2127- Revue de presse 20 posts

 

 

 

 

 

Aussi vite que l’on quitte un Airbnb, Liz Truss a donc décidé de libérer le 10, Downing Street et va permettre au roi d’Angleterre d’exercer plus tôt qu’il ne l’eût imaginé sa principale prérogative: nommer un(e) Premier ministre. Qui? Rishi Sunak? Penny Mordaunt? Boris Johnson? Notre correspondante à Londres Ingrid Feuerstein explique pourquoi le parti conservateur fait face à un choix existentiel. Pour notre spécialiste de géopolitique Dominique Moïsi, ancien professeur au Kings College, on assiste ni plus ni moins au «suicide du parti Tory», comme il le confie dans une interview à Sophie Amsili. Il faut dire que la Première ministre y aura mis du sien avec un programme économique aventureux qui lui a fait perdre la confiance des milieux économiques et de la City en quelques jours, explique Guillaume de Calignon qui cite cette phrase attribuée à Sartre : «la confiance se gagne en gouttes et se perd en litres». Cet épisode ubuesque démontre que même en dehors de l’Union européenne, le Royaume-Uni ne peut pas faire n’importe quoi, remarque notre éditorialiste Etienne Lefebvre.

 

Heureusement, la «mère des démocraties» possède quelques institutions qui tiennent: on songe à la BBC, centenaire parfois chahutée -Liz Truss l’avait accusée de ne pas vérifier ses informations…- mais qui reste le média dans lequel les Britanniques ont le plus confiance, selon notre correspondante qui raconte son histoire et explique comment elle s’est réorganisée face aux critiques.

 

En matière de gouvernance politique, nous n’avons guère de leçons à donner. Comment gouverner un pays éruptif? demande notre chroniqueur Eric Le Boucher qui note qu’il est de plus en plus compliqué de faire valoir la voie du pragmatisme. Nous en avons eu l’illustration avec les débats au Parlement sur le Budget et la Sécurité sociale qui ont tous deux amené le gouvernement à recourir à l’article 49-3 de la Constitution, expliquent Isabelle Ficek et Renaud Honoré. Après 55 heures d’échanges souvent stériles à l’Assemblée, le gouvernement a retenu quelques amendements à son texte initial. Mais pas celui sur les «superdividendes» émanant du Modem, écarté au nom de la «stabilité fiscale», précise Isabelle Couet.

 

Le gouvernement a en revanche accepté de réécrire sa copie sur les dépenses de médicaments, le texte initial risquant de pénaliser l’industrie, indique Solenn Poullennec. Exiger des réductions de marge des industriels est un grand classique mais c’est une stratégie à courte vue qui, année après année, mine l’innovation, s’inquiète notre éditorialiste Jean-Francis Pécresse.

 

Bouée de sauvetage pour gouvernements minoritaires, le 49-3 a permis d’écarter des amendements coûteux alors que les Français souhaitent (à 56%) une réduction des déficits et de la dette, selon notre sondage OpinionWay-Square. N’étant toutefois pas à un paradoxe près, ils sont aussi favorables à une collection de mesures coûteuses comme la poursuite du bouclier tarifaire sur l’énergie. C’est peut-être une des raisons qui explique pourquoi il est si difficile de «lire la météo sociale», comme le remarque Cécile Cornudet. Il y en a une qui tire profit de ce climat de confusion, c’est Marine Le Pen qui a cultivé sa singularité pendant le débat budgétaire, ajoute notre éditorialiste politique.

 

La confusion règne aussi au niveau européen sur l’énergie ou encore la défense, sources de tensions entre la France et l’Allemagne. Et de tensions entre Berlin et bon nombre d’autres capitales européennes : Karl De Meyer, correspondant à Bruxelles, et Vincent Collen ont enquêté sur les raisons pour lesquelles l’Allemagne s’est mis l’Europe à dos. Ce n’est pourtant pas le moment de se diviser, même s’il peut y avoir de bonnes raisons pour cela, avertit notre éditorialiste Lucie Robequain. Car la division de l’Europe, c’est tout simplement le scénario dont rêve Vladimir Poutine. L’aurait-on déjà oublié?

 

Lentement, l’Europe néanmoins avance vers un plafonnement des prix du gaz, expliquent Vincent Collen et Fabienne Schmitt à Bruxelles qui ont suivi la nuit de négociations. Cette idée de plafonnement ne plaît certes pas à tout le monde, notamment pas à la Norvège dont le Premier ministre prévient, dans une interview à Dominique Seux et Vincent Collen: «si l’Europe plafonne le prix, cela se retournera contre elle». Le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, pense, lui, déjà à l’hiver 2023 et redoute qu’il soit «plus difficile»: il l’a dit dans une interview à Fabienne Schmitt.

 

Faute de solutions européennes rapides, l’Etat prépare un «plan B» pour protéger les entreprises de la flambée des prix de l’énergie, explique Sharon Wajsbrot. Il vaut mieux car côté EDF, le redémarrage promis des réacteurs nucléaires n’est pas gagné, en tout cas dans le calendrier prévu. Du coup, dans les PME, c’est la grande débrouille pour réduire la consommation d’énergie, comme ont pu le constater nos correspondants dans plusieurs régions de France.

 

L’Europe qui paie son énergie plus cher que le reste du monde, c’est à terme la mort de l’industrie, s’alarme Alexandre Saubot, le président de France Industrie dans une interview saisissante accordée à Sharon Wajsbrot et Julien Dupont-Calbo. Il est donc crucial de s’en préoccuper si l’on veut réindustrialiser l’Europe, objectif volontariste affiché par Emmanuel Macron dans l’interview exclusive qu’il a accordée aux Echos. Il plaide aussi, avec d’autres, pour la fin d’une forme de naïveté européenne: «Ni les Chinois ni les Américains ne nous feront de cadeaux!». C’est ce que l’on a pu entendre de la bouche de nombreux dirigeants dans les travées du Salon de l’Automobile cette semaine, rapporte notre spécialiste Lionel Steinmann. Toujours très «cash», le patron de Stellantis Carlos Tavares va un cran plus loin en estimant que l’Europe a déroulé le tapis rouge aux constructeurs chinois.

 

La Chine où s’est déroulé toute la semaine, à huis clos, le XXe congrès du Parti communiste. Dans son discours d’ouverture, seul moment public, Xi Jinping a réitéré les deux grands axes de sa politique, «zéro covid» et pression sur Taïwan, explique notre correspondant Frédéric Schaeffer. Il a aussi mis l’accent sur la croissance alors que celle-ci est en berne et ternit son bilan. A l’extérieur, la volonté de la Chine de façonner un ordre mondial à sa main inquiète, témoigne Guillaume de Calignon. D’autant plus qu’elle dispose du 2e budget militaire du monde et notre spécialiste Anne Bauer détaille ses ambitions en la matière. D’où l’intérêt pour l’Occident de concevoir une dissuasion multiforme vis-à-vis de Pékin pour éviter un coup de force sur Taïwan, explique dans une interview passionnante l’ancien Premier ministre australien Kevin Rudd.

 

Il va donc falloir jouer collectif or en matière de défense, l’Europe affiche plutôt ses divisions avec cette initiative de Berlin, qui exaspère Paris, de créer un bouclier antiaérien s’appuyant sur des technologies américaines et israéliennes. Union difficile aussi dans le civil où le nouveau report du lanceur Ariane 6 provoque du tirage au sein de l’Europe spatiale. Les Européens pourtant restent à la pointe dans toutes ces technologies spatiales et militaires. A preuve, ces recherches menées par Naval Group sur les drones marins, appelés à jouer un rôle crucial à l’avenir dans les combats en mer, selon le patron de Naval Group qui s’est longuement confié à Anne Bauer.

 

Pour financer toutes ces dépenses, les Etats devront lever des sommes considérables dans un contexte de très net renchérissement des taux d’intérêt. Les événements politiques au Royaume-Uni montrent que les risques de tempête financière ne sont jamais loin, analyse Sophie Rolland. Surveiller les marchés, c’est la mission de Marie-Anne Barbat-Layani, la nouvelle patronne de l’AMF qui, non sans humour, confie à Laurence Boisseau qu’elle aura réussi le jour où on ne la confondra plus avec l’Association des maires de France…

 

Lui aussi a une nouvelle mission: le métro! Jean Castex prend la tête d’une RATP aux défis multiples, explique Denis Fainsilber. Tâche compliquée par le fait qu’il n’est pas censé parler avec le ministre des Transports qui fut son ministre, règles -absurdes- de déontologie publique obligent. Mais le ministre, lui, peut l’appeler…

 

Voyageons plus loin avec notre scientifique Yann Verdo qui nous raconte les découvertes passionnantes du rover de la Nasa arrivé depuis six mois sur Mars à la recherche de traces de vie. Mais au fond, connaît-on vraiment la terre qui se trouve sous nos pieds? Dans une chronique époustouflante, Gaspard Koenig nous explique comment, sans ver de terre, il n’y aura pas de terre. «Ils constituent la première biomasse animale de la planète. Autrement dit, tous les lombrics mis sur une balance pèseraient plus lourd, et de loin, que tous les Homo sapiens», révèle notre chroniqueur philosophe. Qu’on le sache, la protection des lombrics est une question de survie pour l’homme…

 



22/10/2022
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