2245- Un chantier peut en cacher un autre 6 posts

Un chantier peut en cacher un autre

 

Voilà qui s’appelle charger la barque. Alors que la réforme
des retraites a déjà fait défiler deux fois de suite plus
d’un million de Français mécontents, le gouvernement,
impavide, présente son projet de loi sur l’asile et l’immigration,
 un thème tout aussi clivant que le premier
et qui, à défaut de jeter les gens dans la rue, passe pour avoir le
potentiel de faire ou défaire un scrutin.


S’agit-il de faire diversion ? Ou simplement de montrer que
des vents contraires ne le feront pas dévier du programme
qu’il s’est fixé ? Toujours est-il que le pouvoir remet sur la table
un sujet sur lequel on a déjà légiféré vingt-neuf fois depuis
1980, soit en moyenne une fois tous les dix-huit mois.
Il arguera que la France est peut-être plus sensible que d’autres
à la pression migratoire. Avouons quand même qu’une
telle inflation laisse perplexe.


Le dernier texte en date, celui
de 2018, dont les buts étaient sensiblement
les mêmes, était porté
par un ministre venu du Parti socialiste,
Gérard Collomb. L’actuel
porte la signature du tandem
Darmanin-Dussopt, l’un issu de
LR, l’autre de la gauche. C’est cependant
le ministre de l’Intérieur
qui donne le la. Et ses avances
à la droite font écho aux tractations
qu’Élisabeth Borne a menées
sur les retraites avec Éric Ciotti.


Mais si le nouveau chef des Républicains
a donné à la Première ministre des gages de soutien
sur le grand sujet du jour, rien
n’indique que les LR, et moins encore le Rassemblement national,
soient prêts à faire la courte échelle à son gouvernement
sur l’immigration, un de leurs thèmes fétiches, sur lequel
leurs sympathisants sont notoirement à cheval, de préférence
avec les rênes très courtes.


Affichant le calme des vieilles troupes, le ministre de l’Intérieur
vante « l’équilibre » d’un texte typique du « en même
temps » macroniste. Durcissant les expulsions des étrangers
délinquants tout en proposant de régulariser les travailleurs
sans-papiers dans les « métiers en tension » et chez les blouses
blanches, le projet veut parler aussi bien aux sourcilleux gardiens
des frontières qu’aux généreux défenseurs de la France
« terre d’accueil ».


Mais on le sait, vouloir plaire à tous risque de mécontenter
tout le monde. Surtout dans le climat actuel où le sens de la
nuance et les compromis sont hélas des valeurs à la baisse.
La discussion qui va s’ouvrir à l’Assemblée doit donc,
comme sur les retraites, permettre au gouvernement d’écouter
les critiques. De lâcher du lest si nécessaire. Mais aussi d’assumer
les désaccords qui ne manqueront pas de subsister
pour que les oppositions prennent elles aussi leurs responsabilités
devant les Français.

                                     Christophe Lucet édito Sud-Ouest



02/02/2023
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