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La pédagogie, c’est fini !

 

«Pédagogie ? Pédagogie ? Est-ce que j’ai une gueule de
pédagogie ? » Élisabeth Borne n’en est pas au point
de paraphraser l’inimitable Arletty dans le film « Hôtel
du Nord » mais la fameuse pédagogie dont voulait faire
preuve le gouvernement semble être rangée dans un tiroir fermé
à clé.


Il est vrai qu’en assurant, sur un plateau télé, que les femmes
allaient être « un peu » pénalisées par le report d’âge légal
de la retraite, le ministre Franck Riester ne s’est pas seulement
distingué pour le « Lagaffe d’or », il a saboté tout espoir d’explication
de la part d’Élisabeth Borne ou des deux Olivier, Dussopt
et Véran. L’heure est au plan B, assumer l’effort réclamé
aux Français de travailler plus longtemps, seule chance de sauver
un système promis à la faillite.


Le temps est aussi venu de resserrer les boulons. La Première
ministre a donc troqué le tableau noir contre une clef à molette.
D’abord pour affirmer que le recul de l’âge à 64 ans n’était plus
négociable. Ensuite pour proclamer qu’il n’y aurait aucune fuite
de bulletin dans la majorité présidentielle.
Ce qui, à l’écoute ou la lecture de propos tenus à la gauche
de Renaissance ou sur les bancs du MoDem, s’apparente à
la leçon n°1 de la méthode Coué.


L’exécutif a deux façons d’interpréter ce mardi 31 janvier. La
rue a certes drainé plus de manifestants que le 19 janvier, notamment
dans des villes moyennes comme Angoulême ou Bergerac.
Philippe Martinez a même compté 500 000 mécontents
sur le pavé parisien et 2,8 millions dans l’Hexagone mais le numéro
1 de la CGT a la louche large. En revanche, on a recensé
moins de grévistes, à la SNCF ou à l’Éducation nationale.


Or, les arrêts de travail pénalisent plus qu’un défilé de Français,
privés d’essence ou de transports. Et ils peuvent à la longue,
comme en 1995, faire fléchir le pouvoir. Surtout si ce défilé
ne dégénère pas et aucun grave incident n’est à déplorer grâce
à la vigilance des syndicats. Depuis plusieurs années, chaque
gouvernement considère que « la rue aboie, la réforme passe ».
Celui d’Élisabeth Borne fait le pari, a priori risqué, que l’opinion
a le soutien facile mais volatile et qu’il suffira que la réforme
soit votée pour que le mécontentement, élevé dans les
sondages, s’essouffle en quelques jours. D’où la nécessité pour
les opposants d’entretenir le brasier de la colère.


Il ne reste ainsi qu’à trouver les députés qui diront oui à la
réforme, exercice plus ardu qu’on le prétend à Matignon. Chez
les indispensables Républicains, le soutien s’effrite, les élus
constatant dans leur circonscription que le texte n’est pas très
populaire. À l’évidence, ces vaillants militants avaient des boules
Quiès quand ils ont fait campagne pour François Fillon ou
Valérie Pécresse.


ÉDITORIAL Benoit Lasserre Sud-Ouest



01/02/2023
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