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Europe, à l’Est du nouveau

 

 

Les yeux braqués vers l’Est depuis l’invasion russe en
Ukraine, les Européens redécouvrent, dans leur voisinage
immédiat, un talon d’Achille. En l’espèce, les six
pays des « Balkans occidentaux » (Albanie, Monténégro, Serbie,
Kosovo, Bosnie, Macédoine du Nord) qui, depuis de nombreuses
années, frappent à la porte de l’Union. Déjà préoccupante,
la situation pourrait vite dégénérer si les Vingt-Sept ne
bougent pas.


Car sous l’effet de la guerre, de la crise de l’énergie et des
convoitises de puissances inamicales (Russie, Turquie,
Chine), cette région marquée au fer rouge par l’éclatement de
la Yougoslavie est devenue une poudrière. La petite Bosnie,
travaillée par le séparatisme pro serbe, menace d’imploser ; la
Serbie orthodoxe reste dans l’orbite russe, n’applique pas les
sanctions contre Moscou et n’a jamais admis l’indépendance du
Kosovo ; et partout, le respect de l’état de droit ou la lutte contre la
corruption et les trafics sont des enjeux lourds.

 

S’y ajoute le défi migratoire puisque la route des Balkans, qui
traverse ces zones montagneuses, a vu depuis le début de l’année

le nombre de clandestins bondir de 150 %, notamment

parce que la Serbie n’exige pas de visa pour ceux qui la traversent
en direction de l’espace Schengen que la Croatie voisine, membre
de l’UE, s’apprête justement à rejoindre.


En étendant l’espace de libre circulation à la Croatie, l’Union
est conduite à gérer autrement ses frontières balkaniques.
C’est ce qu’elle vient de faire en proposant aux six États concernés
de les aider à contrôler la route migratoire. Pas question,
en effet, d’attendre l’issue des processus d’adhésion
dont certains ne sont même pas lancés.


Il y a pourtant urgence. La vocation de ces États à rejoindre
les Vingt-Sept est encore plus aveuglante depuis que l’UE,
poussée par les événements, a octroyé aux Ukrainiens et aux
Moldaves, pourtant bien plus éloignés, le statut de candidats.
À Belgrade, Pristina, Skopje ou Tirana, la frustration d’être laissé
à la porte n’en est que plus intense.


En tenant un sommet, mardi à Tirana, l’UE a envoyé un signal
de sa détermination à intégrer enfin ce morceau d’Europe
délaissé. Le chemin pour y parvenir sera encore long et
escarpé.


Mais face au durcissement des affrontements géopolitiques,
les Européens n’ont plus le choix : ils doivent renforcer
leur cohésion. Et ne pas laisser fermenter de nouveaux germes
de guerre dans la région où, Sarajevo s’en souvient, avait
jailli en juin 1914 l’étincelle funeste qui a allumé deux conflits
mondiaux et anéanti tout un continent.

 

Christophe Lucet éditorial Sud-Ouest



08/12/2022
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