux, et les mignons à fraise ont toujours existé. La différence, c’est que cette transsexualité contemporaine vient de l’idée qu’on est à soi-même sa propre cause.
 
Jean-François Braunstein. - Il y a dans le wokisme une liquidation de l’héritage de la rationalité occidentale. La logique y devient «raciste». L’épistémologie serait viriliste. La biologie et les mathématiques seraient des fausses sciences. On étudie le point de vue des dominés sur les mathématiques, on fait des colloques sur la «domination épistémique», on déplore que la voix des dominés sur la physique quantique ne soit pas entendue. Des étudiants en médecine font serment de s’inspirer des savoirs indigènes… Croyez-vous qu’un professeur d’université woke ira se faire opérer par eux ?
 
Pascal Bruckner. - Ce néoprimitivisme a déjà existé, je pense à Antonin Artaud, par exemple. Mais c’était à l’époque par volonté de connaissance, pas par envie d’effacer des cultures. Aujourd’hui, le critère de ­reconnaissance d’une culture, c’est quand les Blancs l’ont opprimée. Il reste aux Blancs la possibilité de se débarrasser de leur culture, sans pouvoir s’exonérer de leur culpabilité. C’est ce que fait Geoffroy de Lagasnerie, il abandonne tout, sauf sa particule, étrangement. Mais globalement, quand on regarde les défenseurs du wokisme en France, on est frappé par leur faiblesse théorique. C’est un peu le marché de l’occasion de la lumpen intelligentsia. Le cycle de vie d’une mode intellectuelle durant vingt à trente ans, on en a pour au moins une bonne décennie. Après, le wokisme entrera dans le musée Grévin du délire politique pour rejoindre le maoïsme, le trotskisme, le castrisme, etc.
 
Revue des Deux Mondes. - Une fois qu’on a manifesté son désaccord intellectuel, la question opérationnelle est : que faut-il faire ?
 
Jean-François Braunstein. - Roger Scruton a fourni une bonne réponse. Sur le plan intellectuel, il n’y a rien à faire que de déserter ces universités de lettres et sciences humaines qui expliquent que Balzac «invisibilise» les femmes. C’est très dommage, parce que l’histoire littéraire, c’est très intéressant. Il faudra apprendre ailleurs.
 
Il faut être vigilant sur ce que l’on pourrait qualifier de géopolitique du woke. Ce mouvement est perçu comme un signe extraordinaire de faiblesse en dehors de l’Europe. Les Chinois, les Qataris, les Russes promeuvent l’éloge de la transidentité en Europe, pour ramasser la mise.
 
Pascal Bruckner.Absolument. On a aussi une instrumentalisation des luttes féministes et trans par les Frères musulmans. Déjà, Tariq Ramadan s’emparait des mots d’ordre des anticapitalistes, pour attirer la gauche. C’est la même logique. Mais c’est difficile de lutter contre les woke, car on les appelle à juste titre les hommes-soja, mous, difficiles à combattre. Les bolcheviques offraient une résistance sur laquelle on pouvait porter des coups.
 
Jean-François Braunstein. - Des «hommes-soja» ou des «flocons de neige»… Mais, sur le plan social, il faut être extrêmement vigilant sur les pratiques qui poussent les enfants et les adolescents à s’engager dans un parcours médical de transition de genre, en oubliant l’impératif hippocratique de base de «d’abord ne pas nuire».
 
Pascal Bruckner. - Ces mutilations sont pratiquement irréversibles, et leurs conséquences psychologiques sont incalculables. On bloque la puberté, on modifie, voire on abolit, la capacité à jouir. Tous ces jeunes gens vont se réveiller, plus tard, et ce sera un scandale absolu, avec des procès à n’en plus finir. Tout cela pour un vieux rêve prométhéen qui traverse l’histoire culturelle européenne : l’homme libéré de tout déterminisme, l’homme cause de lui-même, l’homme qui serait un dieu déchu qui se souvient des cieux, pour reprendre Lamartine. Le Frankenstein de Shelley était une balise culturelle, c’est devenu un projet concret. Il y a toujours eu un néodandysme, des garçons qui se mettent quelques heures dans la peau d’une femme par exemple, mais pas toute leur vie, et de façon irréversible.
 
Jean-François Braunstein. - Les psychiatres relèvent que des milliers de jeunes se pensent comme n’étant ni d’un genre ni de l’autre. Comment vont-ils vivre leur vie d’adulte ? Ce qui est grave, c’est que le discours militant transgenre crée un appel au passage à l’acte. Car, comme l’a noté l’historien de la psychiatrie Ian Hacking, les catégories nosographiques fabriquent des personnes qui s’y reconnaissent.
 
Revue des Deux Mondes. - Pour finir, comment renommer le woke en français ?
Jean-François Braunstein. - L’«éveillisme», ce n’est pas mal, ça restitue l’aspect secte, et s’ancre dans le grand réveil protestant.
 
Pascal Bruckner. - Ou le «vigilantisme», qui évoque les justiciers. Edwy Plenel qui synthétise toutes les tendances de l’ultragauche comme un empilement de dogmes se veut un «vigilant». Mais il faudrait parvenir à capter aussi le fait que le wokisme est une affaire d’élites blanches. La haine des Blancs est un snobisme de Blancs riches. La détestation du bon sens, des pensées vulgaires du commun, va avec… Le wokisme en France est une doctrine de gens chics qui ne veulent pas sombrer dans la pensée vulgaire.
Jean-François Braunstein. - On a raison de parler de «croyances de luxe», comme la revendication à «définancer» la police, instrument supposé d’oppression des dominants blancs. Il faut vraiment vivre dans un quartier sans problème pour proposer cela. C’est un moyen pervers d’affirmer qu’on est privilégié.
Pascal Bruckner. - Oui, on peut dire que c’est un instrument pour empêcher les vrais opprimés de s’en sortir. Regardez le maire afro-américain de New York, ancien policier : bien entendu, il a choisi, lui, une politique d’intérêt général, donc sécuritaire.
Jean-François Braunstein. - Il faudrait que ce nom capte la pédanterie… Le côté Trissotin. Ce n’est pas un hasard si le wokisme veut annuler Molière.
Pascal Bruckner. - Il faudrait qu’il incorpore le snobisme aussi… Le côté Verdurin.�
 
 
Illustration :
  • Pascal Bruckner est écrivain. Dernier ouvrage publié : Le Sacre des pantoufles. Du renoncement au monde (Grasset, 2022).
  • Jean-François Braunstein est philosophe. Dernier ouvrage publié : La Religion woke (Grasset, 2022).
 
 


15/08/2023
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