Par SudOuest.fr

Invité pour la deuxième fois en deux semaines de l’émission politique « L’Événement » sur France 2, Emmanuel Macron a donné le cap de son quinquennat en évoquant notamment la réforme des retraites et l’immigration

Emmanuel Macron était l’invité de l’émission « L’Événement » sur France 2 mercredi soir. Après le volet international il y a deux semaines, le chef de l’État était interrogé sur les questions nationales. Inflation, réforme des retraites, immigration, recours au 49.3 ont notamment été abordés.

Emmanuel Macron sur France 2 : le chef de l’État plus que jamais en « président des crises »
Emmanuel Macron sur France 2 : le chef de l’État plus que jamais en « président des crises »
Interviewé pendant une heure sur France 2 ce mercredi soir, le président de la République a passé en revue ses projets de réforme. Et dit sa « colère » face au comportement de ses opposants à l’Assemblée

1. Des aides face à l’inflation

Face à une inflation qui s’élève à 6 ou 6,5 % en France et qui s’explique notamment par la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a promis de continuer « à aider les ménages ». Mais avec des mesures adaptées et plus ciblées. Pour le carburant, les gros rouleurs seront aidés. Et pour le gaz, la hausse des prix sera contenue à 15 %.

 

Les entreprises ne seront pas oubliées. L’exécutif va « garantir un prix raisonnable » de l’électricité aux collectivités locales et aux petites et moyennes entreprises, par des modalités qui seront dévoilées vendredi par le gouvernement, a annoncé le président. Ce mécanisme d’amortissement concernera également les très petites entreprises « très consommatrices d’énergie » exclues du mécanisme de limitation de la hausse des prix à 15 %, comme les boulangers par exemple.


Interview d’Emmanuel Macron sur France 2 : face à l’inflation, « on va continuer d’aider » les ménages
Interview d’Emmanuel Macron sur France 2 : face à l’inflation, « on va continuer d’aider » les ménages
Emmanuel Macron était l’invité de l’émission politique « L’Événement » sur France 2 pour la deuxième fois en deux semaines. Le président a évoqué la hausse des prix pour les ménages et les entreprises
 

En outre, « pour les entreprises de taille intermédiaire et les grands groupes, nous allons mettre en place un guichet d’aide avec, dès les prochaines semaines, des acomptes », a ajouté Macron. Une augmentation des tickets d’aide, jusqu’à plusieurs « dizaines de millions d’euros » est également sur la table pour ce type d’entreprise.

 
 

2. Macron « ouvert » à un report de l’âge de départ à 64 ans

Emmanuel Macron a confirmé qu’il souhaitait repousser l’âge légal de départ à la retraite d’ici la fin de son quinquennat. « À partir de l’été 2023, on devra décaler l’âge légal de départ à la retraite de 4 mois par an », a expliqué le chef de l’État. « Ce qui veut dire que là où nous sommes aujourd’hui, à 62 ans, on passera à horizon 2025 à 63 ans, à horizon 2028 à 64 ans et à horizon 2031 65 ans, donc de manière progressive. Ces chiffres-là correspondent à ceux dont nous avons besoin. »

Interview d’Emmanuel Macron sur France 2 : pour la réforme des retraites, « on passera à 65 ans » d’ici 2031
Interview d’Emmanuel Macron sur France 2 : pour la réforme des retraites, « on passera à 65 ans » d’ici 2031
Invité de l’émission « L’Événement » sur France 2, Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de repousser l’âge légal de départ à la retraite

Le président s’est toutefois dit « ouvert » à un report de l’âge légal du départ à la retraite à 64 ans, et non 65 ans comme il s’y était engagé lors de la campagne présidentielle, en cas d’allongement de la durée de cotisation. « Si certains (partenaires sociaux, NDLR) sont prêts à s’engager et à dire : nous, on ne veut pas aller jusqu’à 64 ans, mais en contrepartie, si vous faites ce geste, on est prêts à travailler un peu plus de trimestres […] moi je suis ouvert. Le tout, c’est que notre modèle retombe sur ses pieds. »

3. Le gouvernement « a eu raison » d’actionner le 49.3

Le gouvernement « a eu raison » d’actionner le 49.3 pour faire adopter le budget car « il a évité plusieurs milliards de dépenses à perte peu utiles » venues des oppositions « qui étaient parfois dans la démagogie », a estimé Emmanuel Macron.

Le chef de l’État a par ailleurs dénoncé « le cynisme » et « le désordre » des oppositions, accusant la gauche de s’être mise « main dans la main avec le Rassemblement national » au moyen d’une motion de censure « qui à dessein a été changée par cette coalition baroque de la Nupes ».

Avec cette motion de censure, « ils ont surtout prouvé qu’ils étaient prêts, socialistes, communistes, écologistes, LFI, à se mettre main dans la main avec le Rassemblement national alors qu’il y a la guerre en Europe, la crise, le désarroi de tant de familles et qu’il faut être du côté des Français », a accusé Macron, particulièrement en colère.

4. Les médecins retraités pourront continuer à travailler

Interrogé sur la pénurie de médecins en France, Emmanuel Macron a admis que « nous n’[en] avons pas assez, à l’hôpital et en ville. Il y a la crise dans nos centres hospitaliers et dans nos déserts médicaux ». Mais pour le chef de l’État, des réponses d’urgence ont été apportées ces derniers mois avec le Ségur de la santé et « des investissements dans les hôpitaux ». Toutefois, « malgré tous ces efforts faits, il y a plein de soignants qui ont arrêté », déplore-t-il.

Concernant les médecins généralistes, « on [en] avait 100 000 il y a quelques années, on en a perdu 6 000 ces dernières années », a révélé le président. Et 25 % des médecins généralistes ont plus de 60 ans. « Tous les médecins qui arrivent à la retraite : on va leur permettre de prendre leur retraite, mais de continuer de travailler ensuite. On va leur permettre de cumuler salaires et pensions à taux plein », « en touchant l’intégralité de leurs revenus sans cotisations retraites », a annoncé Macron.

5. Pas de lien « existentiel » entre immigration et insécurité

Les OQTF (Obligation de quitter le territoire français) ont beaucoup fait parler ces derniers jours. La suspecte du meurtre de la jeune Lola, la semaine passée, était en effet sous le coup d’une OQTF. Seules 5,6 % d’entre elles seraient exécutées. « Notre problème, c’est que nous avons trop d’arrivées et des procédures trop longues », a estimé le président qui souhaite engager le débat. « Nous devons réformer en profondeur nos lois pour pouvoir mieux accueillir ceux qu’on veut accueillir et pouvoir plus vite raccompagner dans leur pays » les autres.

SUR LE MÊME SUJET
Emmanuel Macron veut « durcir les règles » pour lutter contre l’immigration illégale
Emmanuel Macron veut « durcir les règles » pour lutter contre l’immigration illégale
Une nouvelle loi sur l’asile et l’immigration sera présentée pour répondre aux arrivées illégales, a annoncé Emmanuel Macron mercredi soir sur France 2

« Je ne ferai jamais un lien existentiel entre l’immigration et l’insécurité », a également déclaré Macron. Il a réaffirmé sa volonté de « durcir les règles » avec une nouvelle loi pour mieux « lutter contre l’immigration illégale ». « Aujourd’hui, quand on regarde la délinquance par exemple à Paris, où on a une forte concentration […] de cette immigration illégale, oui, elle est très présente dans les faits de délinquance », a ensuite nuancé le président de la République.