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Ces activistes qui bloquent les projets industriels au nom de l’écologie

  • par Cécile Crouzel et Emmanuel Egloff, pour Le Figaro - juin 2023 Republié par JALR
ENQUÊTE - Multipliant les procédures, les manifestations et parfois les actions violentes contre les projets d’investissement, ils sapent la réindustrialisation.
 
Jusqu’où ira le gâchis? La France a souffert d’une terrible désindustrialisation ces vingt dernières années. Un million d’emplois ont été détruits de 2001 à 2017, des territoires entiers sont tombés en déshérence. Le chômage de longue durée a été le lot des ouvriers et le pays a vu se creuser dramatiquement son déficit commercial. Alors qu’un mouvement de réindustrialisation s’amorce, une contestation inédite se développe pour l’entraver. Elle émane de militants d’une écologie pure et dure, tirant vers l’ultragauche. Quand leur combat se combine avec des revendications de riverains et reçoit le soutien de politiques locaux, la cristallisation peut s’avérer explosive. C’est ce qui a été fatal au projet industriel de Bridor, à Liffré près de Rennes. Le 30 mai, le groupe Le Duff, propriétaire de Bridor (et de Brioche Dorée, Del Arte…) a annoncé qu’il renonçait à construire son usine de viennoiseries, lassé des recours en justice lancés par les opposants. «Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre dix ans, voire certainement davantage, pour que notre projet industriel aboutisse», a simplement expliqué Louis Le Duff, son président fondateur.
 
Quelque 500 emplois ne verront donc pas le jour en Bretagne. Il est même probable que l’usine Bridor sorte de terre hors de France, là où les autorisations sont plus rapides et sécurisées. Le site de Liffré avait pourtant décroché son permis de construire et tous les tampons administratifs en juillet dernier, après plusieurs remaniements du projet. «L’industriel avait réduit de 40 % sa consommation d’eau par rapport au projet initial», souligne-t-on à Bercy. Un effort jugé insuffisant par les opposants, un patchwork d’associations environnementales locales ou nationales (Attac, Extinction Rebellion…), de collectifs, et d’élus EELV (Europe-Ecologie les Verts) et LFI (La France insoumise). Outre le dépôt en septembre de cinq recours contre les autorisations, ils avaient organisé une manifestation de quelques centaines de personnes en décembre. Leur guérilla a donc payé, en dépit du soutien d’élus locaux et du Medef de Bretagne, et malgré l’attachement de Louis Le Duff à sa région. L’entrepreneur a posé la première pierre de son groupe, qui compte aujourd’hui 30.000 salariés, en ouvrant un établissement Brioche dorée à Brest, en 1976.
 
Cet épilogue déplorable rappelle celui du centre de recherche de LVMH. Bernard Arnault, lui-même polytechnicien, a décidé en janvier de ne pas l’implanter en marge du campus de l’X. Cet investissement d’au moins 100 millions d’euros avait été approuvé par le conseil d’administration de l’école. Mais la fronde menée par certains élèves et anciens faisait courir des risques. Le centre de recherche sera construit ailleurs en Île-de-France. «On a eu des propositions de subventions au Royaume-Uni, mais comme nous sommes de bons Français, nous resterons en France», a commenté le patron de LVMH lors de la dernière assemblée générale, le 20 avril. Une vidéo devenue depuis virale sur Twitter.
 
Théâtres de violences
Il faut effectivement une bonne dose de persévérance, si ce n’est de patriotisme, pour bâtir des projets d’investissement malgré les bâtons dans les roues mis par certains militants. Cette obstruction systématique nourrit de grandes inquiétudes. En Bretagne en particulier, la position de principe des EELV locaux après l’abandon de l’usine Bridor interroge sur le futur économique de la région: «Nous refuserons tout autre projet agro-industriel destructeur qui pourrait se développer en Bretagne (…) Nous défendons un modèle économique qui relocalise l’agriculture, protège la biodiversité et les ressources en eaux.» En attendant, la production de viennoiseries se fera ailleurs, et probablement dans un pays européen moins protecteur pour les salariés et l’environnement.
 
Une nouvelle étape a été franchie ces jours derniers. Des activistes, emmenés notamment par le collectif radical Les Soulèvements de la Terre, ont saccagé près de Nantes des serres de maraîchers où étaient menées des expériences pour… consommer moins d’insecticides, d’herbicides et d’eau. Auparavant, ils s’étaient introduits dans une centrale à béton de l’entreprise BHR où ils avaient coupé et scellé l’arrivée d’eau.

«Intrusions, destructions, arrachage sont des pratiques de plus en plus fréquentes, ouvertement revendiquées par des militants radicalisés.»

Ces expéditions sont désormais régulièrement le théâtre de violences. Intrusions, destructions, arrachage sont des pratiques de plus en plus fréquentes, ouvertement revendiquées par des militants radicalisés. En décembre dernier, à l’autre bout de la France, ils ont mené un raid à la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône), séquestrant des salariés en plein arbre de Noël, et causant 5 à 6 millions d’euros de dégâts sur l’outil de production. En avril 2022, des individus connaissant bien les lieux ont incendié un centre de transformation électrique près de Grenoble, puis des lignes haute et moyenne tension. Ils ont ainsi coupé le courant aux usines locales, dont celle STMicroelectronics. Un acte criminel attribué à des activistes. Et un non-sens économique, alors que le monde souffrait de pénuries sévères de semi-conducteurs.
 
La manifestation du 1er avril dernier, au cours de laquelle 500 à 800 personnes ont défilé contre l’extension de l’usine STMicroelectronics sous le slogan «De l’eau, pas des puces», a en revanche été pacifique. Dans ce département qui mêle forte empreinte industrielle et militantisme écologique, il existe aussi des relations pacifiées entre les élus et les industriels. «Notre rôle est d’être dans le dialogue, et celui des militants d’être en alerte», assure Cyrielle Chatelain, députée de l’Isère et présidente du groupe Écologiste-Nupes à l’Assemblée. L’élue dit d’ailleurs ne pas être opposée au projet d’extension du géant européen des puces électroniques. De fait, on ne voit pas en quoi importer des semi-conducteurs de Taïwan plutôt que de les faire fabriquer en France avec des standards élevés de consommation d’eau serait meilleur pour la planète… Sans parler des enjeux de souveraineté. L’énorme projet mené par STMicroelectronics et son partenaire GlobalFoundries (7,5 milliards d’euros d’investissement) fait partie du «Chips Act» européen, et est soutenu à hauteur de 2,9 milliards par l’État.
 
Tout aussi aberrante est l’opposition au projet d’usine de laine de roche du groupe Rockwool, dans l’Aisne. Toutes les planètes semblaient alignées au départ, avec un soutien financier de l’État mais également des élus de l’agglomération de Soissons, de la région Hauts-de-France et de la mairie de Courmelles. Sauf que le maire est décédé. «Le nouvel élu, également voisin du site choisi pour installer l’usine, est, lui, totalement opposé au projet. Il a refusé de délivrer le permis de construire», regrette Matthieu Biens, directeur du marketing de Rockwool en France. L’édile a été jusqu’à publier un livre dont le titre Le Village contre la multinationale ne peut que lui garantir la sympathie des «alters». La justice l’a contraint à accorder le permis de construire. Mais le maire y a mis une réserve portant sur la demande de dérogation aux espèces protégées. Le groupe danois a attaqué ce point qu’il estime sans objet, l’autorisation environnementale n’en faisant pas mention. «En attendant, nous ne pouvons toujours pas entamer les travaux qui devaient débuter cette année», peste Matthieu Biens. Le projet créerait pourtant 130 emplois dans une région durement frappée par la désindustrialisation. En outre, la laine de roche est un isolant qui fait baisser la consommation énergétique des bâtiments…
 
Les grands discours environnementaux et l’activisme vert outrancier suscitent l’incompréhension, particulièrement quand ils s’attaquent à des usines. «Nos concitoyens ne sont pas prêts à se passer de ces produits. Si nous fabriquons en France, nous bénéficions d’une énergie bas carbone et d’une excellence en termes de normes environnementales, explique Alexandre Saubot, le président de France Industrie, qui regroupe les acteurs du secteur. C’est positif pour la planète. À l’inverse, en cas de blocage, ces produits seront fabriqués ailleurs, dans des conditions moins disantes sur le plan de l’environnement.» C’est d’autant plus vrai aujourd’hui que de nombreux investissements sont directement liés à la volonté des industriels de décarboner leur activité. ArcelorMittal investit ainsi 1,7 milliard d’euros à Dunkerque et à Fos-sur-Mer pour décarboner la production d’acier.
 
Extrême-gauche
Ce paradoxe n’arrête pas les activistes radicaux. Car il existe un sous-jacent idéologique qui justifie à leurs yeux ces actions contre des entreprises: la lutte contre le capitalisme«L’idée de base, c’est que le capitalisme détruit la nature. Pour la préserver, il faut donc être anticapitaliste», analyse Marc Lomazzi, auteur d’Ultra Ecologicus, un livre sur les courants de l’écologie. Argumenter que la très communiste URSS fut la championne des destructions écologiques, ou que la décroissance appauvrirait les Français, ne porte pas. Selon ces militants ultra-politisés, il s’agit de lutter pour «les communs», soit l’eau, la terre et tout ce qui est perçu comme ne pouvant pas être privatisé. Ce qui se décline ainsi dans le livre de soutien au collectif Soulèvements de la Terre: «Contre l’accaparement de la terre et de l’eau par le complexe agro-industriel», il faut «reprendre, mettre en commun et choyer les terres». Car «la terre se situe à la croisée de la question sociale, de la question écologique et de la question coloniale». Le fondement idéologique de ces activistes, c’est le rejet propre à l’extrême gauche de l’économie de marché, fondement sur lequel se greffent des considérations écologiques.
 
La lutte pour la défense de l’environnement a une longue histoire et comporte divers courants. Très active dans les années 1970, elle a connu une phase de repli, avant de renaître spectaculairement à partir de la COP21 de Paris en 2015. Sur le plan médiatique, l’émergence de Greta Thunberg a changé la donne. La jeune Suédoise promeut l’occupation et l’action non-violente, dans la lignée du mouvement des droits civiques américains de Martin Luther King ou de Gandhi. Une position qui est en principe aussi celle des Verts français. «Notre ligne, c’est la désobéissance civile, non-violente et à visage découvert», rappelle la députée Cyrielle Chatelain.

«Malgré cette violence revendiquée, le collectif a reçu un large soutien, comme celui de la Fédération France Nature Environnement, de la Confédération paysanne, d’EELV ou d’Attac.»

En France, la stratégie militante va néanmoins évoluer avec Notre-Dame-des-Landes. La ZAD (zone à défendre) installée pour empêcher le projet de nouvel aéroport nantais a rendu possible des «convergences», qui se sont consolidées en dix années d’occupation. «Notre-Dame-des-Landes a été une école politique qui a permis à des militants d’horizon différents de se rencontrer: des anarchistes, des communistes libertaires, des écologistes, ou des personnes provenant des squats activistes», explique Marc Lomazzi. Surtout, leur occupation illégale va se solder par une victoire, puisque Édouard Philippe finit par acter l’abandon du projet d’aéroport en janvier 2018. Il s’agissait à l’époque de donner des gages aux écologistes. Mais le non-respect du droit ayant payé, ce choix a aussi validé l’efficacité de l’usage de la violence. Après cet épisode, les activistes vont chercher de nouvelles luttes. En janvier 2021, ils tiennent des Assises de la terre, qui débouchent sur la création des Soulèvements de la Terre. «Ils font le constat qu’il faut changer de dimension car il y a une urgence pour le climat à laquelle les gouvernements ne répondent pas», détaille Marc Lomazzi. Une évolution fondamentale s’opère. «Les Soulèvements de la Terre rompent officiellement avec l’action non-violente, pointe l’auteur.Ils  revendiquent le fait de casser.»
 
Le langage est quelque peu codé, mais transparent. On parle «d’éco-sabotage» - les activistes ont une certaine inventivité lexicale. Sur leur site internet, Les Soulèvements de la Terre expliquent leur méthode: «cibler et désarmer des infrastructures emblématiques, des projets d’aménagement structurants et des multinationales destructrices». Désarmer: en clair, casser ou détruire. Malgré cette violence revendiquée, le collectif a reçu un large soutien, comme celui de la Fédération France Nature Environnement, de la Confédération paysanne, d’EELV ou d’Attac. Mais également de la part d’intellectuels engagés, comme Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature 2022, ou Virginie Despentes.
 
Contre l’appui populaire à l’industrie
 
En pointe contre les mégabassines agricoles, avec l’épisode ultra-violent de Sainte-Soline comme fait d’armes, ces radicaux s’opposent aussi aux infrastructures comme l’autoroute Toulouse-Castres ou le tunnel Lyon-Turin. Les Soulèvements de la Terre a d’ailleurs prévu une «mobilisation internationale et populaire» samedi et dimanche en vallée de Maurienne, malgré l’interdiction de la manifestation par la préfecture. Ce sont eux qui radicalisent des combats, souvent lancés au niveau local par des militants qui peuvent être plus modérés. S’appuyer sur des oppositions locales et faire monter le débat au niveau national leur permet de revendiquer une légitimité de terrain, et de lutter contre l’accusation d’être «hors sol». Ils ciblent de préférence des lieux ou des entreprises emblématiques pour attirer les projecteurs. Pour la même raison, les activistes perturbent les assemblées générales de géants français comme TotalEnergies ou BNP Paribas.
 
Casser n’est toutefois pas la seule arme utilisée. Les radicaux - mais aussi les associations ne recourant pas à la violence - font appel à tous les moyens légaux pour gêner les industriels, en multipliant les recours juridiques autour des autorisations administratives. Il s’agit d’allonger au maximum les délais, ce qui est coûteux pour les entreprises. Et peut décourager jusqu’à l’abandon comme pour l’usine Bridor. Ou pour le projet de Center Parcs (2020), à Roybon dans l’Isère, victime de recours et d’une ZAD. Près de Rouen en 2021, c’est Ferrero qui a renoncé à un site de logistique (70 emplois), après un recours déposé par France Nature Environnement. Autre arme, appliquée par les élus cette fois: s’opposer aux permis ou aux subventions. «Chez nous, les élus Verts votent contre toute aide liée au développement de zones d’activité, regrette Hervé Morin, président de la région Normandie. Ils l’ont fait par exemple sur la zone de Flers.»
 
«Lorsque des oppositions s’expriment, il faut bien mesurer la réalité de ce qu’elles représentent, mais je constate aujourd’hui, et je m’en réjouis, que la très grande majorité des projets aboutissent, souligne néanmoins Alexandre Saubot, de France Industrie. Nous avons la chance d’avoir un alignement des intérêts environnementaux, économiques et sociaux pour la réindustrialisation. C’est une opportunité à ne pas laisser passer». Les élus, quel que soit leur bord politique, peuvent être plus pragmatiques. «La relocalisation de l’industrie permet de limiter le réchauffement climatique. Cela fonctionne, si toutes les parties prenantes s’y retrouvent, si la biodiversité, l’eau, la nature sont respectés», souligne le député écologiste-Nupes Charles Fournier d’Indre-et-Loire. Même certaines associations ne font pas de l’opposition systématique. «On n’est pas hypocrites, souligne une porte-parole de France Nature Environnement. On a eu une réunion avec Imerys sur son projet de mine de lithium dans l’Allier. On sait que sinon le lithium sera importé. Mais dès qu’on voit qu’un projet a des conséquences dommageables prouvées sur l’environnement, on est légitime à attaquer en justice.»
 
L’opposition est d’autant plus difficile à mobiliser qu’il peut exister un appui de la population. «La Normandie est une région industrielle - ce secteur représente 30 % des emplois, explique Hervé Morin, son président. Ses habitants, qui ont été marqués par le passé par les fermetures d’usine, sont très heureux de voir des projets industriels réapparaître». La réaction des habitants est souvent liée à l’histoire du territoire. La Bretagne était peu industrialisée avant l’essor de l’agroalimentaire. Ce fut même un lieu de mobilisation contre les centrales nucléaires. «À l’inverse, il y a beaucoup de soutien dans les anciens territoires industriels, qui ont souffert de la désindustrialisation», abonde Roland Lescure, le ministre délégué à l’Industrie. La multiplication des projets, sans heurts majeurs, dans les Hauts-de-France en est l’exemple.
La réindustrialisation freinée
«Les habitants ne sont pas opposés à l’industrie, bien au contraire, souligne le directeur de cabinet d’un élu local. Mais évidemment, ils sont réticents à voir surgir une nouvelle usine juste à côté de leur maison. C’est pour ça qu’on privilégie les implantations sur des zones d’activité et leurs extensions, ou sur des friches industrielles».
La culture du maximalisme écologique freine la réindustrialisation en France. Le législateur surtranspose souvent les règles européennes, et l’administration a la main lourde dans la rédaction des décrets d’application, comme par exemple pour la loi climat de 2021. «Enfin, au niveau local, on peut avoir des Dreal (administration déconcentrée du ministère de l’Écologie NDLR) qui sont terribles. Sur une zone que nous voulions aménager pour accueillir des entreprises, ils nous ont trouvé une plante particulière et nous ont obligés à faire une étude faune/flore sur 4 saisons. Résultat, on perd un an!», déplore le directeur de cabinet d’un élu local.

«La défense de l’environnement est chère aux Français. C’est d’ailleurs une des forces des activistes climat, dont le combat apparaît légitime.»

Le projet de loi industrie verte, qui va être discuté prochainement au Parlement, doit justement s’attaquer à ce problème des délais qui pénalisent la France dans la compétition internationale. «L’objectif est que le temps pour obtenir les autorisations d’installation des nouvelles usines soit divisé par deux, de 17 à 9 mois», promet Roland Lescure. Pour y parvenir, le texte propose de développer les sites clés en main (il en existe déjà 127), des lieux où les procédures d’urbanisme, d’archéologie préventive et d’environnement ont été anticipées avant même qu’un projet concret ne voit le jour. Les «projets d’intérêt national» bénéficieront eux d’une procédure centralisée, passant notamment par un permis de construire aux mains du préfet. Une révolution, alors que ce permis est aujourd’hui du ressort des maires. Ces derniers seront toutefois consultés. L’autre axe du projet de loi, c’est de mieux encadrer les recours, et notamment de sanctionner par des amendes plus lourdes les recours abusifs. Parallèlement, le Parlement débat actuellement d’une proposition de loi visant à amender le «Zéro artificialisation nette» (ZAN). Ce dispositif réduisant de 50 % le rythme d’artificialisation d’ici à 2030 peut se révéler un casse-tête pour certaines communes. «Je milite pour que les zones industrialo-portuaires soient exclues du ZAN», souligne ainsi Hervé Morin.
Le gouvernement prend toutefois soin de préciser qu’il ne s’agit pas de faire disparaître les procédures, mais de les mettre en œuvre en parallèle pour gagner du temps. Un point important, car la défense de l’environnement est chère aux Français. C’est d’ailleurs une des forces des activistes climat, dont le combat apparaît légitime. De nombreuses entreprises ou élus n’osent d’ailleurs pas remettre en cause leurs méthodes, de peur de se faire taxer d’anti-écologistes et d’ennemis de la planète.
 
Mouvement entâché
La violence et les destructions ont néanmoins bien entamé la réputation du mouvement. Les heurts violents avec les gendarmes à Sainte-Soline ont choqué l’opinion, mais également une partie des écologistes. Certains commencent à le dire officiellement. C’est le cas de Valérie Masson-Delmotte, climatologue et membre du Giec, qui a longtemps affiché son soutien aux Soulèvement de la Terre. Après l’attaque contre les serres près de Nantes, elle a déclaré, sur Twitter être plongée dans «une complète incompréhension».
 
Adaptation des normes, baisse de la fiscalité, amélioration de la formation, mobilisation de la recherche… la France a fort à faire pour réussir sa réindustrialisation, dans un contexte d’intense concurrence mondiale. Face aux exactions d’une minorité politisée, la majorité des Français attend une réaction ferme du gouvernement, dans les paroles et les actes. Après Sainte-Soline, Gérald Darmanin avait promis la dissolution des Soulèvements de la Terre. Ce n’est toujours pas fait aujourd’hui.� (Et si c'est fait !)
 
 
Illustration :
  • Le 1er avril, des opposants à l’extension de l’usine du géant européen des semi-conducteurs Stmicro Electronics ont manifesté à Crolles, près de Grenoble. Cette extension est pourtant essentielle à la reconquête de la souveraineté industrielle de l’Europe. Et le site a de hauts standards en matière de consommation d’eau. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP
  • Le 11 juin, des manifestants, emmenés par le collectif Les Soulèvements de la Terre, ont arraché des salades et saccagé des serres près de Nantes, dont des lieux d’expérimentation pour une agriculture plus écologique. SEBASTIEN SALOM-GOMIS/AFP
  • Le 21 mai, des manifestants ont défilé contre le projet d’implantation d’une usine de laine de roche Rockwool, à Courmelles, dans l’Aisne. Le maire est en pointe de la fronde, tandis que les autres élus locaux soutiennent cette implantation. Le groupe danois ne renonce pas. ISABELLE BERNARD/PHOTOPQR/L'UNION DE REIMS/MAXPPP
  • Le samedi 10 décembre 2022, 200 personnes du mouvement Les Soulèvements de la Terre ont envahi par surprise la cimenterie Lafarge La Malle à Bouc-Bel-Air, près de Marseille. Ils y ont commis de nombreuses dégradations, se chiffrant à 5-6 millions d’euros. Twitter@lesoulevements
 
 
 
 
 


29/06/2023
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