2121- La Revue de presse du Bistrot 21 posts de Marco

LA CHRONIQUE DE
.......................................................
PIERRE VERMEREN
L’histoire, le nucléaire et le KGB  (Sud-Ouest)

 

 

 

Les "Grünens" sont les fils du KGB... et les "Kmers verts" leurs petits-fils.

 

 

Il nous arrive de déplorer la faiblesse des démocraties,
dont les dirigeants seraient taillés pour gagner des élections
à court terme, tandis que les autocrates, libérés de cette
contrainte, disposeraient du temps de l’action et de la profondeur
historique. Pourtant, le XXe siècle a démontré que les
démocraties, qui anticipent rarement les catastrophes les
menaçant, ont une capacité de réaction surprenante quand
survient un conflit. La guerre d’Ukraine pourrait à nouveau
l’illustrer… On se gardera de tout pronostic, car l’histoire ne
cesse de déjouer les lois dans lesquelles les hommes veulent
l’enserrer : elle n’est qu’un livre ouvert qu’il faut méditer.

Méditons donc sur cette guerre.

 

Dans l’URSS d’après Joseph Staline (mort en 1953), le KGB
(« Comité pour la sécurité de l’État ») était le bras armé de la
lutte contre l’Occident, la guerre ouverte étant interdite
pour cause de dissuasion nucléaire. La guerre des services
de renseignement, l’ingérence, l’intoxication
et les actions de propagande battaient leur plein. L’omnipotent
service de renseignements était l’employeur du colonel Vladimir
Poutine devenu, en 1998-1999, directeur du FSB, son nouvel acronyme.

À partir de 1980, le KGB a suscité, financé et soutenu la création
du parti Die Grünen (les Verts) en Allemagne de l’Ouest.
Ce fut l’une de ses campagnes les plus réussies. Ceux qui ont
fréquenté des cours d’allemand ou la RFA dans les années
1980 se souviennent de l’omniprésent « Nuklear ? Nein,
danke ! » (Nucléaire ? Non merci!), écrit sur un autocollant représentant
un petit soleil en fleur de tournesol joufflu et rigolard,
collé sur des millions de vitrines et de voitures.

 

La campagne était téléguidée par Moscou : pourquoi ? Le
KGB a profité de l’état traumatique des enfants du baby-boom
allemand, qui prenaient peu à peu la mesure du désastre de
l’hitlérisme dans lequel avaient baigné leurs parents, pour imposer
la confusion entre nucléaire civil et nucléaire militaire,
alors que la RFA était interdite de bombe A depuis 1945.
Il s’agissait d’y discréditer le nucléaire civil, afin que ce pays y
renonce, pour briser son indépendance. Le syllogisme « nucléaire
= Hiroshima = impérialisme = totalitarisme = Hitler » a si
bien fonctionné qu’après la chute de l’URSS, l’accident de
Fukushima (Japon) aidant, Angela Merkel a annoncé, en 2011,
la sortie du nucléaire civil en dix ans.

 

L’hégémonie culturelle antinucléaire imposée à la société
allemande par Die Grünen a été une victoire posthume du KGB.
De facto, la Russie post-soviétique en a profité pour faire passer
l’Allemagne dans la dépendance de son gaz : après les gazoducs
terrestres via l’Ukraine et la Pologne, les deux gazoducs
géants Nord Stream, reliant par mer la Russie à l’Allemagne (depuis
2005), ont joué ce rôle : en 2020, 26 % de l’énergie consommée
en Allemagne était du gaz russe, devenu vital. Les États-
Unis ont vu rouge, menaçant les entreprises européennes
participant à la construction des gazoducs. En vain.
La guerre d’Ukraine valide de ce point de vue le temps long
de l’histoire mis en musique par le KGB. La CIA avait anticipé
la paralysie allemande en cas de conflit avec la Russie : cela arriva
en février 2022 quand ce pays envahit l’Ukraine. Pas
question en effet pour l’Allemagne dépendante
de surréagir… Si l’armée russe ne s’était pas embrouillée
dans sa corruption et ses mensonges, elle aurait
d’un coup ravi l’Ukraine. Face à cette guerre d’invasion
inédite en Europe depuis 1945, pas question en effet pour
Berlin de couper les gazoducs russes, le seul acte susceptible
de briser l’assaut de Poutine, le gaz finançant sa guerre. Mais en
plein hiver, l’Allemagne aurait été à genoux, le nucléaire résiduel
ne représentant que 5 % de sa consommation d’énergie. Il
fallut donc laisser les Ukrainiens faire la guerre.

Le sabotage de North Stream en octobre, et les boycotts à répétition
de l’Union européenne contre la Russie nous
font croire que cette phase a été surmontée. Ce n’est pas encore
le cas : « Le Canard enchaîné » de cette semaine a dévoilé que
depuis février, les pays européens ont acheté pour 100 milliards
d’euros d’énergie à la Russie (sans parler des canaux parallèles
via l’Azerbaïdjan). Le piège fomenté à Moscou il y a
presque un demi-siècle paralyse toujours l’Union et l’Allemagne.
Il reste aux démocraties menacées et attaquées à prouver
leur résilience et leur inventivité : après tout, les « Cosaques »
ukrainiens donnés pour morts par Moscou ont montré qu’ils
sont bien vivants.


L’hégémonie culturelle antinucléaire imposée à la société allemande par le parti Die Grünen a été une victoire posthume du KGB

 

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L'Opinion Kak

 

 

 



16/10/2022
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