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ÉDITORIAL Aux États-Unis, pas de 49.3 !

 

On dit qu’il est l’homme le plus puissant du monde, mais le président des États-Unis n’a pas d’article 49.3 dans son arsenal institutionnel. Même son droit de veto peut être contourné par le Congrès grâce aux orfèvres de la Constitution américaine.

 

 

Joe Biden, et ses prédécesseurs avant lui, en est réduit à exhorter les parlementaires du Sénat et de la Chambre des représentants à s’accorder sur le budget fédéral. Sans quoi le pays endure le fameux « shutdown » dont les conséquences s’avèrent désastreuses pour l’Amérique : les fonctionnaires et les militaires sont placés en chômage technique et ne sont plus payés, le trafic aérien subit des perturbations et les célèbres parcs naturels sont fermés.

 

Les partisans de la démocratie du compromis assurent que cela oblige les congressistes à la négociation, comme on la pratique en Allemagne ou au Parlement européen, le temps de parvenir à un consensus. Il n’est pas sûr que les Américains concernés soient aussi enchantés, surtout ceux qui ont vécu les deux plus longs épisodes de clé sous la porte. Vingt et un jours fin 1995 pendant le mandat Clinton, et trente-trois jours à Noël 2018 avec Donald Trump à la Maison-Blanche, dont les rodomontades n’ont servi à rien.

 

Ce samedi, les élus du Congrès ont conclu un marché budgétaire qui revient à reculer pour mieux sauter… ou tomber dans un trou. Joe Biden affiche son soulagement. Tout relatif, puisque la transaction entre Démocrates et Républicains exclut l’Ukraine, à laquelle le président américain veut verser une nouvelle aide de 24 milliards de dollars. Il faudra une autre tractation en faveur de Kiev. Elle s’annonce sismique. Télécommandés par leur gourou, les missionnaires trumpistes réclament en effet l’arrêt de ces enveloppes, adoptant le slogan de l’extrême droite française, « les nôtres avant les autres », ainsi que la tête du chef des représentants des Républicains, qualifié de traître. Déjà à hauteur du menton, les masques tombent. Le retour de Trump au pouvoir serait une bénédiction pour Vladimir Poutine et une tragédie supplémentaire pour les Ukrainiens.

 

Ne nous leurrons pas, le sort du drapeau jaune et bleu, donc de l’Europe, se joue dans la campagne présidentielle 2024 qui a commencé en trombe et, avec les capacités de l’intelligence artificielle, va être la plus pestilentielle de l’histoire américaine. Reste que, aussi étrange que cela puisse paraître, Donald Trump est capable de réfléchir. Malgré le jusqu’au-boutisme de sa base, il envisage de verser de l’eau dans son soda à propos de l’interdiction de l’avortement qui lui a coûté cher aux élections de mi-mandat. Les Américains vont de toute façon affronter pire que le « shutdown » : l’âge de Biden et de Trump en novembre 2024. 

 

                                                                        Benoît Lasserre editorial Sud-Ouest



02/10/2023
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