2128- La Revue de presse du blog 30 posts

ÉDITORIAL
C’est pas la faute
à Voltaire !

 

Si ce n’est la faute à Rousseau (Sandrine plutôt que Jean-
Jacques), est-ce celle de ses camarades qui jugent le passé
en évitant de le contextualiser ? Qui s’étouffent en
lisant le mot « nègre » dans le titre d’un roman, qu’il soit signé
Agatha Christie ou Joseph Conrad. Qui estiment qu’une baigneuse
en burkini à la piscine est aussi libre que sa voisine
avec les seins nus. Qui veulent imposer l’écriture inclusive à
leurs congénères.


Le 30 mai dernier, nous aurions pu célébrer le 244e anniversaire
de la mort de Voltaire mais celui-ci est passé inaperçu.
Tout juste a-t-on appris que la statue de l’écrivain, retirée il y a
deux ans d’un square du VIe arrondissement de Paris, va être
réinstallée… dans la cour de la Faculté de médecine, ceinte
de grilles et fermée la nuit.


Quel rapport entre Voltaire et Esculape ? Aucun, si ce n’est que
la lecture du maître de Ferney constitue un salutaire vaccin, garanti
sans effets secondaires, contre la bêtise, l’ignorance et le
fanatisme. Trois virus qui n’ont jamais vraiment disparu mais
continuent de connaître des pics inquiétants. Il s’agit, paraît-il, de
protéger Voltaire des pigeons.


N’est-ce pas plutôt des censeurs qui, lestés de leur certitude en
plomb, considèrent que le contre pèsera toujours plus lourd
que le pour, et réclament le déboulonnage d’une statue qu’ils
ont déjà badigeonnée de peinture? Le symbole est terrible. Effigie
de la liberté d’esprit, l’écrivain est mis en cage, fût-elle dorée.


Voltaire est loin d’être un saint. À 50 ans, il devient l’amant
de sa nièce. Il condamne l’esclavagisme mais qualifie les Africains
de « nègres ». Il a surtout écrit des phrases épouvantables
contre les Juifs ou « les sodomites ». Ses détracteurs rappelleront
aussi qu’il préférait la cour des princes à celle des
miracles et qu’il aurait été assujetti à l’impôt sur la fortune.
Voltaire peut en revanche trouver grâce auprès des antispécistes,
lui qui refusait de voir dans les animaux des êtres
inférieurs et ne se nourrissait ni de viande ni de poisson. Il
n’est cependant pas interdit de saliver devant une côte de
boeuf ou une sole meunière tout en se régalant de Candide
ou de Zadig. Pas plus qu’il n’est incompatible de condamner
les violences envers les femmes et d’attribuer trois Césars au
film « J’accuse » de Roman Polanski.


Voltaire reste avant tout le courageux et malicieux ennemi
de l’intolérance, quelle que soit son origine. Celui qui risqua
sa vie, sa notoriété, son argent pour réhabiliter Jean Calas ou
le chevalier de La Barre, victimes de sectarisme religieux. Face
au nouvel ordre moral rousseauiste, la mairie de Paris doit
remettre Voltaire à sa seule place. Celle de la liberté.

 

 Benoît Lasserre (Sud-Ouest)

 

 

La lecture du maître de
Ferney constitue un
salutaire vaccin, garanti
sans effets secondaires,

contre la bêtise, l’ignorance

et le fanatisme

 



04/06/2022
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