2576 - Christian Signol, le Quercy au coeur 2 posts

Lot : Christian Signol, le Quercy au cœur

L'enfant du Lot est l'un des rares écrivains à puiser son inspiration dans le terroir avec son authenticité. Ses ouvrages sont le témoignage réaliste de ce que fut la vie jadis.

 

Christian Signol.jpg

 

Christian Signol à la Foire du livre de Brive en 2020. ©Wikimedia Commons.

Par Rédaction Cahors Publié le 5 Nov 23 à 7:00  Actu Lot

 

 

D’où vient que Christian Signol, auteur originaire du Lot, rencontre toujours le même succès ? Depuis plus de trente ans, l’auteur de best-sellers, adepte de la pêche à la mouche, les pieds bottés dans la Dordogne, est plébiscité par une foule immense de lecteurs.

Chaque année, début novembre, à la Foire du Livre de Brive, le mur de ses livres et la très longue file d’attente devant le stand de son éditeur attestent de la ferveur dont jouit l’écrivain : il est devenu l’un des dix auteurs préférés des Français. Depuis le triomphe de « La Rivière Espérance », magnifique saga sur sa Dordogne à l’époque des bateliers, adaptée en feuilleton à la télévision en 1995 et diffusée en neuf épisodes d’1 h 40.

Et combien de romans parmi eux, ne nous présentent exclusivement que le Lot ou le Périgord de Sarlat (le pays de sa mère et son père) ? Plus de la moitié.

 

À lire aussi

Une vie de « paradis perdu »

 

Né dans le Lot, aux Quatre-Routes en 1947, aux confins des départements de la Corrèze et de la Dordogne, il y découvre « une région ensoleillée et chaleureuse où les gens sont d’un abord beaucoup plus facile que n’importe où ailleurs. Ils sont d’un courage et d’une force la plupart du temps silencieuse. Leurs rapports font du bien et représentent l’humanité que j’aime ».

C’est dans « sa petite école » d’abord qu’il apprend : les instituteurs Pierre et Amélie Fargeas, la poussière de craie de la classe, la découverte de la poésie au milieu des nombreux ouvrages de Victor Hugo, les tartines de pain beurré avalées à la hâte à l’heure du goûter. Et la vie en communauté du village : le garde champêtre annonçant la prochaine sépulture ou les décisions du conseil municipal, les forains agités le jour de la fête du bourg, la pêche aux écrevisses avec les copains.

Ah, les nuits de la Saint-Jean sur le causse autour de la maison familiale ! « La nuit ruisselait d’étoiles filantes et de senteurs tièdes auxquelles se mêlait celle du bois calciné. Une paix sans pareille habitait le causse qui semblait continuer de vivre et le chant des grillons bercés par l’haleine douce de la brise nocturne ajoutait au plaisir des promeneurs des notes de gaîté ».

Des années de paradis ! Mais à onze ans, l’enfant doit quitter son village pour la ville. Devenu pensionnaire à Brive, il se sent arraché à sa chère campagne. « En pension, ce n’était vraiment pas drôle : il y avait une discipline de fer et nous étions privés de sorties ». Des blessures qui ne se refermeront jamais. Le romancier choisit d’ouvrir alors la porte à ses souvenirs pour les transcrire et les partager.

 

Sa vie est un éternel roman qui a pris racine dans le Lot

 

Puis, grand adolescent, il doit choisir. À l’époque où ses copains fraîchement diplômés quittent le Sud-Ouest pour la Capitale, « pas par plaisir, mais pour travailler », lui, refuse Paris qui s’apparente à une punition. « Paris, c’est fou, c’est un cauchemar. Les gens sont hagards, comme frappés sur la tête. Ce matin sur le boulevard Montparnasse, il y avait un type à genoux, les bras en croix ». Si on lui objecte qu’il y a aussi des fous dans les villages, il répond : « Oui, mais dans les campagnes, tout est plus facile et la vie est moins chère ».

Il décide de rester à la sous-préfecture de la Corrèze. « Cela n’a pas été une décision facile. Car trouver du boulot, à l’époque… » Ce choix de vie à contre-courant lui réussit plutôt bien. Devenu rédacteur juridique à la mairie de Brive, il peut développer ses activités d’écriture.

 

Les gens de la terre sont guidés par le respect des valeurs

 

Christian Signol se met à écrire en hommage à « ses grands-parents bienveillants » et pour récupérer « ce droit dont j’avais été privé violemment à cause de mes blessures de l’adolescence ».

Il va conter le destin de ces humbles auxquels nul ne s’intéresse, ces oubliés dans les replis d’une province quelque peu désertée. Ce sera l’histoire de ses ancêtres bien sûr, mais aussi de ces gens de la terre qui ont vécu modestement et de fort belle manière, de toutes ces personnes dont la vie a été guidée par le respect de valeurs qui font aujourd’hui trop largement défaut.

Sa façon de célébrer le retour à la terre, la solidarité paysanne, les senteurs des champs, les fenaisons et les vendanges, l’odeur des cheminées au feu de bois, les somnolences des anciens près du cantou, le meunier symbole même de la persévérance au travail.

Et sa maison quercynoise à vingt minutes de son domicile est un trésor. Une petite bâtisse héritée d’un grand-oncle chevrier à Cazillac, au bord du causse de Martel où il jouit d’une vue imprenable sur le Plomb du Cantal et les contreforts de l’Auvergne : « Cent-cinquante kilomètres de ciel bleu, c’est vital pour moi. Là, je renoue le contact avec le monde naturel, le monde sensible ».

 

Le monde est source de bonheur

 

Capable de ressusciter un passé trop vite oublié, Christian Signol est à la fois Jean Giono de « Regain » et Jean Ferrat quand il chante sa montagne. Il essaie de retrouver la vérité de l’existence, ses vraies richesses, celle d’une humanité généreuse et du contact avec le monde sensible : « Dans les collèges, je dis toujours aux jeunes générations que le meilleur de la vie les attend, que le meilleur est pour demain ».

Mieux que personne, il sait donner un sens à la vie des oubliés de l’Histoire. Ses héros sont des gens partis de rien qui ont simplement passé leur vie à cultiver les valeurs que leur ont transmis leurs aïeux. Par fidélité, attachement et devoir, il nous en transmet l’esprit. Et en devient un « gardien des bonheurs et des trésors de la vie », agrémentés de cadres bucoliques.

 

À lire aussi

L’eau, les arbres, les herbes des terres arides, les aubes, les soirs, les saisons… la splendeur du monde qui nous entoure est infinie. À travers ses pages où se mêlent souvenirs d’enfance, charmes passés, impressions de toujours, Christian Signol nous entraîne dans un voyage où la sensation du bonheur et celle de l’éternité sont intimement liées : « J’ai toujours pensé, écrit-il, que la beauté du monde était destinée à nous faire oublier la brièveté tragique de nos vies. Peut-être un cadeau de Dieu, s’il existe comme je l’espère. Mais nous n’en sommes pas conscients, hélas ! Nous ne savons plus voir à quel point la terre est belle. Et pourtant, le monde vit. Auprès de nous. Sans nous. Ou avec nous. Regardez-le ! Écoutez-le ! Il est source de bonheur ».

 

André DÉCUP

 



05/11/2023
2 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 355 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion