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  En attendant l’explosion de la bombe migratoire africaine
  • par Franz-Olivier Giesbert, pour Le Point - septembre 2023
Face à la forte croissance démographique de l’Afrique, l’Europe devrait tout mettre en œuvre pour favoriser le développement interne du continent.
 
Si nous ne nous occupons pas de l'Afrique, c'est elle qui s'occupera de nous. On ne peut plus douter qu'elle fasse peser aujourd'hui un risque systémique sur notre vieux continent.
 
«France, dégage !» est un slogan qui fait florès, jusqu'au Sénégal. Notre pays serait, paraît-il, condamné à quitter l'Afrique avec armes et bagages, au nom du sens de l'Histoire. Après les putschs «antifrançais» du Burkina, du Mali ou du Niger, en attendant les suivants, c'est ce que nous serinent les oiseaux de malheur et, chose étrange, beaucoup de Français semblent s'en réjouir.
La révolution de palais au Gabon est-elle une nouvelle étape de ce processus d'élimination de la France ? Apparemment, il ne s'agit que d'un changement de régime. Contrairement à tant d'autres, ce pays riche en uranium et en pétrole n'est pas travaillé pour l'instant par les ressentiments antifrançais qui montent en Afrique, au fur et à mesure que notre faiblesse, si j'ose dire, s'impose.
 
Une jouissance morbide a cependant accueilli, en France, l'annonce du coup d'État qui, au Gabon, a renversé Ali Bongo, l'héritier du fameux Omar, président de 1973 à 2009, élu et réélu six fois, «grand ami» de la France et «bienfaiteur» d'une kyrielle de dirigeants de droite ou de gauche. Serait-ce la preuve que notre disparition de l'Afrique est écrite ?
 
Tels sont les effets de la fatigue et du fatalisme, de bien mauvais conseil quand notre vieux continent est menacé par une énorme bombe à retardement migratoire. Passée de 100 à 700 millions, la population de l'Afrique a été multipliée par sept au cours du XXe siècle et atteint aujourd'hui 1,4 milliard. Selon un rapport du Sénat, elle devrait fortement augmenter d'ici à 2050 en culminant - hypothèse basse - à 1,9 milliard. Nicolas Sarkozy avance même le chiffre de 2,5 milliards, dont 50 % de personnes de moins de 20 ans. Ainsi, Lagos, la grande métropole du Nigeria, 60.000 habitants dans les années 1960, devrait en compter… 32 millions. Autant dire que les vagues migratoires d'aujourd'hui sont de la roupie de sansonnet en comparaison de celles qui nous attendent.
 
«La Ruée vers l'Europe» - titre du livre prophétique de Stephen Smith (1)- est donc plus que jamais d'actualité. Ancien journaliste du Monde et de Libération, devenu universitaire aux États-Unis, l'auteur a rompu avec son camp en nous mettant en garde contre l'angélisme nunuche et progressiste qui, tout comme l'isolationnisme ultranationaliste, est en train de creuser la tombe de notre vieille Europe. Notre passivité nous perdra : l'Afrique est l'urgence des décennies à venir et nous n'avons pas le droit de continuer à regarder le désastre annoncé, les bras ballants, comme si nous refusions de voir qu'il sera aussi le nôtre.
 
Ne vaut-il mieux pas laisser l'Afrique aux Chinois, aux Russes ou aux Turcs qui, armés de «bons sentiments», ne songent, bien sûr, qu'à favoriser son économie ? C'est la petite musique que font entendre les godiches de l'immigrationnisme : si les Africains ne veulent plus de nous, qu'importe ! Réflexe dangereux : en les sanctionnant, nous nous punirions nous-mêmes. S'il y avait des femmes ou des hommes d'État à la tête de l'Europe, ça se saurait : ils travailleraient au grand plan de développement dont a tant besoin le continent africain pour garder ses bras sur place.
 
L'Afrique a toujours attiré les prédateurs comme des mouches, et la Russie, qui n'est pas le moindre d'entre eux, n'a cessé d'avancer ses pions, au détriment de la France, à travers son organisation paramilitaire Wagner. Au Mali comme ailleurs, Poutine, qui se dit «largement d'accord» avec Sarkozy, soutient les tyranneaux prévaricateurs qui enfoncent leur pays dans la misère, tandis que la Chine et la Turquie tissent leur toile. Ces stratégies de pillage organisé n'auront qu'un temps. À moins d'accepter que l'Histoire roule sa meule sur notre vieux monde, nous avons un rôle majeur à jouer, mais finissons-en d'abord avec les complexes : si l'esclavage occidental fut une infamie, il a été beaucoup moins important et ne dura pas aussi longtemps que l'esclavage musulman, dont on ne parle jamais, et qui se traduisait, en plus, par la castration de tous les hommes !
 
Mettons du gaullisme dans notre moteur et retrouvons l'état d'esprit qui prévalait après que de Gaulle eut décolonisé l'Afrique subsaharienne en 1958. On l'a trop souvent réduit à la «Françafrique», système d'exploitation qui était certes une réalité, mais que sublimait aussi un réel amour-passion du continent, celui dont de Gaulle, son meilleur chantre, disait qu'il avait permis d'accomplir «une grande œuvre humaine» faisant «honneur à la France», en dépit des «abus et des erreurs», contrairement à ce que rabâchaient «les démagogues de bas étage» (2).�
Aimons l'Afrique à nouveau et elle finira par nous aimer !
  1. «La Ruée vers l'Europe», de Stephen Smith, Grasset, 2018.
  2. Conférence de presse du 11 avril 1961.
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21/09/2023
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