LR : le parti avant le budget

édito Bruno Dive (Sud-Ouest)

La semaine qui s’ouvre aurait pu être celle de l’unité
avec ce Conseil national de la refondation qu’Emmanuel
Macron s’apprête à porter sur les fonts baptismaux.
Elle s’annonce plutôt, sur le plan politique, comme
une sorte de retour à la vie sauvage. Qu’il s’agisse de la
gauche ou des Républicains, les oppositions n’y participeront
pas ; même Édouard Philippe sera opportunément
retenu par une visite au Québec. Quant à la discussion
budgétaire, qui constitue toujours le grand moment de
l’automne, tout indique qu’elle se soldera par un recours
à l’article 49-3. Tandis qu’à gauche, Bernard Cazeneuve
sort du bois pour envoyer un chien de sa chienne à la
direction du PS, accusée d’être « toutouïsée » (néologisme,
appelé à un grand avenir) par Mélenchon, à droite
on affûte les couteaux.

Pour Les Républicains, ou ce qu’il en reste, il y a plus important
en effet que le budget de l’État : il y a le congrès qui doit
désigner en décembre le successeur de Christian Jacob à la
présidence de LR. Et donner ainsi le ton à ce troisième
quinquennat successif où le parti qui se prétend l’héritier
du gaullisme n’occupe plus le pouvoir. Pas question dans ces
conditions, pour les trois candidats déclarés, de donner des
gages au pouvoir macroniste qu’il fait toujours bon vouer
aux gémonies lorsqu’on convoite les suffrages des militants.
Bruno Retailleau et Éric Ciotti, tenants de l’aile droite,

et Aurélien Pradié, héraut de l’aile « sociale »,

l’ont donc juré la main sur le coeur : les
Républicains ne voteront pas le budget 2023. Et tant pis si
on ne le connaît pas encore, tant pis s’ils ont voté cet été
la loi de finances rectificatives et celle sur le pouvoir
d’achat après avoir négocié avec le gouvernement, ce qui
ne marchait pas si mal.

Ces bonnes dispositions n’auront pas survécu aux grandes
vacances. Un an après la vraie-fausse primaire que
l’on sait, les Républicains s’offrent une nouvelle campagne
interne. Mais l’on sait bien qu’un autre enjeu se dessine
déjà derrière celle-ci : la présidentielle de 2027. Les
probables protagonistes ne participeront pas à cette
compétition automnale, soit qu’ils se mettent (une fois
encore) en réserve de la République comme Laurent Wauquiez
ou Xavier Bertrand ; soit qu’ils aient… quitté LR
mais espèrent rafler la mise, tels Bruno Le Maire ou
Édouard Philippe. Tout cela est encore bien loin et annonce
sans doute de nouvelles divisions au sein du parti.
Car chez LR, il y a bien longtemps qu’on ne marche plus
au canon…
ÉDITORIAL