2175- Dans la presse , ça sent la rentrée 29 posts

Comme un air de préconclave

 

Il y aura bientôt dix ans que François dirige l’Église catholique.
Et s’il ne semble pas, dans un avenir proche, avoir
l’intention de renoncer à sa charge comme le fit le « pape
émérite » Benoît XVI en 2013. Jorge Bergoglio, qui souffre de
problèmes de mobilité, a fait savoir cet été, au retour d’un
voyage au Canada, qu’il se laissait la possibilité d’en faire autant
si les forces venaient à lui manquer. Et les observateurs
ont noté qu’hier, il est allé à la basilique de l’Aquila où repose
Célestin V, qui, au XIIIe siècle, fut le premier pape à rendre la
tiare de son vivant.


Ce contexte d’un pontificat plus proche de la fin que du
début donne du relief au consistoire qui démarre aujourd’hui
à Rome. Un préconclave ? Non, mais cette réunion des
132 cardinaux qui ont la charge d’élire le successeur de Pierre
est plus importante que l’ordre du jour officiel – la réforme de la
Curie et l’avenir de l’Église – pourrait le laisser penser. Elle a
été précédée par la présentation d’une nouvelle fournée de vingt
cardinaux – dont 16 électeurs et l’archevêque de Marseille Jean-
Marc Aveline – dont la composition est scrutée par les « vaticanologues»

qui cherchent à savoir quelle sera, sinon l’identité
du successeur, du moins l’orientation du prochain pontificat.


Or si l’on analyse la composition du « Sacré Collège » en cette
fin d’été 2022, que voit-on ?

Primo : le pape actuel a nommé les deux tiers des cardinaux en
fonction. Deuzio : la proportion des Européens n’est plus
que de 40 % contre plus de la moitié lorsque le jésuite argentin
a été élu. Tertio : le profil des nouveaux cardinaux correspond
à ce que souhaitait Bergoglio pour l’Église, à savoir des
pasteurs de terrain, mettant en avant la justice sociale, et
souvent issus des fameuses « périphéries » des pays d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine.


François est-il en train de façonner un conclave « à sa
main » pour que son oeuvre lui survive ? Ses nombreux adversaires
dans l’Église en sont convaincus. Ils lui reprochent
d’être plus intéressé par les sujets sociaux et migratoires que
par la théologie. Et ils pointent une certaine opacité des critères
de nomination, qui semblent exclure par principe les
grandes villes pourvoyeuses traditionnelles de « princes de
l’Église ».


Que François pense à sa succession et cherche à l’influencer
ne fait pas de doute. Mais le premier enjeu de ce consistoire
est de permettre à des cardinaux désormais issus des
quatre coins du monde de faire ce qu’ils n’ont presque jamais
le temps de faire : se réunir et se connaître. C’est important
pour la future élection, mais surtout pour la cohésion
de l’Église universelle.

 

Christophe Lucet édito Sud-Ouest  29 août 2022



29/08/2022
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