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Élisabeth Borne : «La France insoumise veut le chaos, le désordre, le bazar»

  • par Tristan Quinault-Maupoil, envoyé spécial en Algérie pour Le Figaro - octobre 2022

RENCONTRE - La première ministre s’est confiée dans l’avion qui la ramenait d’Algérie.

 

L’adoption en première lecture à l’Assemblée nationale, ce mardi, du projet de loi sur la nouvelle réforme de l’assurance-chômage, Élisabeth Borne l’agite comme un petit trophée. Dans cet hémicycle où ses soutiens sont moins nombreux que ses opposants, elle amène la preuve qu’elle parvient à manœuvrer. Le vote cet été du texte sur le pouvoir d’achat avait déjà soulagé l’exécutif, mais ce texte ne présentait pas autant d’aspérités que les suivants. Sans aucun doute, le plus dur reste à faire.

 

Pendant que des concertations s’ouvrent à tous les étages du gouvernement, la majorité s’impatiente encore de pouvoir présenter des résultats concrets, des preuves que la transformation promise du pays est réellement en marche.

 

 

Dans l’avion qui la ramène d’Algérie, où elle a conclu lundi sa première visite à l’étranger, la première ministre se confie au Figaro et évacue le procès en immobilisme. «On ne fait pas de surplace quand on lance une réforme de l’assurance-chômage, une réforme des retraites, un projet de loi sur les énergies renouvelables, un projet de loi sur la sécurité intérieure, qu’on présente un budget. Nous avons avancé. Tous les chantiers sont lancés.»

 

Alors que les oppositions vont très probablement pousser l’exécutif à utiliser l’article 49-3 pour permettre au budget 2023 d’être adopté, la fragilité du gouvernement est mise en lumière. «Je me vis simplement dans l’action», tranche Élisabeth Borne, quand on lui demande si elle a le sentiment d’être en sursis, deux semaines après qu’Emmanuel Macron a brandi la menace d’une dissolution.

Dimanche, Élisabeth Borne passera le cap des cinq mois à Matignon. Le même jour, La France insoumise tentera (en vain) de mobiliser le pays contre «la vie chère». (NDLR du blog :Le cabinet Occurrence indépendant qui travaille pour le service public et de nombreux Médias chiffre la présence de 29500 personnes comme le Ministère de l’Intérieur ce qu’on oublie de nous dire pour ne pas fâcher LFI ,Mélenchon qui a râté son pari, et la CGT qui remet ça mardi)

 

Il y a vingt-cinq ans, Jean-Luc Mélenchon et Élisabeth Borne marchaient de conserve dans le sillage de Lionel Jospin. Lui comme ministre, elle comme conseillère du chef du gouvernement. 

«S’enfermer dans une vision idéologiquement figée pendant que le monde se transforme, ce n’est pas la bonne voie. Il faut savoir se réinventer. Je note que certains ont arrêté leur évolution», remarque la première ministre, qui juge que son ancien camarade du PS «est parti très loin».

 

«Ce n’est plus le même…», souffle-t-elle. «La France insoumise veut le chaos, le désordre, le bazar. Moi, je veux des réponses concrètes pour les Français», poursuit-elle, très ferme. Devant des élèves du lycée français d’Alger rencontrés lundi, elle a répondu aux interrogations d’une jeunesse souvent sensible aux argumentaires de la Nupes. De l’écologie aux débats féministes, les questions ont fusé d’élèves qui évoquent leur «éveil» sur ces débats de société. Un terrain sur lequel Élisabeth Borne revendique d’être alerte.

 

Conjonction de crises

Son prédécesseur s’inscrivait comme un premier ministre défenseur des territoires, elle aimerait volontiers qu’on la présente comme la première ministre de la jeunesse. «La lutte contre le dérèglement climatique, l’égalité des chances, permettre aux jeunes de trouver leur voie, ce sont mes combats. La jeunesse nous tire», insiste celle qui veut «préparer le pays dans lequel ils vivront». Devant eux, elle demande de tourner le dos aux «expressions caricaturales» qui disent que son gouvernement «n’en fait pas assez» sur l’écologie.

«On ne peut pas dire qu’il faut adopter un modèle de décroissance», poursuit-elle. Puis, à l’évocation de la réforme des retraites: «C’est vraiment une fausse idée de penser que retarder le départ à la retraite empêcherait les jeunes de rentrer sur le marché du travail.» Et ce, avant d’inviter ses interlocuteurs à être 

«extrêmement vigilants» quant à la défense des droits des femmes.

 «Quand vous cherchez à recruter quelqu’un sur un poste de responsabilité, vous avez des tas de messieurs qui se présentent en disant “Je suis celui qu’il faut”, alors que le gars il lui manque trois marches… Et ensuite, vous allez chercher une femme qui a le profil, mais elle répond qu’il lui manque des tas de qualités», grince-t-elle.

«La lutte contre le dérèglement climatique, l’égalité des chances, permettre aux jeunes de trouver leur voie, ce sont mes combats.» Élisabeth Borne

 

Plus tard, on l’interroge sur l’écologiste Sandrine Rousseau, qui ambiance le débat public depuis son élection à l’Assemblée nationale: «Je crois que Madame Rousseau se perd un peu et se trompe de combat» même s’il reste «des progrès à faire» pour l’égalité des sexes, «ça ne doit être un combat des femmes contre les hommes». Probablement pense-t-elle, aussi, aux critiques qui ont été formulées après sa nomination. Parfois qualifiées de misogynes. En tout cas, elle ne peut s’empêcher de moquer un haut-commissaire qui aurait réclamé une mission sur la réforme des retraites… Ou de tancer ceux qui parlent déjà de 2027, alors que «ce n’est pas le moment, quand on voit les difficultés concrètes auxquelles sont confrontés nos concitoyens».

 

On pense évidemment à François Bayrou, avec lequel elle peine à s’entendre. Avec certains de ses ministres, les débuts n’ont pas été plus simples. Comme avec Gérald Darmanin, son hyperactif ministre de l’Intérieur. «Je crois avoir maintenant une relation de confiance avec la première ministre. Oui, on n’a pas la même histoire ni la même personnalité. Je crois qu’elle a vu que j’ai mon caractère et des convictions. Mais je suis loyal et efficace. Comme elle, il me semble», nous confiait-il récemment. «Elle est bien là où elle est. Elle travaille sur le fond des choses, et les Français s’en rendent compte», avance son amie Anne-Marie Idrac, qui est allée lui rendre visite à Matignon la semaine dernière. «Elle est sereine, très détendue.»

 

Au sein de la majorité, nombreux ont été surpris de voir Élisabeth Borne être plus populaire qu’Emmanuel Macron dans les enquêtes d’opinion publiées à la rentrée. «J’ai une ligne, je porte ce à quoi je crois en étant ce que je suis», commente-t-elle, avec le ton concis et sans fioriture auquel elle a habitué les Français. «On ne peut pas se fonder sur des sondages pour guider son action. Tout ça est très fluctuant», insiste-t-elle. Il est vrai que dans le dernier baromètre politique Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio, elle plonge de six points (38 % de satisfaits). Et 68 % des Français jugent que cette femme qui se livre peu n’est pas proche des préoccupations des Français (- 7 points).

 

La conjonction de crises qui monopolisent son agenda n’aide pas«Elle gère très bien une situation difficile avec une injonction paradoxale à aller vite tout en concertant», commente un ministre. Élisabeth Borne ne dévie pas: «Ma méthode, c’est d’être dans le dialogue, dans la recherche permanente du compromis.» Peut-être, aussi, pour faire oublier qu’elle devrait être une première ministre habituée du 49-3. «Je ne veux pas le vivre comme un acte d’autorité», contre un Parlement hostile, dit la chef du gouvernement, qui se prépare à l’affronter par gros temps.

  • Illustration : «Tous les chantiers sont lancés», a affirmé Élisabeth Borne. GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP

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17/10/2022
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