2177-Et voici la "grève préventive"! 3 posts

Après Total, la SNCF : le concept délirant de «grève préventive»

  • par Sophie Coignard, pour Le Point - décembre 2022 republié par JALR
Le blocage des automobilistes par une poignée de grévistes avant négociation était critiquable. Celui des voyageurs SNCF par les contrôleurs est insensé.
 
Ils veulent de la «reconnaissance» pour le métier difficile qu'ils exercent. Ils soulignent qu'ils pratiquent un métier pénible, et qu'ils sont la vitrine de la SNCF auprès des voyageurs. Ils seront donc en grève ce vendredi, jusqu'à dimanche. Attention, c'est juste un tour de chauffe ! S'ils n'obtiennent pas ce qu'ils réclament, ils récidiveront pendant les vacances de Noël, afin d'optimiser les effets produits par la loi de l'emm… maximum.
 
Comment et pourquoi ce mouvement venu de la base, coordonné grâce aux réseaux sociaux à la manière des Gilets jaunes, a-t-il prospéré ? Même les syndicats, qui se sont laissé déborder, ne le savent pas. Peut-être l'exemple des grévistes de Total, qui ont bloqué dépôts et raffineries avant même le début de toute négociation salariale, a-t-il inspiré les ASCT (Agents du service commercial train) qui débraient ce week-end à titre «préventif»
 
Les négociations annuelles obligatoires à la SNCF doivent commencer dans moins d'une semaine, tandis qu'une augmentation générale de 5,8 % des salaires pour 2022 a d'ores et déjà été obtenue. La direction de la SNCF a par ailleurs tenté d'enrayer cette grève en proposant notamment une prime de 600 euros par an, partiellement intégrée au salaire. En vain.
 
Qui va payer ?
 
En soi, le principe de la grève préventive a quelque chose d'effrayant. La négociation permet en effet de discuter avant d'entreprendre un mouvement social. Nul besoin de donner à titre préalable un avant-goût du cauchemar que représentent des trains qui restent à quai, puisqu'ils ne peuvent prendre le départ sans contrôleur à bord. Commencer par empêcher ses concitoyens de se déplacer, avant d'avoir prononcé le premier mot, constitue donc une étrange conception du dialogue social.
 
Dans le cas de la SNCF, c'est encore plus insensé que dans celui de Total. Le géant pétrolier réalise des profits colossaux, là où l'entreprise ferroviaire ne parvient à l'équilibre financier que grâce aux multiples subventions versées par l'État. Plus de 18 milliards d'euros par an, dont 3,5 pour équilibrer le régime de retraite des cheminots, 10 pour couvrir le déficit d'exploitation et 5 pour financer les investissements. Sans oublier les dizaines de milliards d'euros d'endettement, dont une partie a été reprise par l'État pour alléger le fardeau.
 
Selon François Écalle, ancien magistrat à la Cour des comptes qui anime l'excellent site Fipeco, les œuvres sociales de la SNCF s'élèvent par ailleurs à 10 % de la masse salariale, tandis que la pénibilité est déjà prise en compte avec le départ à la retraite à 52 ans pour les agents roulants embauchés avant le 1er janvier 2020, c'est-à-dire la quasi-totalité des effectifs.
 
Dans ce contexte, exiger des revalorisations salariales substantielles revient à assumer que les contribuables, tous les contribuables, même les plus modestes, paient encore un peu plus. Les voyageurs, eux, assommés par le coût des trajets en train, ne le peuvent plus.�
 
 
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07/12/2022
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