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Dans les campagnes, on peut réparer la planète !

 

Le Salon de l’agriculture vient d’ouvrir ses portes à Paris  Pendant deux semaines, la France va se précipiter Porte de Versailles.

Le Salon, c’est une immense kermesse, des couleurs, du bruit, de délicieuses spécialités, à l’image de l’excellence de nos terroirs. Mes étudiants de la Sorbonne adorent s’y rendre. Pas seulement pour les dégustations, surtout au pavillon des Outre-mer, ou pour caresser les vaches et échanger avec des éleveurs de leur âge, fiers de présenter leurs bêtes dans des comices agricoles qui résistent, malgré l’urbanisation et la perte de nos racines rurales. Je les y envoie surtout pour le pavillon 4, celui des métiers et organisations agricoles. Car si la profession innove, elle souffre aussi. Notre souveraineté alimentaire est en danger : 20 000 départs à la retraite chaque année, 13 000 installations seulement. Une exploitation sur trois ne trouve pas de repreneur. Beaucoup se découragent face à la difficulté croissante du métier, l’inflation, le coût des intrants, la fluctuation des prix, les heures de travail non rémunérées… Mais aussi aux critiques sociétales permanentes. Incroyable comme attaquer l’agriculture, surtout si
elle est performante, relève désormais du réflexe pavlovien ! Les agriculteurs sont toujours rendus coupables de tout, alors que leurs méthodes de production ne cessent de progresser. Avec un double standard permanent qui ostracise le monde rural : face à la pandémie de Covid, les vaccins ARN ont sauvé des millions de vies, mais les agriculteurs devraient laisser crever leurs bêtes et leurs plantes et se passer du génie génétique. Nous avons des piscines, mais leur interdisons
leurs réserves, qualifiées de bassines. Et qui sait que les eaux urbaines sont bien plus contaminées que les eaux rurales ?
S’ils n’avaient pas aussi bien travaillé, nous souffririons de la faim comme une partie du monde et ferions moins les enfants
gâtés. Un nombre croissant de foyers doivent d’ailleurs se serrer la ceinture face à la flambée des prix. Dans l’énergie, dans l’industrie, le principe de réalité s’est imposé face aux situations inquiétantes de dépendance dans lesquelles nous nous étions placés. Dans l’agriculture, il nous reste à faire le même chemin.
Bien sûr, la France continue de faire partie du petit groupe des pays exportateurs de céréales et elle a plus de 500 AOP (Appellations d’origine protégée, NDLR), un record en Europe, mais elle dévisse petit à petit. Pour faire face aux enjeux de la transition écologique, il faut des moyens.
Pourtant, nous continuons à préconiser le petit, le « modeste », terme à la mode. Comme si les jeunes étaient prêts à retourner à la binette ! Beaucoup des nouvelles installations en micromodèles se découragent devant la pénibilité et la précarité du métier. De plus en plus de bio se « déconvertissent », retournant au conventionnel parce qu’ils n’arrivent plus à vendre, en raison de la concurrence déloyale du bio importé, aux critères bien moins exigeants, et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages, qui privilégient le discount.


Le racisme de classe, les injonctions à revenir au passé, les critiques ignorant la technicité des métiers de la terre, où on travaille avec le vivant et soumis aux caprices du temps, c’est une faute que nous risquons de payer très cher. Au-delà des deux semaines de rencontres du Salon, superbe parc d’attractions, il nous faut respecter ceux qui nous nourrissent, comprendre tout ce qu’ils mettent en oeuvre pour répondre à nos attentes contradictoires.Cesser de maltraiter ceux qui nous font vivre.


Les jeunes qui marchent pour le climat en veulent à leurs aînés pour leur prétendue inaction ? L’instauration d’un service civique
agricole leur permettrait d’aller concrètement sauver la planète,,auprès de  ces agriculteurs qui produisent de la nourriture , mais aussi des paysages, du biosourcé renouvelable pour remplacer le fossile, et qui le font en stockant du carbone : une forêt cultivée, une prairie, un champ de maïs, incroyables usines à capter du C02, ce sont des « infrastructures agroécologiques » essentielles pour atténuer les chocs climatiques. Les campagnes ont toutes les réponses du développement durable !

 

Ce service civique agricole permettrait de former des jeunes motivés et confiants en l’avenir, en une grande réconciliation nationale. Sans une agriculture puissante, la France perd son identité, sa force économique, mais aussi son indépendance, dans
un monde où l’arme alimentaire est revenue au premier plan. Mobilisons la jeunesse autour de ces défis !

 

SYLVIE BRUNEL   chronique pour Sud-Ouest


écrivaine et géographe



26/02/2023
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