2521- Abaya : les (trop) nombreux revirements de Jean-Luc Mélenchon 1 post

Abaya : les (trop) nombreux revirements de Jean-Luc Mélenchon

  • par Sébastien Schneegans, pour Le Point - septembre 2023 Republié par JALR
L’interdiction de l’abaya à l’école relève, selon l’Insoumis, d’une «nouvelle absurde guerre de religion». Il n’a pourtant pas toujours été sur cette ligne
 
«Comme les peintres, Mélenchon a ses époques.» Cette observation de Guillaume Lacroix, patron du Parti radical de gauche et confident du candidat Insoumis durant la dernière campagne présidentielle, paraît plus que jamais juste… Sur la laïcité, il y a plusieurs Mélenchon. Celui qui estime en 2010 que «le voile est une pratique répugnante et obscène», et celui qui participe en 2019 à la marche du CCIF, dissous depuis. Celui qui, à propos du burkini, juge en 2016 «odieuse» l'instrumentalisation «communautariste» du corps des femmes, et celui qui s'oppose vigoureusement au projet de loi visant à lutter contre le séparatisme, qualifiant le discours d'Emmanuel Macron sur le séparatisme de «discours contre les musulmans». Celui, enfin, qui considère en 2015 que le voile est un «stigmate», et celui qui pourfend la récente interdiction de l'abaya à l'école, déplorant même une «nouvelle guerre de religion».
Le «laïcitomètre» que Le Point avait créé dans son numéro du 29 octobre 2020 permet de dater l'année de la bascule : 2017. L'histoire est connue. Il a manqué 600.000 voix au candidat LFI pour se qualifier au second tour et s'est échiné, depuis, à faire le plein de voix dans les quartiers populaires. Stratégie payante : en 2022, selon un sondage Ifop pour La Croix, 69 % des votants de confession musulmane ont voté pour le tribun Insoumis. Sur le voile, Mélenchon a donc au moins deux époques. Les déclarations que nous avons recensées sont sans équivoque.
Mélenchon sur le voile et la laïcité avant 2017
Le 14 janvier 2010, sur France 24 : «Le voile est une pratique répugnante et obscène, parce qu'elle réduit la femme à son statut de proie sexuelle que l'on doit dérober au regard de l'homme […] C'est la négation de la dignité de la personne humaine femme, portée à un point qui a peu d'exemples comparables.»
En février 2010, dans Marianne, à propos d'une candidate voilée présentée par le NPA dans le Vaucluse : «La religion n'a rien à faire dans la politique.» «Il y a une confusion des rôles. Quelqu'un qui participe à une élection doit représenter tout le monde et pas seulement ceux dont ils partagent les convictions religieuses. En ce moment, on a le sentiment que les gens vont au-devant des stigmatisations : ils se stigmatisent eux-mêmes. Car qu'est-ce que porter le voile, si ce n'est s'infliger un stigmate ?» ajoutait celui qui était alors président du Parti de gauche (PG).
 
En mars 2010, au Parisien : «On ne prie pas dans la rue, point.»
Au Monde, le 24 janvier 2015, à propos du burkini : «L'instrumentalisation communautariste du corps des femmes est odieuse, c'est un affichage militant.»
Sur France 5, le 24 janvier 2015 : «C'est une erreur totale de confondre le racisme et l'islamophobie, de qualifier l'islamophobie de racisme.»
Sur Twitter, le 21 novembre 2015 : «Je conteste le terme d'islamophobie. On a le droit de ne pas aimer l'islam comme on a le droit de ne pas aimer le catholicisme.»
Sur France 2, le 25 août 2016 : «Je dis à tous les chefs religieux qu'il n'y a pas de consignes ni de Mahomet, ni de Jésus, ni de Moïse concernant les tenues de bain. Alors, ça commence à bien faire. Je ne suis pas du tout persuadé que Dieu se soit préoccupé des poils et cheveux.»
Mélenchon sur le voile et la laïcité à partir de 2017 :
Sur France 2, le 23 février 2017 : «La laïcité […], ce n'est pas la guerre contre une religion.»
Lors d'un discours, le 25 août 2020 : «Ces gens […] qui tout d'un coup se sont repeints en laïcs pour pouvoir détester avec des mots honorables la deuxième religion de ce pays et tous les musulmans de ce pays.»
Lors d'un autre discours, le 21 septembre 2020 : «Je mets en garde les apprentis sorciers contre l'utilisation de la laïcité pour masquer la volonté de s'en prendre à une religion.»
«Le discours de Macron sur le séparatisme est un discours contre les musulmans», assure-t-il le 2 octobre 2020, dénonçant une «haine des musulmans déguisée en laïcité».
Sur BFMTV, le 25 novembre 2021 : «Je suis excédé de voir comment sont traités tous les musulmans dans notre pays sur toutes les tribunes.»
Dans un entretien à La Revue des Deux Mondes, le leader de LFI assure, le 26 octobre 2022, qu'il irait encore à une «marche contre l'islamophobie» si une nouvelle manifestation était organisée. Son choix de participer à celle organisée par le CCIF en 2019 avait été très critiqué, y compris à gauche. L'association avait été accusée de «propagande islamiste» par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avant d'être dissoute.
Le 27 août 2023, aux universités d'été de LFI, à propos de l'interdiction de l'abaya annoncée par le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal : «Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d'un habit féminin.»�


21/09/2023
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