2581 - La Revue de presse du Bistrot de Marco 22 posts

Urgence européenne à l’Est

 

À l’orée d’un nouvel hiver de guerre qui s’annonce sombre,
les Ukrainiens ont reçu du baume au coeur avec la décision
de l’Union européenne d’ouvrir avec Kiev des négociations
d’adhésion. Elle fait suite à l’octroi en juin 2022 du statut
de candidat, à l’Ukraine mais aussi à la petite Moldavie roumanophone
dont l’enclavement sur la marche orientale de
l’Europe en fait une proie de choix pour l’expansionnisme
russe.


La route européenne, si elle se dégage, sera longue. Un vote
unanime des Vingt-Sept est nécessaire en décembre avant d’entamer
la course d’obstacles des réformes censées aligner Ukrainiens
et Moldaves sur les standards européens en matière
d’État de droit. Cela peut durer des années, comme c’est le cas
pour le club fourni des Balkans occidentaux qui patientent
dans l’antichambre.


Pourtant, l’invasion de l’Ukraine par la Russie rend plus
urgente que jamais la consolidation du flanc est de l’Europe. Vingt
ans après l’élargissement aux dix pays de l’ex-bloc soviétique, la sécurité,
voire la survie, du modèle européen imposent d’activer de
nouveau vers son orient la fameuse « boussole stratégique »
que revendique l’Union. Or le juridisme bruxellois, compréhensible
en temps de paix, est devenu paralysant à mesure que grossissent
les menaces.


S’ils veulent pouvoir protéger le pré carré européen des appétits
des grandes puissances – Russie, Chine, Turquie –, et défendre leurs
valeurs, les Vingt-Sept doivent livrer à l’Est une course de vitesse
à l’issue incertaine. Pour avoir une chance de la remporter, ils
doivent adresser d’urgence des signaux aux petits pays balkaniques
menacés d’éclatement (Bosnie, Kosovo) ou saisis de lassitude
(Monténégro, Albanie, Macédoine du Nord) face aux lenteurs
bureaucratiques bruxelloises.


L’UE doit aussi conjurer le tropisme prorusse de la Serbie, ce
cheval de Troie de Moscou au coeur des Balkans. Et encourager
l’espoir européen des Géorgiens, contrarié par des oligarques
proches de Poutine. Bruxelles vient de le faire en accordant à
Tbilissi un statut de candidat qui lui avait été refusé l’an dernier.
Mais cela ne suffit pas, s’agissant d’un État déjà amputé en 2008
de 20 % de son territoire par la Russie.


Et que dire de l’Arménie, européenne dans l’âme, et qui
craint d’être dépecée par son voisin azerbaïdjanais avec l’aide
de la Turquie dont on se demande comment elle est encore
candidate à l’adhésion à l’UE. Cette dernière, en tout cas, joue
son avenir à Kiev, Chisinau, Sarajevo, Belgrade, Pristina, Tirana.
Pari d’autant plus redoutable qu’elle doit aussi changer en profondeur
son fonctionnement pour ne pas devenir un grand ensemble
flou et vulnérable.

 

                                      Benoît Lasserre édito Sud-Ouest



12/11/2023
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