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LA MAJORITE SILENCIEUSE S'EXPRIME

 


Josyane Dupuis
Le calme après la tempête - Les Truchot et Marschall ont fini par déposer leurs casseroles et consenti à la fin du combat. Bien sûr, ce ne fût pas simple après tant de semaines de lutte à nourrir les colères, attiser les révoltes, remettre en cause les institutions de la République. Même fin tragique pour la carte de France des casserolades - sublime invention de la rédaction de BFM TV - qui tendait à promouvoir les actions bruyantes contre les ministres en annonçant leurs prochains lieux de déplacements.


Que dire des rédactions de France 3 ayant réalisé - 4 mois durant - des centaines de reportages sur les actions de la CGT pour finalement se retrouver dépossédées de leur principale motivation à aller travailler. La société des journalistes avait eu beau exiger de sa direction la transformation complète du média public en outil de propagande, elle devait se contenter de 40 ou 50% des JT consacrés aux grèves, pas un pour cent de plus ; on comprend dès lors les sentiments d’injustice et d'incompréhension qui ont pu traverser les équipes.

 

Et puis il y avait tous ces braves journalistes qui, hurlant avec la meute, s’étaient pris pour des phrygiens voulant s’affranchir du joug totalitaire. Ils officiaient sur TMC, sur RMC Info ou sur France Info et ne savaient plus bien s’il fallait commenter les quelques barricades ou bien monter dessus pour crier « Halte aux puissants ! Halte aux oppresseurs ! ». Il était fort logique, dans cet esprit, que BFM TV dépêche une équipe pour relayer les quelques dizaines d'Insoumis qui scandaient la mise à mort du tyran, la décapitation du chef de l’État.

 

Les médias d’opinion (de gauche) s’emparaient, eux aussi, de la grande affaire en soulignant « la dérive autoritaire du pouvoir ». De Médiapart au Monde en passant par Libération, les tribunes d’indignation succédaient aux éditos enflammés ; n’hésitant pas à comparer la gouvernance française à celle de la Hongrie, de l’Iran ou de l’Égypte ; nous glissions sur « une pente illibérale » où des drones surpuissants allaient surveiller les manifestants pacifiques et leur asséner - juste pour le plaisir - des décharges de Tazer au moindre mouvement suspect. Nous étions entrés, de plain-pied, dans le 1984 de Georges Orwell.


Puis, contre toute attente, cette séquence politico-médiatique s’est dissipée aussi rapidement que les stades de football se vident après une rencontre ; les cortèges se sont éclaircis tandis que les médias semblaient avoir la tête ailleurs, accaparés par de nouvelles polémiques, de nouveaux scandales ; sans doute le besoin d’un retour au quotidien pour nos héros flanqués d’une carte de presse. Le tintamarre des casseroles a alors disparu et avec lui tout un pan du journalisme français ; celui qui consiste à épouser les révoltes sociales sans la moindre distance, sans le moindre esprit critique, sans une once de déontologie.



18/06/2023
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