Écologistes, polémiques et poêles Tefal

Éditorial Sud-Ouest
Benoît Lasserre

Les Écologistes ont décidément l’art de se tirer des cartouches
(bio, espérons-le) dans le pied gauche. À moins de dix semaines
d’une élection européenne qui lui a souvent souri mais
pourrait cette année lui faire la grimace, le parti vert se parasite
lui-même alors qu’un de ses députés, le Girondin Nicolas Thierry,
s’apprête à ferrailler au sein de l’hémicycle du Palais-Bourbon.
Son projet de loi vise à interdire, à compter du 1er janvier 2026, la
fabrication et la vente de certains produits contenant ce qu’on appelle
des polluants éternels, terme plus simple à comprendre que
« PFAS » ou « per- et polyfluoroalkylées ».

Sont concernés des ustensiles de cuisine dont les poêles Tefal, des
cosmétiques, des textiles et des farts à ski. De l’écologie du quotidien,
s’appuyant sur des études scientifiques sérieuses et avérées, qui, bien
sûr, soulève contre elle la circonspection attendue du gouvernement
et l’opposition des entreprises commercialisant les objets mis en cause.

C’est ainsi qu’on a pu voir et entendre à Paris des centaines
de salariés de SEB martelant des casseroles et exigeant le
retrait du texte de Nicolas Thierry, qui mettrait en danger leur emploi.
La spontanéité de ce mouvement n’est évidemment pas garantie
puisqu’il était soutenu par la direction, trop contente de laisser ses
ouvriers monter au front.

Les casseroles écologistes font pourtant plus de bruit. Celles que la
direction du parti a accrochées au dos d’une des figures de l’ex-EELV
Julien Bayou. Accusé de violences psychologiques par son ancienne
compagne, menacé d’une enquête endogène, le député de Paris a
pris les devants et claqué la porte. Écologie pragmatique versus écologie
fondamentaliste ? Est-ce à des militants de décider de la culpabilité
d’un élu contre lequel la justice n’a ouvert aucune procédure ?
Peut-être Julien Bayou s’est-il mal comporté envers celle qui le dénonce
et, si oui, il doit en payer les conséquences. Mais quand on
connaît les rancunes, les inimitiés et les coups tordus que recèle la
vie politique, pas seulement chez les Écologistes, la sérénité et l’impartialité
deviennent encore plus indispensables. Une commission
interne n’est pas le meilleur endroit pour les trouver.

Engluée dans les sondages, la tête de liste aux européennes Marie
Toussaint n’avait pas besoin de cette infortune de plus. Nul doute
qu’elle aimerait parfois ressembler à une poêle Tefal sur laquelle
glisseraient les esclandres de ses colistiers.