2776-Nouvelle Revue de presse du blog 20 posts



Ne faussons pas le débat sur la fin de vie

 


Sur un tel sujet, la fin de vie et l’aide à mourir, il faut se réjouir
qu’un groupe parlementaire, en l’occurrence les députés
macronistes, étale au grand jour ses divisions. On espère
que les autres bataillons de l’hémicycle ouvriront le débat et
laisseront la liberté de dire oui ou non à un texte si crucial dont les
auteurs ont – un peu par pudeur, beaucoup par hypocrisie – gommé
le mot « euthanasie ».


Rien ne serait pire qu’un tel projet de loi soit adopté à la va-vite,
en recourant à la discipline de vote qui peut se justifier à propos
du budget, des retraites ou des salaires dans la fonction publique.
Rien ne serait pire non plus que ce projet de loi soit rejeté au nom
de fausses raisons, brandies par ses adversaires qui en viennent
presque à prophétiser une épuration eugéniste dans les
hôpitaux et les Ehpad.


Les différentes Églises, celle de Rome en tête, sont dans leur
rôle en s’inquiétant de cette évolution législative, mais,
contrairement à leurs craintes, le mariage pour tous n’a pas,
loin de là, marginalisé le mariage hétérosexuel. Et si la natalité
française est en baisse, ce n’est pas parce que l’avortement a été
légalisé en 1974 et constitutionnalisé le 8 mars.


Puisqu’on parle d’IVG, la fin de vie présente en 2024 les mêmes
inégalités que l’avortement un demi-siècle plus tôt. Seuls les plus
fortunés peuvent s’offrir un spécialiste qui agira en catimini, voire
un aller simple en Belgique ou en Suisse. Ce n’est pas le seul sujet
qui révèle une discrimination, mais les Français ne sont pas égaux
face à la souffrance – la leur et celle de leurs proches.


Le projet de loi en introduit d’ailleurs une de plus en excluant les
maladies dégénératives de l’aide à mourir, y compris quand une
victime a d’avance prévenu, par écrit, qu’elle refusait sa déchéance
cérébrale. Après Françoise Hardy, il faut lire la tribune, tout aussi
bouleversante, de Charles Biétry, l’ancien (et vigoureux) patron des
sports de Canal+, condamné par la maladie de Charcot, qui ne réclame
qu’une chose, s’en aller tranquille et chez lui. En quoi sa mort
volontaire met-elle en danger la société, menace-t-elle notre cohésion,
introduit-elle un risque d’eugénisme ?


Soins palliatifs et suicide assisté (appelons les choses par leur vrai
nom) ne s’affrontent pas. Chacun doit être libre de choisir sa fin, de
déterminer sa douleur, de donner sa définition du mot dignité.
Mais la loi doit garder le dernier mot, fût-il murmuré.

 

                                  Éditorial Sud-Ouest Benoît Lasserre



23/03/2024
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