2100- L'Ukraine martyrisée 12 posts

Boutcha, le devoir de justice

édito: Christophe Lucet Sud-Ouest

 

Le scandale du sang versé par des innocents éclabousse
les guerres de tous les temps. Celle d’Ukraine échappe
d’autant moins à la honte que les objectifs de « l’opération
spéciale » lancée le 24 février par Vladimir Poutine semblent
largement incompris de son propre peuple malgré la
propagande du Kremlin. Or, en se retirant des localités qu’elle
occupait depuis un mois, l’armée russe a laissé voir le sinistre
tribut payé par les civils ukrainiens à son équipée impérialiste.


Ces corps allongés dans les rues à Boutcha , ces
fosses communes découvertes dans le sillage du retrait des
chars, en annoncent d’autres, hélas. C’est le Kremlin lui même
qui le fait savoir, accusant à l’avance les services spéciaux
ukrainiens de monter de toutes pièces des scénarios
macabres. Ceux-là mêmes qui permettront d’empiler les preuves
supposées des « crimes de guerre » que Kiev, ses alliés occidentaux
et les organisations internationales imputent déjà au
régime de Poutine.


Ces dénégations russes étaient bien sûr attendues. La prudence
exige de les entendre et de les analyser. Car l’action psychologique,
elle aussi vieille comme Polemos, manie désormais les armes
sophistiquées du trucage, du montage de fausses images
ou vidéos, des récits « alternatifs» permettant d’épaissir à volonté
le « brouillard de la guerre » pour entretenir le doute et égarer
les esprits.


L’observateur doit aussi avoir à l’esprit des précédents historiques.
Comme celui du charnier découvert en décembre
1989 à Timisoara, en Roumanie, durant la révolte contre le dictateur
Ceausescu et faussement attribué à ses sbires, ce qui
semblait hautement probable aux médias étrangers accourus
sur place pour témoigner de la chute du communisme.
Trente ans plus tard, il est pourtant difficile d’accuser les
observateurs et défenseurs des droits de l’homme de céder à
l’hystérie antirusse. La vraisemblance, les indices, les témoignages
concordants et jusqu’à des images satellites concentrent
les regards vers les seuls auteurs crédibles de ces atrocités
constatées à Boutcha, Irpin, Hostomel, et demain, hélas,
dans d’autres localités libérées.


Le régime de Poutine est un orfèvre reconnu de la désinformation
et de la violence. Mais il n’en a pas le monopole. C’est
pourquoi il faut lui conserver, malgré tout, le bénéfice du
doute, jusqu’à ce que des preuves indiscutables, que la Cour
pénale internationale collecte déjà, puissent documenter les
« crimes de guerre », les établir et remonter à leurs auteurs. La
guerre n’est malheureusement pas finie. Mais l’espoir que la
justice puisse être rendue n’est pas perdu.



06/04/2022
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