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La juste crainte de Zelensky

 

A première vue, il serait légitime de trouver indécentes les déclarations de Volodymyr Zelensky, craignant que le conflit rouge sang entre Israël et le Hamas repousse au deuxième, voire au troisième plan l’invasion russe en Ukraine. Comme si un acteur célèbre et dévoré par son ego se lamentait de l’ascension d’un concurrent qui lui volerait la vedette au générique.

 

Ce serait intenter un faux et injuste procès au président ukrainien qui ne parlait pas pour sa personne mais en faveur de son pays et surtout sa population. Parmi les dirigeants de la planète, il est un des rares (heureusement) à pouvoir évoquer en connaissance de cause l’effroi et l’horreur que suscite une guerre au sein d’une communauté d’hommes, de femmes et d’enfants qui n’aspirent qu’à vivre en paix, sans craindre en se levant le matin d’être égorgés ou déchiquetés par un missile tombé du ciel.

 

Tout en exprimant sa compassion envers les victimes israéliennes et gazaouies, victimes directes pour les unes, collatérales pour les autres, du Hamas, secte terroriste à la sauvagerie sans limites – n’en déplaise à la frange extrémiste des Insoumis, de plus en plus embourbés dans leur complaisance envers l’islamisme – Zelensky a le droit de s’inquiéter. Une actualité chasse l’autre, ce n’est pas nouveau. Un bombardement sur Lviv ou Kherson ne fait plus la une des journaux et mobilise moins la diplomatie mondiale dont les yeux sont tournés vers le Proche-Orient.

 

Ne tombons pas au fond du complotisme le plus sommaire en affirmant que le raid meurtrier du Hamas a été prémédité afin de détourner l’attention de la communauté internationale. Le Hamas, ses zélateurs et ses mécènes n’ont besoin d’aucun contexte pour nourrir d’atrocités leur barbarie et leur antisémitisme.

 

Mais à qui profitent les assassinats perpétrés au sein des kibboutz ou parmi les fêtards du 7 octobre, sinon à Moscou et son allié iranien, le souteneur du Hamas ? Qui parle encore des crimes de guerre commis par le Kremlin ou du Nobel de la paix attribué à Narges Mohammadi, gifle sur la joue des mollahs ? Le comble du cynisme est atteint, sans surprise, quand Poutine et le Turc Erdogan, deux des autocrates les plus sanguinaires du globe, déplorent au téléphone que l’affrontement entre Israël et le Hamas tue de nombreux civils.

 

Volodymyr Zelensky a un autre vrai motif de se tourmenter. Sous la pression des élus trumpistes et pour éviter le « shutdown » de l’administration fédérale, Joe Biden a dû, au début du mois, différer une enveloppe de 24 milliards de dollars à Kiev. Dans l’immédiat, la Maison-Blanche privilégie l’aide financière et militaire à Israël, pas à l’Ukraine. Poutine peut dire un grand merci au Hamas. Entre bourreaux, on peut bien s’entraider.

 

                                                                       Benoît Lasserre édito Sud-Ouest

 



12/10/2023
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