2299-Portugal, Espagne, Grèce, la gauche de gouvernement y a reculé l’âge légal de la retraite 3 posts

Y a-t-il un Tsipras pour réformer la France ?

  • par Étienne Gernelle, pour Le Point - mars 2023 Republié par JALR
Portugal, Espagne, Grèce… c’est la gauche de gouvernement qui a reculé l’âge légal de la retraite. En France, on préfère les postures contestataires.
 
Fallait-il se moquer d' Olivier Dussopt ? Le ministre du Travail a été beaucoup raillé pour avoir déclaré, dans Le Parisien, que la réforme des retraites qu'il défend est «de gauche». Le paradoxe est que ses contempteurs ont probablement une bonne raison de se payer sa tête, sauf qu'il ne s'agit pas nécessairement de celle qu'ils avancent.
 
Car un rapide tour d'horizon nous enseigne qu''un véritable gouvernement de gauche aurait peut-être porté l'âge légal… au-delà de 65 ans ! On a bien sûr en tête les exemples des Premiers ministres socialistes portugais et espagnol, José Socrates et José Luis Rodriguez Zapatero, dont les mesures, en 2007 et 2011, ont progressivement mené le seuil de la retraite à 66 ans et 4 mois pour le premier, et 67 ans pour le second (en 2027). On sait aussi qu'en Allemagne, l'objectif de 67 ans a été établi en 2007 avec le soutien actif du SPD.
 
«Sociaux-traîtres» ou responsables ? Certains objecteront que tout ceci est le fait d'horribles sociaux-démocrates, voire de «sociaux-traîtres», comme disait Lénine. Mais que faire alors du cas Alexis Tsipras ? L'ancien Premier ministre grec, dont le parti, Syriza, est classé à la gauche de la gauche, a fait grimper l'âge légal, le fixant, selon les durées de cotisation, entre 62 et… 67 ans !
 
L'histoire de Tsipras mérite une attention particulière : après avoir agité des drapeaux rouges pour négocier l'allègement de la dette grecque, il s'est révélé être un grand réformateur. Si la Grèce peut annoncer pour cette année un excédent budgétaire primaire (avant charge de la dette), c'est d'abord à lui qu'elle le doit. Une performance qui, soit dit en passant, est largement hors de portée de la France.
Tsipras s'en expliquait ainsi au Point, en 2018 : «J'étais dans un dilemme permanent entre la protection des plus faibles et la réalité de nos comptes publics. Mais ce qui m'a guidé jusqu'au bout, c'est la crainte d'un Grexit. C'était la ruine assurée pour les plus modestes.» Eh oui, la banqueroute de l'État nuit d'abord à ceux qui en dépendent le plus, c'est-à-dire les pauvres…
 
«Lorsque vous êtes de gauche, poursuivait Tsipras, vous devez vous préparer au pouvoir avec un programme en faveur des plus faibles. Tout en sachant que vous aurez à prendre, parfois, des décisions difficiles. J'ai choisi de me préparer à prendre des responsabilités, de ne pas seulement être heureux dans ma posture révolutionnaire.» Cette dernière phrase visait ouvertement Jean-Luc Mélenchon, lequel, piqué au vif, lui avait vertement répondu. Évidemment, c'est gênant, une gauche responsable…
 
Insouciance coupable. Il est vrai que la plupart de ces gouvernements de gauche ont réformé en période de crise : aiguë pour l'Espagne, le Portugal et surtout la Grèce, avec des pressions brutales des marchés financiers ; latente pour l'Allemagne, par crainte du déclassement. La France se situe - pour l'instant - dans le deuxième cas, même si, avec une dette à 3.000 milliards d'euros en période de remontée des taux d'intérêt, l'insouciance n'est pas de mise.
 
C'est bien là le problème. Pourquoi le gouvernement français ne dit-il pas franchement qu'à force de demander à cette finance honnie d'assurer nos fins de mois, cela finira mal ? Pourquoi ne pas admettre que nous avons les dépenses publiques les plus élevées d'Europe (et même de l'OCDE !) et que, parmi celles-ci, c'est sur les retraites que la différence avec la moyenne de la zone euro est la plus importante ?
 
Étonnante autocensure. La cancel culture s'applique donc désormais à l'économie. De la même manière que l'éditeur britannique de Roald Dahl biffe de ses œuvres des passages supposés offensants, le gouvernement extirpe de ses argumentaires le premier motif de sa réforme pour ne pas faire peur aux enfants. Pardon, aux Français. Lorsqu'un ministre affirme qu'il n'y aura «pas de perdants», cela ne rassure pas forcément, et susciterait plutôt des soupçons. «La justice, disait Michel Audiard, c'est comme la Sainte Vierge, si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s'installe.» Cela vaut aussi pour la sincérité. Y a-t-il une vraie gauche pour réformer la France ?�
 
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16/03/2023
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