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Si la jeunesse veut sauver le monde…

 

Le progrès et la technique sont conspués lorsqu’ils ne servent pas les intérêts des nouveaux gardiens autoproclamés de la nature

 

Les Français n’ont pas le moral. Les voilà au vingt et-unième rang seulement dans le classement annuel des pays où il fait bon vivre ! Certes, les dépenses dites contraintes, liées au transport, à l’énergie, aux assurances, au logement, augmentent. La prétendue dématérialisation leur complique surtout la vie, en particulier au moment de remplir les déclarations d’impôts. Et les 100 000 bornes de recharge que compte désormais la France n’empêchent pas la voiture électrique de rester prohibitive et peu commode. Mais notre espérance de vie reste l’une des plus élevées au monde. Notre pays, l’un des plus attractifs pour les touristes. Et si les grèves et les chantiers ternissent l’éclat de Paris, tant mieux pour la province, pour Bordeaux ! D’accord, nous ne gagnons pas l’Eurovision, mais nos films et notre gastronomie continuent de séduire. Et si de nombreux Français se serrent la ceinture, beaucoup d’autres continuent de partir joyeusement en vacances, de savourer les loisirs et les bonnes choses du quotidien.

Pourquoi sommes-nous si malheureux ? Notre mal-être a réussi à produire une jeunesse aussi désabusée que radicale et qui s’angoisse pour l’avenir dans une « solastalgie » qu’une armada d’organisations rivales, toutes persuadées d’être investies de la mission de sauver l’humanité d’une catastrophe annoncée, se chargent d’entretenir, allant jusqu’à légitimer la violence comme arme de contestation.

Parce qu’ils sont susceptibles de dégénérer en foyers d’insurrection, 42 sites en France font aujourd’hui l’objet d’une surveillance accrue du ministère de l’Intérieur, dont une dizaine en Nouvelle-Aquitaine.

Dès qu’il s’agit de changer un lieu, d’édifier un parc photovoltaïque, de creuser une retenue d’eau ou une carrière, de construire une autoroute, des milliers de militants déterminés se mobilisent au nom des atteintes portées à une nature qui serait forcément bienveillante et immuable. Alors même que nos paysages sont d’abord des héritages, construits par l’ingéniosité humaine et en perpétuelle évolution, il faudrait revenir à un âge d’or qui n’a jamais existé, ne surtout toucher à rien !

Bien sûr, les défis sont immenses : changement climatique rapide, érosion de la biodiversité, nécessité de réduire les pollutions, tout en préservant ce niveau de vie qui rend l’Europe si convoitée par les migrants, souvent au péril de leur vie, hélas. Mais qu’il s’agisse des énergéticiens, des agriculteurs ou des urbanistes, tous les secteurs essaient aujourd’hui de trouver des réponses, de créer des richesses, de maintenir les emplois, de mieux protéger

l’environnement.

Pourtant, le secteur productif est devenu coupable, et les contrôleurs aux missions punitives se multiplient. Un sacré paradoxe quand personne, sinon quelques survivalistes, ne peut se passer de la modernité. Les nouveaux réseaux asociaux sont ainsi de grands utilisateurs d’électronique et de smartphones pour mobiliser leurs troupes, qui exigent d’être secourues par la meilleure médecine quand elles se mettent en danger.

Le progrès et la technique sont néanmoins conspués lorsqu’ils ne servent pas directement les intérêts des nouveaux gardiens autoproclamés de la nature. Ne mérite-t-elle pas mieux que ces écoguerriers qui enfoncent des clous meurtriers dans les troncs d’arbres, emploient des munitions de guerre, dévastent les cultures et les plans d’eau au nom d’une mission salvatrice dont la prétendue légitimité s’exerce contre les valeurs républicaines et la démocratie élective ?

Si la jeunesse veut sauver le monde, qu’elle ne s’épuise pas en de vains combats : marcher pour le climat, se coller à des trottoirs, ça ne sert à rien. Pour rester le bastion le plus avancé de la qualité de vie, de la liberté, de la protection de la nature, il faut de l’innovation, de la confiance en l’avenir et du progrès. Dans l’agriculture, les avancées de l’agroécologie, de la nouvelle gestion des sols, de la génomique végétale, de la pulvérisation d’ultra-précision rendent réalisables le Pacte vert et l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050.

           À l’heure où le gouvernement, sous le nom de service national universel, évoque le retour à une forme de conscription, proposons à cette jeunesse déboussolée, et qui a souvent oublié à quel point elle était privilégiée,  dans l’agriculture, l’urbanisme durable, l’écoconception, le biosourcé, l’économie circulaire : plus que jamais, nous avons besoin de son énergie et de son dynamisme pour transformer positivement notre monde.

 

LA CHRONIQUE DE SYLVIE BRUNEL dans Sud-Ouest Dimanche

 

Le progrès et la technique sont conspués lorsqu’ils ne servent pas les intérêts des nouveaux gardiens autoproclamés de la nature



21/05/2023
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