2210- Première revue de presse de l'année qui vient 27 posts

LA CHRONIQUE DE SYLVIE BRUNEL

 écrivain et géographe


Quelle chance que de vivre en France !

 

La chronique du Jour de l’An… cette mission que
« Sud Ouest Dimanche » me confie m’emplit de joie
pour la confiance qu’elle traduit, mais elle fait aussi peser
sur mes épaules une tâche difficile.


Le message que je voudrais vous transmettre en ce début
d’année est simple : soyons conscients de nos chances
avant de nous appesantir sur nos malheurs. Vivre en France
en 2023 reste un privilège, alors que le monde qui nous entoure
affronte bien des catastrophes, dont nous sommes protégés
par tous ceux que nous adorons pourtant conspuer.


Il est bien connu que les Français sont des râleurs, mais voudraient-
ils vivre ailleurs ?
Depuis deux ans, nous avons connu bien des difficultés, bien
des drames. La pandémie a fait des millions de morts dans le
monde, et ce début d’année reste marqué par un contexte
sanitaire chargé, où les hôpitaux croulent sous l’afflux de
malades. Ayons une pensée pour ceux qui ont perdu des
proches, souvent dans des conditions terribles liées à l’isolement,
à la peur du virus, au manque de moyens, au cours de ces
deux années où l’on se demandait comment combattre la
pandémie.
Son explication demeure incertaine – accident de laboratoire
ou combinaison inattendue de pathogènes ? Mais sa
provenance, elle, ne fait aucun doute. Et le premier médecin
qui donna l’alerte, Li Wenliang, il y a pile deux ans, est mort du
virus à 34 ans, en février 2020, après avoir été arrêté et réduit
au silence par les autorités chinoises, qui voulaient masquer
au monde l’ampleur de la catastrophe naissante. Qu’elles subissent
avec deux ans de retard, faute d’avoir su mettre au point
les bonnes parades, passant des confinements brutaux au relâchement
complet, sans véritable moyen de lutte.


Dans nos pays, grâce à l’action remarquable des chercheurs,
une vaccination innovante, ce fameux ARN messager
qui continue pourtant d’inquiéter, a pleinement rempli sa
mission : éviter que se reproduisent les millions de morts
des premières contaminations.


Selon le Programme des Nations Unies pour le développement,
22 millions de vies ont été ainsi épargnées dans le
monde en 2021 grâce aux vaccins contre le Covid, faisant de
la pandémie un terrible indicateur des capacités des différents
États à protéger leur population.


Si les coutures de l’hôpital public craquent, il n’en reste
pas moins que contrairement à bien d’autres pays, à commencer
par les États-Unis, nous avons la chance inouïe d’une
médecine gratuite, de qualité, et accessible à tous.


Oui, nous sommes chanceux, comme l’a montré en cette fin
d’année la profusion dans les magasins. Quel privilège que de
vivre dans un pays où la nourriture ne manque pas, dont les
producteurs savent allier qualité, quantité, diversité et sécurité,
particulièrement dans cette Nouvelle-Aquitaine qui est la
première région agricole d’Europe !


Pensons à ces éleveurs qui ont dû faire face à la grippe
aviaire, devant surmonter des épizooties de plus en plus inquiétantes.
Remercions ceux qui plantent, pêchent, élèvent,
transportent, transforment, et nous rendent heureux, alors
qu’une grande partie du monde vit toujours dans l’insécurité
alimentaire, se demandant chaque jour de quoi demain
sera fait.


La faim nous renvoie à la guerre, et la guerre, à cette
Ukraine qui était un des greniers du monde et dont
les habitants doivent affronter aujourd’hui le manque, les
ruines, le froid, la mort, poursuivant leur combat pour
préserver leur territoire et leur honneur. Après le terrible conflit
de l’ex-Yougoslavie, voici la guerre de nouveau en Europe.
Mais la guerre ne cesse jamais dans le monde, au Sahel, en
Afrique centrale, au Yémen, en Syrie, dans cette Afghanistan
qui transforme les femmes en ombres… Violence du quotidien,
négation des minorités, souffrance des enfants privés
d’avenir, la dramaturgie humaine déroule implacablement
son tissu d’horreurs.


Nos légitimes revendications sociales pour un meilleur partage
de la manne, l’épuisement des services publics confrontés
à des missions qui ne cessent de s’alourdir doivent bien sûr
être entendus et respectés. Mais ils sont d’abord le corollaire
d’un pays accueillant et généreux, qui continue de faire rêver
une grande partie du monde. Nous avons la chance
d’y vivre. Alors face à tous les défis qui nous attendent en 2023,
restons positifs, solidaires et soudés, conscients de nos privilèges
et attentifs à ceux qui n’ont pas la chance d’en bénéficier.
Bonne année et surtout bonne santé, bon moral, et confiance
en l’avenir !



01/01/2023
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