2329- Fabien Roussel se fait sa place. 5 posts

Fabien Roussel se fait sa place

 

Et si, depuis avril dernier, la véritable disruption ne se situait
plus à l’Élysée mais place du Colonel-Fabien, le siège du Parti
communiste. Si le fameux « en même temps » ne qualifiait
plus le dépassement du clivage gauche-droite, grâce auquel
Emmanuel Macron s’est fait élire en 2017, mais celui du clivage
gauche-gauche qui empoisonne le débat entre partisans et adversaires
de la Nupes, surtout après la législative partielle ayant
entériné la victoire d’une socialiste dissidente face à la députée
insoumise sortante.


On a ainsi pu assister à la résurgence des commissaires politiques
qui, parfois du haut de leurs trente ans enrubannés par une
écharpe parlementaire, décernent le brevet d’appartenance à la
gauche ou excommunient. Un maccarthysme à l’envers. C’est là
qu’intervient Fabien Roussel, numéro 1 du PCF depuis cinq ans,
vedettarisé par son parcours (plus que par son score) à la présidentielle
2022.


En affirmant que la Nupes ne présente pas un bilan globalement
positif et doit élargir son socle vers la gauche sociale-démocrate,
le député du Nord a joué au chien dans un jeu de quilles, y
compris dans son propre camp où rares sont pourtant ceux qui le
contestent. La légitimité de Fabien Roussel, surtout dans un parti qui
pratiqua jusqu’à l’envi le centralisme démocratique, est qu’elle
émane d’un vote des militants alors que, chez les Insoumis, on
préfère le concept beaucoup plus flou de consensus.


Place du Colonel-Fabien, certains
craignent que Fabien Roussel devienne « le coco favori de la
droite ». Ne nous y trompons pas, si le lointain successeur de
Georges Marchais a droit à l’encensoir macroniste, voire républicain,
c’est qu’il est devenu l’une des bêtes noires de Jean-Luc Mélenchon.
Il y a dans cette rivalité un duel idéologique et stratégique,
mais d’abord un affrontement personnel.


Ratiboisé par François Mitterrand et le Parti socialiste après
avoir dominé la gauche des années 1960, le PCF ne veut pas d’une
nouvelle hégémonie, celle des Insoumis qui se sont, indéniablement
et durablement, installés à la pole position électorale des
adversaires du libéralisme grâce à Jean-Luc Mélenchon.
Peu habitué à ce qu’on lui dispute son autorité intellectuelle et
charismatique, le triple candidat à l’Élysée ne comprend évidemment
pas la démarche de Fabien Roussel qui donne des coups de
pied à la statue du Commandeur, indifférent aux gémonies où le
vouent les fidèles de ce dernier.


Au-delà des idées et des couplets sur l’actuelle Constitution,
cette joute verbale entre Roussel et Mélenchon atteste que, dans
notre arène politique, s’il veut exister et convaincre, un parti n’a
d’autre choix qu’être dirigé par une personnalité forte et identifiée.
Ce sont les électeurs qui le rappellent.

 

                                                    Benoît Lasserre édito Sud-Ouest 

                                                       


Ratiboisé par François Mitterrand et le Parti socialiste après avoir dominé la gauche des années 1960, le PCF ne veut pas d’une nouvelle hégémonie, celle des Insoumis

 

 Quatennens.jpg

 



10/04/2023
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