2157- La nouvelle Revue de presse du bistrot de Marco 20 posts

ÉDITORIAL


Il sera aussi question de sport

 

 

Était-ce une bonne idée d’organiser la Coupe du monde de
football au Qatar ? La réponse est non. Sauf qu’elle ne date
pas d’hier, mais bien d’il y a douze ans, quand la plus grande
compétition sportive planétaire (avec les JO) avait été attribuée,
dans des conditions jugées douteuses, de préférence aux États-
Unis, si vertueux… Cette question répondait alors à une autre, légitime
: est-il logique d’imaginer un jour l’organiser dans un pays
du monde arabe, où ce sport est roi ? Auquel cas, quel naïf pourrait
s’étonner qu’elle ait été dès lors attribuée au petit royaume
wahhabite des énergies fossiles ?
Un avion (au moins) toutes les dix minutes, sept stades climatisés
(un peu comme sont chauffés certains stades européens
l’hiver) : le bilan carbone de ce Mondial sera cataclysmique.
Quitte à compiler les scandales, toutes les enquêtes sérieuses laissent
en revanche beaucoup plus circonspect sur les chiffres des
morts étrangers sur les chantiers de ces stades. Parce qu’au fond,
comme l’épineux sujet des droits des femmes, des hommes, ou encore
de la communauté LGBT, ils n’ont pas grand-chose à voir avec la
tenue d’une compétition de football au Qatar, mais bien avec le Qatar
lui-même.


Il n’est donc pas question que de football. Sûrement pas, M. Macron.
Évidemment, le sport est politique. Éminemment. Des poings noirs
gantés des noirs américains sur le podium du 200 mètres olympique
de Mexico en 1968, en passant par le Mondial argentin du temps
du dictateur Videla en 1978, jusqu’aux Jeux olympiques de Pékin
en 2008, une odeur de soufre accompagne souvent la foulée des
sportifs. Mais qui, parmi ceux qui en appellent au boycott, a oublié
de se féliciter de la victoire des Bleus en 2018 sous la pluie
(acide) de Moscou, quatre ans après l’annexion de la Crimée ?
Pas tout à fait tombée de cette dernière pluie, voilà pourquoi
Amnesty International ne veut pas du boycott. Elle préfère ne pas
jouer les ingénus devant la machine à cash qu’est la Fifa, ni devant
cet Émirat qui arrose depuis des années de sa puissance financière
bien plus que quelques dirigeants suspects, l’économie
mondiale. C’est donc sous les projecteurs que l’ONG les attend,
sûrement pour conclure d’un « plus jamais ça ».


En attendant, comme il est évident que les footballeurs ne sont
pas diplomates, ils seront des millions en France (des milliards
dans le monde) à les attendre aussi, dans leur simple rôle de sportifs.
C’est pour cela, pour tous ceux-là, que deux envoyés spéciaux
de « Sud Ouest » sont sur place pour vous informer, sur le quotidien
dans ce drôle de pays et sur la compétition, celle des Bleus en
priorité. Parce qu’on n’aimerait pas voir des partisans du boycott
revenir en courant devant leur télé en cas de troisième étoile française
en jeu, on ne prendra pas ce pari-là. Encore que. Ce serait le
meilleur moyen de rappeler que dès demain, au Qatar, il sera aussi
question de sport.

 

                                        Jean-Pierre Dorian Edito Sud-Ouest

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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20/11/2022
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