2147- Comment la radicalisation de l'écologie pousse le RN au pouvoir 5 posts

De la «désobéissance civile» au désordre organisé, comment l'écologie s'est radicalisée en France

  • par Dinah Cohen, pour Le Figaro - novembre 2022 (extraits)
ÉCOLOGIE ET POLITIQUE, L'EMBRASEMENT  - Dogme du renouvelable, sacrifice du nucléaire, délaissement des campagnes, radicalisation militante... À mesure que la question écologique s'impose, les débats se polarisent. Plongée dans une sphère politique au bord de l'embrasement.
 
 
Le rendez-vous est donné dans un chic café du 9e arrondissement de Paris, aux pieds de l'Opéra Garnier. Il fait encore nuit, Paris s'éveille. Au fond de la pièce, un petit groupe d'individus d'une vingtaine d'années écoute avec attention une jeune femme. Elle tient dans ses mains un schéma : un cercle, quelques flèches et un point central. C'est la cible visée, le Palais Brongniart, cet imposant monument situé Place de la Bourse qui s'apprête à accueillir le Climate Finance Day. Un événement annuel réunissant l'industrie financière mondiale pour aborder la question de la transition écologique. Ou plutôt un énième «rituel de greenwashing (écoblanchiment, ndlr)», comme préfèrent le résumer les activistes, qui y voient un procédé marketing trompeur visant à se donner une fausse image écoresponsable.
 
Une fois leur plan en tête, les militants se mettent en route et rejoignent le reste des troupes. Comme convenu, ils sortent du métro «en colonnes», c'est-à-dire le plus proche possible. Ensuite, tout s'accélère. Un premier groupe déguisé en ouvriers tente de forcer l'entrée principale, pendant que la quarantaine d'autres activistes presse le pas et s'introduit par l'entrée adjacente, prenant ainsi de surprise les forces de l'ordre impuissantes face à la masse.
 
En haut des marches, la chorégraphie est millimétrée. Les jeunes déversent un épais liquide noir et allument des fumigènes, transformant le ciel rosé du matin en un fond chaotique. Ils déploient enfin une banderole : «BNP Paribas condamne le climat», en écho à la mise en demeure obtenue la veille pour remettre en cause le financement de nouveaux projets pétro-gaziers.... L'un des manifestants est finalement arrêté et menotté, les autres sont soumis à des contrôles d'identité. Rien de tout cela ne les effraie. 
 
Des actions de plus en plus nombreuses
Cet événement, c'est ce que les militants du climat appellent de la «désobéissance civile». Un concept abondamment brandi ces derniers mois pour justifier tous types d'actions illégales, perturbant ouvertement le bon fonctionnement de la société. Les derniers exemples sont nombreux, et vont des plus anecdotiques aux plus subversifs. L'on peut citer des activistes jetant de la soupe de tomates sur des œuvres d'art, d'autres collant leur main à la glue contre le mur d'un musée, ou s'asseyant sur l'autoroute pour bloquer la circulation et réclamer une meilleure rénovation énergétique des bâtiments. Le tout au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, cause suffisamment légitime à leurs yeux pour passer outre la loi et la civilité la plus élémentaire. Quitte à mettre à mal le fameux «vivre-ensemble», au sens littéral du terme. Celui-là même qu'ils n'hésitent pourtant pas à brandir à longueur de discours.
 
En la matière, les faits les plus marquants remontent à dimanche dernier, à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), lorsqu'un rassemblement interdit contre les «méga-bassines» - ces constructions de retenue d'eau destinées à l'irrigation agricole - a dégénéré en affrontements violents. Le bilan : 61 gendarmes et 30 manifestants blessés ; des agitateurs qualifiés d'«écoterroristes» par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ; et une discrétion particulière des élus écologistes présents sur place. Lesquels ont eu bien de la peine à condamner unanimement les faits, et pour cause : une poignée de leurs collègues députés ont jugé utile d'aller au contact rapproché de certains barrages, ajoutant de la confusion aux débordements.
 
Interrogés, ces derniers ont prétendu vouloir surveiller d'éventuelles violences, qui émaneraient de forces de l'ordre peu ou pas formées à la sécurisation des rassemblements de «désobéissance civile». Un mode d'action dont la récente radicalisation l'a éloigné de ses origines, vieilles de près de deux siècles, et qui puisait pourtant ses racines dans la «non-violence».
 
L'outil s'installe ensuite progressivement en France, où il est particulièrement médiatisé à la fin des années 1990, avec déjà de premiers accents plus durs. Le syndicaliste agricole José Bové ouvre la voie en participant notamment au saccage d'un restaurant McDonald's. Avant d'être rejoint par l'écologiste Noël Mamère qui, alors député, arrache des pousses d'OGM au titre d'un «principe de précaution».
Vingt ans plus tard, le contexte a changé. Et les militants d'aujourd'hui ne se considèrent plus comme de simples lanceurs d'alerte un peu marginaux et caricaturaux. Ils sont étudiants, doctorants, enseignants, et se pensent tenus de créer des électrochocs dans l'opinion publique pour rappeler les politiques à l'ordre. Leur niveau d'éducation est généralement élevé, et leur permet de bénéficier d'une certaine culture politique, souvent protestataire. Au point de se rêver en figures de proues d'une majorité silencieuse, dont ils fantasment le degré d'adhésion à leurs combats. «Le terme de génération climat est à prendre avec des pincettes, car il y a aussi toute une jeunesse complètement désengagée, au capital culturel familial très différent», relève en ce sens le sociologue Olivier Galland.
 
«Ils ne se projettent plus du tout dans un avenir, ni dans une famille, ni dans un couple», observe quant à elle la sociologue Sylvie Ollitrault, qui voit là quelque chose de «relativement neuf par rapport aux anciens écologistes encore dans des modèles traditionnels». D'où leurs colères et leurs angoisses. Celles qui les animent, au point de les convaincre qu'ils sont les seuls à percevoir l'urgence environnementale. Et celles qui les stimulent, au point de les encourager à passer par la force pour tenter de se faire entendre. «Si l'idée est de faire en sorte qu'il y ait une transformation de toute la société, ça va être compliqué. Mais quand on est déprimé, en colère et dans une logique de no future, c'est un peu l'idée que tout est permis», poursuit la spécialiste.
 
Ces jeunes ont pour cela recours aux outils qu'ils connaissent, autrement dit ceux du buzz et de l'instantanéité. Il n'est plus forcément nécessaire de préparer une action pendant des semaines pour avoir un impact. Il n'est pas non plus essentiel que celle-ci ait un sens, puisqu'il suffit d'un bol de purée et d'un téléphone pour en faire un événement médiatique. C'est ce que l'essayiste Olivier Babeau appelle la «civilisation de l'image», touchée par une «perte des grands récits et du sens», et dont «l'anxiété est alimentée par un ressassement permanent d'idées mortifères».
 
«C'est désormais au nom de l'État de nécessité» que les activistes justifient toutes sortes d'actes, quitte à entraver les libertés de ceux qui les entourent. À l'image de ces milliers d'automobilistes interdits de se rendre sur leur lieu de travail ou de partir en vacances par une poignée de jeunes assis en tailleurs sur l'autoroute. Symptôme, aussi, de la fracture grandissante entre les minorités agissantes - souvent urbaines -, et la majorité invisible, trop habituée à être la laissée pour compte des grandes transitions.
 
«Instaurer un rapport de forces»
Qu'importe, pour les grandes organisations type Greenpeace ou Alternatiba, qui présentent ces dispositifs qu'elles chérissent - ils ont fait leur popularité - comme étant «les plus efficaces pour instaurer un rapport de force». À contre-courant du ras-le-bol exprimé par les citoyens affectés, elles incitent à y recourir encore davantage, en exaltant le principe supposé de la non-violence. Chaque mois, des formations sont ainsi organisées partout sur le territoire pour «préparer juridiquement et psychologiquement» les militants, en vue d'une éventuelle arrestation. 
 
On y promet aussi d'apporter un cadre à l'«écoanxiété», concept créé pour désigner l'une des nouvelles pathologies du XXIème siècle, et justifier les tentations radicales de quiconque s'en dirait victime. «Quand on arrive dans nos mouvements, il y a cette volonté de tout changer tout de suite. Il y a de la colère, un sentiment d'impuissance et de solitude, et nous, on apporte le collectif», raconte Élodie Nace, porte-parole d'Alternatiba. Dans certains cas, il s'y construit même une «contre-société», comme l'explique Pauline Boyer, membre de Greenpeace et coauteur du Manifeste pour la non-violence (Éd. Charles Léopold Mayer). «On enclenche un système vertueux dont la non-violence est la base. C'est toute une contre-culture développée pour rééquilibrer le monde», affirme-t-elle. Car le fondement de la désobéissance civile se trouve là, dans «la défense de l'intérêt général». «Ou du moins de ce qu'on pense être l'intérêt général», reconnaît l'activiste.
 
Ces mouvements trouvent aussi de nouveaux relais politiques, notamment grâce aux députés écologistes ou Insoumis, issus du monde militant et désormais présents dans les lieux de pouvoir. La maire EELV de Poitiers (Vienne), Léonore Moncond'huy, a par exemple accueilli un village Alternatiba de formation à la désobéissance. Au sein de son parti, on reconnaît aussi volontiers se positionner en faveur de cet outil, surtout quand on l'a pratiqué soi-même. 
 
Certains élus s'interrogent sur la nécessité d'aller plus loin, en recourant personnellement à la désobéissance. Un jeune parlementaire écologiste se considérant comme «l'incarnation de la génération climat» réfléchit ainsi à «faire passer un message, un symbole». «Je n'ai jamais été aussi écoanxieux que depuis que je suis à l'Assemblée où je mesure l'ampleur de l'inaction, donc évidemment je me pose la question», explique-t-il. Un raisonnement encouragé par la génération précédente d'écologistes, déjà rompue aux coups d'éclat. «S'ils étaient plus courageux, les politiques désobéiraient quand les choses ne sont pas justes», estime l'ancien candidat à la présidentielle de 2002, Noël Mamère (5,25%). Lequel espère que «ces nouveaux élus ne seront pas dans une écologie embourgeoisée»Et prévient : «La jeunesse écolo ne se reconnaît pas dans EELV, il y a une radicalité inévitable.»
 
S'ils aspirent à donner un écho, les élus se retrouvent en effet dépassés par des initiatives qui proviennent de leur base et qu'ils appellent pourtant de leurs vœux. Car dans la continuité de l'affaissement des institutions, les mouvements de colère échappent à ceux qui veulent en être les débouchés. En témoignent les images de la manifestation de Sainte-Soline, durant laquelle l'ancien candidat à la présidentielle de 2022, Yannick Jadot, a retrouvé son véhicule tagué du mot «crevure». Le même Yannick Jadot qui, dans son parcours militant, a pourtant abondamment pratiqué la désobéissance civile, mais apparaît aujourd'hui comme le symbole d'une écologie trop mesurée. «Il faut retrouver l'écologie de combat», lui a d'ailleurs soufflé la radicalissime Sandrine Rousseau, qui prend un malin plaisir à tenir - dans la rue - la revanche du match qu'elle a perdu dans les urnes pour la primaire EELV. 
 
Un jeu dangereux auxquels se prêtent ces élus, alors que les heurts ont montré la présence de personnes cagoulées fortement similaires aux groupes des black blocs. Dans les colonnes du Figaro, l'expert en sécurité intérieure, Éric Delbecque, a même pu noter la présence «d'un marquage antifas”», signe distinctif de l'ultragauche. «Ce serait avoir la mémoire un peu courte que d'ignorer le fait que les écologistes politiques eux-mêmes jouent l'ambiguïté depuis très longtemps et ne condamnent pas fermement et définitivement un certain type de modes opératoires, ainsi que des discours encourageant la brutalisation des contestations», relève le spécialiste.
 
Un double discours politique
La députée Marie Pochon se dit de son côté «inquiète», tant elle perçoit «une vraie colère qu'il faut entendre». Bien qu'elle dénonce les violences, jugées contre-productives, l'élue maintient que «ces gens-là ont un courage assez dingue de se mettre en danger». «Et c'est notre boulot de porter cette voix», juge-t-elle. «On ne peut pas faire advenir la société qu'on souhaite non-violente par des moyens violents», concède aussi Marie-Charlotte Garin, tout en affirmant «comprendre la colère». C'est là tout le double discours du monde politique et associatif, qui martèle que la violence se trouve du côté de «l'inaction». 
 
 Cofondateur de l'association «Terres de luttes», créée en 2021 mettant en lien les collectifs d'action locaux, Victor Vauquois dit entendre «chaque jour» une volonté d'actions plus «radicales». «Ils ne sont pas tant animés par le désespoir que par la colère face à des processus de concertation complètement bafoués», justifie-t-il. Lui prend déjà un pas de côté par rapport à d'autres organisations quant à sa définition de la violence, puisque celle-ci relève selon lui de «celle qui est faite aux personnes, pas celle qui est faite aux biens».
 
C'est aussi l'un des débats qui traverse la campagne «Dernière rénovation», à l'origine des blocages d'autoroutes et qui vise depuis avril dernier à «forcer» le gouvernement à mettre en place les mesures de la Convention citoyenne pour le climat. Eux ne se réclament pas de la désobéissance, mais de la «résistance civile». Pour l'un des soutiens et porte-parole, Thibaut Cantet, il s'agit de «créer suffisamment de perturbations pour créer un débat national et une crise politique». Il assure que «la question de la dégradation de matériel» se pose «légitimement», tant «la société nous envoie vers une mort quasi certaine».
 
Ces nouvelles structures s'inscrivent toutes plus ou moins dans les pas de leur aînée «Extinction Rebellion», apparue au Royaume-Uni en 2018 à l'aube du mouvement climat. L'un de ses fondateurs, Roger Hallam, avait alors offert un passe-droit pour tous les excès, en proclamant que «quand une société se comporte de manière si immorale, la démocratie n'est plus compétente : le seul recours, c'est l'action directe.» Tombé dans un relativisme sans limite, le même activiste est finalement passé du dérapage à la sortie de route en qualifiant l'Holocauste de «simple connerie de plus dans l'histoire de l'humanité». 
 
Dans leurs discours comme dans leurs actes, ces moines soldats autoproclamés revendiquent donc une montée des tensions qui devrait continuer à s'accroître, comme l'ont prouvé les événements du week-end dernier. Comme pour prévenir que cette sortie ne resterait pas sans réponse, voire qu'elle finirait par leur être bénéfique. «La question dans nos actions, c'est comment la répression possible du camp d'en face va coûter politiquement à notre adversaire et nous renforcer ?», interroge par exemple Pauline Boyer de Greenpeace. De son côté, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a martelé la ligne de l'exécutif. S'il ne fait «pas d'amalgame entre toutes ces actions», il constate que les interventions se font «de plus en plus radicales», et se dit «convaincu que les Français en ont marre.» «Il faut restaurer l'ordre public», a-t-il martelé.
 
Au milieu, l'écologie se retrouve finalement desservie, comme le relève le membre du Giec François Gemenne. Au Figaro, le politologue assure que «ces militants crient au feu, mais leurs revendications ne portent pas sur les actions à mettre en œuvre». Et ajoute : «Aujourd'hui, il faut se demander comment agir». Preuve que l'obsession pour les moyens en a fait oublier l'essentiel : la fin.▪️
  • Illustration : Depuis plusieurs mois, le recours à la désobéissance civile tend à se multiplier et se radicaliser. Charlotte Paroielle / LE FIGARO
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conclusion:
 
  •  «La question dans nos actions, c'est comment la répression possible du camp d'en face va coûter politiquement à notre adversaire et nous renforcer ?» Pauline Boyer, Greenpeace
    AU CONTRAIRE ! Ces désordres cette radicalisation ultra gauche, cette anarchie, AIDENT l'adversaire, LE RN, à GAGNER le POUVOIR .Surtout quand elles sont orchestrées par des associations "écologistes" grassement subventionnées par l'Etat . comme Greenpace qui n'est pas la seule à plus d'un milliard d'euros!       Marco
     

         Xavier Gorce Gorce.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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11/11/2022
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