2092- La Revue de presse du blog 31 posts

Le chaudron Corse

édito Christophe Lucet S-O

 

S’il est un reproche qu’on peut faire à Emmanuel Macron
dans sa gestion du dossier corse, c’est une forme
de négligence. Au lieu de le traiter à froid au début du
quinquennat, le président de la République se retrouve, en
pleine guerre d’Ukraine et en campagne électorale, à devoir
dépêcher à Ajaccio son ministre de l’Intérieur pour
une tardive mission de déminage.


Pour que le feu allumé par l’agression carcérale contre
Yvan Colonna n’embrase pas le maquis, un seau d’eau a été
lancé avec la levée de l’interdiction faite aux détenus
corses du « commando Érignac » de purger leur peine sur
l’île. Mais ce geste de Paris n’a nullement découragé le courant
nationaliste qui s’est livré dimanche dernier à une
démonstration de violence de rue scandaleuse et pourtant
tolérée par une partie de la population insulaire.


Gérald Darmanin a donc sorti la lance à incendie. Il a lâché
le mot « autonomie », que le président n’avait jamais prononcé
lors de ses visites sur l’île mais qui est déjà au coeur du
programme de ceux qui dirigent depuis sept ans la collectivité
insulaire. Un tabou a-t-il sauté ? Il se vérifie en tout cas
qu’en France, rien de tel qu’une bonne crise pour s’attaquer enfin
à la racine des problèmes.


Dire cela n’est pas excuser la stratégie d’intimidation des
milieux « natio ». Ni négliger les arguments des défenseurs
sourcilleux de la République « une et indivisible ». Mais les
statuts de large autonomie dont jouissent déjà tous les
territoires français d’outre-mer offrent une large palette
de solutions pour résoudre cette équation dans un esprit
de compromis.


Les querelles de famille entre Corses n’arrangent évidemment
rien. Le torchon brûle entre l’actuel chef de l’exécutif

de l’île de Beauté, l’autonomiste Gilles Simeoni,
et ses ex-alliés nationalistes. Ces derniers surfent sur l’émotion
née de l’agression contre Colonna. Ils dénoncent
le bilan en demi-teinte de la gouvernance Simeoni. Et ils
encouragent une jeunesse radicale à reprendre le combat
contre « l’État français ». Et voilà que la minorité violente
de l’ex-FLNC menace de recommencer les attentats.


Il est dommage, et inquiétant, que ces discussions nécessaires
se profilent dans un tel climat. Mais qu’on le
veuille ou non, l’organisation des pouvoirs sur l’île de
Beauté doit être revue. Rappelons que la majorité des
Corses, si elle soutient ses élus dans leur bras de fer avec
Paris, ne veut pas l’indépendance. Et qu’une autonomie
accrue, qui laisse à l’État toutes les fonctions régaliennes,
est tout à fait négociable.



17/03/2022
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