2739-LES FABLES DU RN RAVISSENT LES MÉDIAS FRANÇAIS 3 posts
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LES FABLES DU RN RAVISSENT LES MÉDIAS FRANÇAIS -
Le chaos semé par la Coordination Rurale - lors de la venue du chef de l’État au salon de l’agriculture - devrait tous nous interroger. Tandis que ses représentants partageaient, le lendemain, un repas avec la garde rapprochée du candidat Bardella, la connivence entre les 2 mouvements n’a visiblement pas perturbé la vision très premier degré des rédactions françaises. Chacun notera aussi le peu d’indignation (mise à part Ruth Elkrief sur LCI) face à la violence insurrectionnelle d’individus qui rappelait pourtant, dans sa forme, la tentative de putsch des trumpistes contre le Capitole américain.
UNE FASCINANTE DISCRÉTION
La proximité idéologique entre cette confédération et le RN n’a d’ailleurs quasiment jamais été mentionnée, durant les semaines de mobilisations agricoles, par les centaines de journalistes qui couvraient l’événement (presse, radio, TV) ; cette horde de reporters préférant soutenir les colères protéiformes ou chauffer à blanc les protagonistes lorsqu’il s’agissait de braver les interdits des forces de l’ordre.
Très peu de journalistes ont jugé utile - pendant cette séquence - de creuser un tant soit peu les liens, les ramifications et autres accointances permettant de mettre au jour la dimension politique de cette « colère spontanée ». Les journalistes les plus audacieux posaient timidement la question en se contentant d’une réponse en forme d’élément de langage « Non non, il n’y a pas de liens avec le RN ».
UN LÉGER MANQUE DE CURIOSITÉ
Ce surprenant manque de curiosité journalistique ne date pas d’hier puisque ce parti bénéficie, depuis plusieurs années, d’un traitement de faveur qui confine régulièrement à la complaisance. Rappelons-nous qu’il a fallu attendre le débat d’entre deux tours de la présidentielle 2022 pour qu’émerge véritablement la question des financements russes du parti d’extrême droite. Quant aux séances de selfies de l’influenceur Bardella, elles semblent suffire à masquer les contradictions manifestes de ce parti vis à vis de l'agriculture, ses votes passés en la matière (notamment sur le plan européen) ou encore l’ignorance crasse de son leader dès que les sujets deviennent techniques.
Certes, une bonne partie de nos médias est devenue tout autant populiste que le Rassemblement National, confondant statistiques et micro trottoirs, nourrissant les colères des Français par un traitement partial de l’actualité, encourageant les révoltes d’où qu’elles proviennent et quelles que soient leur noyautage politique, idéologique… Mais tout de même, n’est-il pas surprenant de se satisfaire de la surface des choses lorsque son métier consiste à rechercher la vérité ?
N’est-il pas troublant de passer sous silence les influences d’un parti quand son travail est censé éclairer les Français ?
« LA MACRONIE », ENNEMI PRIORITAIRE
La faiblesse programmatique du RN sur l’Europe ne suffit pas, elle non plus, à faire infléchir des rédactions qui ne semblent pas en mesure de dépasser leur détestation viscérale de « la macronie », leur opposition pavlovienne à l’État ainsi que leur rejet implicite des institutions (françaises et européennes) jusqu’à cautionner - implicitement - des violences aux accents factieux. Que faudra-t-il pour que la conscience et la raison puissent à nouveau affleurer au sein des rédactions ? Que le parti d’extrême droite conquière le pouvoir ?
