Jean-Luc Mélenchon, Sandrine Rousseau, Valérie Pécresse et Eric Zemmour
Jean-Luc Mélenchon, Sandrine Rousseau, Valérie Pécresse et Eric Zemmour© AFP

Élections législatives et présidentielle, renouvellements à la tête de plusieurs partis... Challenges fait la liste des cinq personnalités qui n'ont pas réussi leur année 2022.

Pour eux, 2022 a été un cru totalement raté ou alors n'a pas transformé les promesses entrevues en 2021. Année de campagnes électorales oblige, les ambitions étaient grandes pour de nombreux acteurs politiques qui se voyaient bien remplacer Emmanuel Macron à l'Elysée. Et pour les cinq personnalités sélectionnées par la rédaction de Challenges, quatre d'entre elles étaient candidates à la présidentielle et la cinquième aux législatives. 

 

2022, une année à oublier pour eux 

 
Le candidat Reconquête! à la présidentielle française Eric Zemmour à Paris, le 22 mars 2022 Crédit : POOL/AFP - STEPHANE DE SAKUTIN
Le candidat Reconquête! à la présidentielle française Eric Zemmour à Paris, le 22 mars 2022 Crédit : POOL/AFP - STEPHANE DE SAKUTIN© Fournis par Challenges
    • Eric Zemmour, illusions perdues
 
 

La montagne a accouché d'une souris. A l'automne 2021, avant même l'annonce officielle de sa candidature, Eric Zemmour est dans le peloton de tête des intentions de vote en vue de l'élection présidentielle 2022. La sortie de son livre La France n'a pas dit son dernier mot lui permet de sillonner l'Hexagone et de faire salle comble dans des meetings qui ne disent pas leur nom. Tout s'écroule avec la guerre en Ukraine, déclarée par Vladimir Poutine à la fin du mois de février. Une ancienne vidéo de lui appelant de ses voeux l'émergence d'un "Poutine français" refait surface et le fait plonger. 

 

Les ralliements qu'il glane à droite (Guillaume Peltier) et surtout à l'extrême droite (Gilbert CollardNicolas Bay et Marion Maréchal) n'ont pas l'effet escompté, bien au contraire. Fatigué, il mène une fin de campagne erratique. Lors de son dernier grand meeting au Trocadéro à Paris, il laisse ses militants scander "Macron, assassin!" pendant de longues secondes et affirme être le "vote vital pour sauver la France". Il échoue à la quatrième place du scrutin présidentiel avec 7,07% des voix.

 

Quelques semaines plus tard, lors des législatives pour lesquelles il avait hésité à se présenter, il est sèchement battu au premier tour dans la 4e circonscription du Var. Aucun des candidats de son nouveau parti, Reconquête !, ne parvient au second tour. 

L'année 2022 n'a également pas été bonne d'un point de vue judiciaire pour l'ancien chroniqueur de Cnews. En janvier, il a été condamné pour "provocation à la haine et à la violence" et "injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur origine" après ses propos sur les mineurs isolés en novembre 2020.

 

En mars, il est condamné pour "contrefaçon de droit d'auteur", après la diffusion non autorisée d'images pour son clip de candidature. Et en décembre, il a été débouté par la Cour européenne des droits de l'homme de son recours. Elle valide ainsi la condamnation par la justice française pour "provocation à la discrimination, à la haine" envers la communauté musulmane pour des propos tenus en 2016. Une véritable année noire pour le novice en politique. 

 

 
Anne Hidalgo le 16 septembre 2021 à Paris Crédit : POOL/AFP/Archives - Ludovic MARIN
Anne Hidalgo le 16 septembre 2021 à Paris Crédit : POOL/AFP/Archives - Ludovic MARIN© Fournis par Challenges
  • Anne Hidalgo, la Bérézina du Parti Socialiste

En acceptant d'être la candidate du Parti socialiste, Anne Hidalgo était certainement loin d'imaginer le chemin de croix qu'elle allait parcourir. Presque aucune de ses propositions n'a imprimé dans le débat public au cours de la campagne, hormis peut-être le doublement du salaire des professeurs. Au soir du premier tour, l'impensable se produit : Anne Hidalgo fait pire que Benoît Hamon, cinq ans auparavant. Seulement 1,75 % des électeurs ont glissé un bulletin à son nom dans l'urne, soit le pire score pour le parti à la rose depuis sa création. S'il faut chercher encore un autre désaveu :moins de 2,5% des Parisiens ont voté pour leur maire. 

La parenthèse présidentielle passée, la lie du calice 2022 n'est pas encore bue pour Anne Hidalgo. En novembre, elle désavoue sa promesse des municipales 2020 et annonce une hausse à venir de 53% de la taxe foncière pour les Parisiens. Rachida Dati, sa rivale capitale, redouble d'emphases pour critiquer sa gestion du budget à Paris. Le gouvernement aussi s'y met, Gabriel Attal en tête et évoque même un "système de Ponzi". Une attaque qui lui vaut une plainte pour "diffamation" déposée au nom de la ville de Paris par Anne Hidalgo. 

 

 

 
Le score historiquement bas de la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, au premier tour de l\'élection présidentielle en France pose la question de l\'avenir, voire de la survie d\'un parti longtemps considéré comme incontournable sous la Ve République. /Photo prise le 10 avril 2022/REUTERS/Gonzalo Fuentes Crédit : GONZALO FUENTES
Le score historiquement bas de la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, au premier tour de l\'élection présidentielle en France pose la question de l\'avenir, voire de la survie d\'un parti longtemps considéré comme incontournable sous la Ve République. /Photo prise le 10 avril 2022/REUTERS/Gonzalo Fuentes Crédit : GONZALO FUENTES© Fournis par Challenges
  • Valérie Pécresse, un revers historique à droite

L'année 2022 ou l'annus horribilis pour Valérie Pécresse. Tiraillée entre la ligne d'une droite dure incarnée par Eric Ciotti et la sienne, plus sociale, la présidente de la Région la plus riche d'Europe n'est jamais apparue à l'aise au cours de la campagne présidentielle. Son meeting totalement raté au Zénith en février dernier illustre les difficultés rencontrées par l'ancienne ministre de l'enseignement supérieur sous Nicolas Sarkozy. 

Ce dernier a d'ailleurs entretenu le flou pendant toute la campagne sur son soutien à la candidate de sa famille politique de toujours. Il ne s'est jamais positionné en sa faveur alors qu'elle espérait un geste de sa part. Avant le second tour, il a publiquement appelé à voter pour Emmanuel Macron. 

Après une campagne ratée, Valérie Pécresse a récolté 4,78% des suffrages exprimés soit le pire score dans l'histoire de la droite et sous le seuil des 5 % qui permet un remboursement partiel des frais de campagne. Elle est même largement dépassée par Eric Zemmour, pourtant novice en politique. Dès le lendemain du premier tour, elle doit lancer seule un appel aux dons "pour la survie" des Républicains et demande cinq millions d'euros aux Français. Elle semble alors plus isolée que jamais. 

A la rentrée, le parquet national financier ouvre une enquête pour "détournement de fonds publics" concernant ses comptes de campagne suite à un signalement de Julien Bayou (EELV).

Enfin, en tant que présidente de Région et en charge des transports franciliens, elle doit faire face à une dégradation des services et une vague de critiques des usagers. Dans ce contexte, l'augmentation du pass navigo, la fragilise encore plus. L'année 2023 ne pourra qu'être meilleure pour elle. 

lire aussi. +12% pour le Navigo, 200 millions d'aide : l'épilogue du bras de fer entre Pécresse et l'Etat

 
Le candidat LFI à la présidentielle française Jean-Luc Mélenchon au siège de son mouvement à Paris, le 8 novembre 2021 Crédit : AFP/Archives - Christophe ARCHAMBAULT
Le candidat LFI à la présidentielle française Jean-Luc Mélenchon au siège de son mouvement à Paris, le 8 novembre 2021 Crédit : AFP/Archives - Christophe ARCHAMBAULT© Fournis par Challenges
 

Jean-Luc Mélenchon, un animal politique en difficulté

Celui qui aime se nommer la "tortue sagace" est devenu au fil des mois la "tortue agace" au sein même de son propre camp. Après une campagne diesel, le tribun a échoué à la troisième place de la présidentielle, -après avoir cru à la remontada face à Marine Le Pen le soir du premier tour-, pour ce qui parait, alors, comme sa dernière tentative.

 

En mai, son parti comment à s'effriter autour du cas Taha Bouhafs en vue des législatives. Le journaliste, accusé par des militantes d'agressions sexuelles, voit son investiture dans le Rhône retirée et est écarté du mouvement sans pouvoir se défendre. Jean-Luc Mélenchon avait pourtant lui-même laissé entendre que des insultes racistes étaient à l'origine de ce retrait. 

 

Au cours de cette même campagne des élections législatives, il demande aux Français de "l'élire" Premier ministre. Pour ce faire, il rassemble les principaux partis de gauche au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Un tour de force qui ne suffit pas à l'union d'emporter la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Nouveau revers pour le septuagénaire. 

 

A la rentrée, Adrien Quatennens, l'un de ses protégés, fait l'objet d'accusation de violences conjugales de la part de son ancienne compagne. Jean-Luc Mélenchon lui adresse alors un tweet de soutien qui est très mal vécu par de nombreuses femmes au sein du mouvement La France Insoumise. Pressenti à la tête du mouvement, le député du Nord est hors jeu. Il est remplacé par Manuel Bompard, un autre homme et un autre protégé de Jean-Luc Mélenchon, sans vote des militants et aussi mal vécu en interne. Plusieurs figures du mouvement dénoncent un manque de démocratie au sein du mouvement qu'il a fondé. 

lire aussi. Mélenchon, le "paratonnerre" de LFI ? Plutôt le briseur de son propre mouvement

 
Sandrine Rousseau le 19 septembre 2021 à Paris Crédit : AFP - Sameer Al-DOUMY
Sandrine Rousseau le 19 septembre 2021 à Paris Crédit : AFP - Sameer Al-DOUMY© Fournis par Challenges

Sandrine Rousseau, l'électron trop libre

 

Le poids politique de Sandrine Rousseau a-t-il été plus important en 2022 ou en 2021 ? La récente députée de Paris a connu une année 2022 très mouvementée, sauvée uniquement par son élection face au sortant de la majorité présidentielle, Buon Tan, dans la 9e circonscription de Paris.

 

Au sein de l'Hémicyle, sa présence ni ses prises de parole ne sont particulièrement remarquées.  A la fin de l'année 2021, l'économiste de formation avait perdu in extremis contre Yannick Jadot à l'investiture écologiste pour la présidentielle et était parvenue à faire émerger l'écoféminisme dans le débat public. 

 

En 2022, celle qui a été exclue début mars de la campagne de l'eurodéputé pour des critiques répétées contre son candidat, n'a pas transformé l'essai. Cible de l'extrême droite sur les réseaux sociaux, elle est surtout remarquée pour les nombreux débats sociétaux qu'elle lance comme le barbecue et la masculinité ou la consommation de vin et viande rouge.

En interne, elle ne parvient pas non plus à rendre ses idées majoritaires. Mélissa Camara, la candidate qui défendait sa ligne politique n'est arrivée qu'en troisième position lors du congrès national d'EELV pour choisir un nouveau secrétaire nationale. Marine Tondelier est arrivée en tête, échappant à la guerre déclarée entre la députée de Paris et Yannick Jadot.