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Cazeneuve, trop conventionnel ?

 

Le lecteur, féru de François Mauriac qu’il est, le comprendra mieux que personne, Bernard Cazeneuve doit s’attendre à être traité de sagouin par ses anciens camarades du PS, passés à la Nupes, plutôt qu’être accueilli par des mains jointes, saluant celui qui viendrait sauver la social-démocratie dont on ne sait plus vraiment si elle s’est trop diluée dans le macronisme ou si elle a coulé à pic après la bérézina d’Anne Hidalgo au printemps 2022.

Le dernier Premier ministre de François Hollande – qui soutient l’initiative – lance donc, ce samedi, son mouvement intitulé « La Convention », censé ratisser cette gauche qui refuse la soumission aux Insoumis et celle qui s’éloigne d’un président Macron dont la réforme des retraites ou la future loi sur l’immigration, ainsi que sa main souvent tendue aux Républicains, confirment le glissement vers la droite. Exemple de ces déçus du chef de l’État qu’il a pourtant soutenu avec la foi du charbonnier, l’ex-député girondin Gilles Savary a annoncé son ralliement à Bernard Cazeneuve en compagnie d’autres ex élus socialistes.

On comprend que celui qui s’était retiré de la politique active en 2017 pour revêtir la robe d’avocat y revienne avec une formation dont le nom se réfère au François Mitterrand des années 1960. Mais qui dit Convention pense conventionnel. C’est le problème de Bernard Cazeneuve. Dans une époque façonnée par les réseaux sociaux, les plateaux télé transformés en jeu de massacre, les raisonnements raccourcis à deux cents signes, la conflictualité érigée en idéologie, le ton tempéré et peu bruyant de l’ancien élève de Sciences Po Bordeaux, peut sembler monotone, voire ennuyeux.   

    Bernard Cazeneuve ne pourra pas non plus s’éterniser dans la posture du baigneur qui trempe son orteil dans la mer et se demande s’il plonge ou non. Politologue chevronné, Roland Cayrol constate que les Français aiment la personnalisation du pouvoir. Dans les années 1960, Mitterrand faisait déjà de l’Élysée l’objectif de sa vie, ce qui implique qu’il faut empêcher les autres d’y accéder. Ses partisans peuvent-ils rappeler à Bernard Cazeneuve que pour le refrain, « Je n’ai pas d’ambition pour moi, mais seulement pour mon pays », on a déjà donné et plus personne n’y croit ?

    Celui qui a accueilli Édouard Philippe à Matignon en 2017 n’a pas tort de souligner que l’Élysée est encore loin et que le chemin fera trébucher bien des prétendants. Son successeur vient justement de poser une balise éclairante avec son discours musclé sur l’immigration. L’essentiel est de ne pas confondre vitesse et précipitation. En rétropédalant ostensiblement après des déclarations mal ficelées, François Ruffin ou Carole Delga ont prouvé que respecter certaines conventions, au fond, ce n’était pas si mal.

                                               Benoît Lasserre édito Sud-Ouest

 

Cazeneuve.
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10/06/2023
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