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Éloge d’Henri d’Anselme, héros français, et tant pis pour les pisse-vinaigre !
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par Franz-Olivier Giesbert, pour Le Point - juin 2023
Quel est ce pays où l’on se refuse à glorifier un authentique héros sous prétexte qu’il est catholique ? La France, rongée par la haine de soi…
Faut-il brûler Henri, le jeune homme de 24 ans qui a tenté de s'interposer quand un migrant syrien s'est attaqué, à Annecy, à des enfants au bord du lac, avant de le poursuivre ? C'est le débat débile qui a éclaté dans les médias après l'agression au couteau de vendredi dernier. Il en dit long sur la décrépitude morale de notre système intello-médiatico-politique.
Les héros ne le font pas exprès. Henri d'Anselme en est un, à l'évidence. Son malheur est d'être un catholique pratiquant qui faisait le tour de France des cathédrales et qui, en plus, a eu l'humilité de dire qu'il avait «agi par instinct, comme tout Français l'aurait fait». Et d'ajouter qu'il avait en tête l'image d'Arnaud Beltrame, le colonel de gendarmerie qui s'était sacrifié en prenant la place d'un otage au cours d'une attaque terroriste en 2018.
Enfer et damnation ! Heureux que l'assaillant d'Annecy fût chrétien, les médias bien-pensants ont soudain déchanté après avoir appris que l'un des braves qui s'étaient opposés à l'attaque était… catholique, comme Arnaud Beltrame. Alors que l'islamophobie est aujourd'hui érigée, comme le souhaitent les Frères musulmans, au rang de blasphème par le camp du Bien, la cathophobie est, au contraire, bien portée, en passe de devenir l'idéologie dominante. Il n'était pas question que la chrétienté puisse tirer le moindre parti du traumatisme d'Annecy. Un confrère a même osé se demander si Henri d'Anselme n'était pas un «imposteur». À la fin, ne serait-ce pas lui, le vrai coupable dans cette affaire ?
Le ronchon n'est pas une invention française, contrairement aux apparences. Arthritique et au bout de sa vie, il remonte au moins au néolithique, quand les humains ont commencé à se sédentariser dans de petits villages, et c'est depuis cette époque un archétype éternel. Il considère que le monde en général et son pays en particulier courent à leur perte. Depuis quelque temps, il milite de plus en plus souvent dans la gauche extrême et triste qui prétend faire l'opinion.
La pensée scrogneugneu a changé de camp. Elle n'est plus, il s'en faut, l'apanage de la droite, où ont toujours proliféré des esprits plus ou moins pessimistes, comme le duc de Saint-Simon, Schopenhauer ou, plus près de nous, Montherlant. Cette pensée grincheuse est désormais devenue la doxa de la gauche léniniste, écologiste et punitive, qui entend du passé faire table rase, sans parler de la patrie, de ses valeurs et de l'histoire de France. Non, il faut tout jeter, il n'y a rien à garder.
Comment cette France peut-elle enfanter des héros, catholiques de surcroît ? Ce pays infâme n'a-t-il pas été, comme nos enfants l'apprennent à l'école, le fer de lance de l'esclavagisme et de la colonisation avant de devenir, à en croire ses contempteurs ineptes, le fourrier de l'«ultralibéralisme» avec des dépenses publiques qui représentent 58,1 % de la richesse nationale, ce qui en fait, au contraire, un modèle de «communisme mou» sans police ni Gosplan ? La preuve de cette «odieuse mystification» d'Annecy nous est au demeurant apportée par l'AFP et ses épigones : Henri, notre héros national, est devenu très populaire «sur les comptes des militants d'extrême droite», le mot est lâché.
Extrême droite : l'expression fourre-tout permet de disqualifier tous ceux qui ne partagent pas l'idéologie déconstructionniste à la mode. Apparemment, elle commence à partir de ceux qui, à gauche, refusent les diktats de la Nupes et se sont réunis, à Créteil, autour de Bernard Cazeneuve avec François Hollande, Stéphane Le Foll, Carole Delga ou Michaël Delafosse. On leur souhaite le meilleur. Puissent-ils réinventer la gauche de gouvernement dont la France a tant besoin, en lieu et place de la clique de braillards agités du bocal qui, au Palais-Bourbon, discréditent la démocratie, au nom de la Planète ou du Grand Soir.
En l'an mil, le Jugement dernier était pour demain et les faux prophètes de la chrétienté nous expliquaient que les catastrophes naturelles étaient les signes annonciateurs de notre fin prochaine que nous avions bien cherchée : l'humanité devait payer pour ses fautes. En l'an 2000, ces mouvements millénaristes, apocalyptiques et pénitentiels sont revenus. Aujourd'hui, ils sont portés par la jeunesse gâtée et urbaine, à l'image de Greta Thunberg, des bourgeois mélenchonistes, des millionnaires trotskistes, ou des Soulèvements de la Terre, l'une des organisations à l'origine des violences de Sainte-Soline, soutenue par le très gauchiste Syndicat de la magistrature, ce qui explique peut-être pourquoi l'abjecte «dictature macroniste», comme on dit chez LFI, n'ose pas l'interdire !
Pour incarner la France, comment ne pas préférer le visage d'Henri d'Anselme à celui de tous ses dénigreurs qui sont ravagés par la haine de soi, du courage et de notre pays ?
