2091-Présidentielle 10 et 24 avril 2022 38 posts

La guerre en Ukraine s’est invitée dans
la campagne pour l’élection présidentielle.
Mais si elle en change la donne, elle ne
la fait pas pour autant disparaître. Analyse

 

Dossier réalisé par Bruno Dive pour Sud-Ouest

 

 

Aux États-Unis, on appelle cela « l’effet drapeau » :
toute guerre dans laquelle le pays se trouve peu ou
prou engagé rapproche les citoyens du président, dont la
cote s’envole… Au moins pour un temps. Il en va de même en
France. Mitterrand avec la guerre du Golfe, Chirac parce
qu’il avait au contraire refusé l’invasion de l’Irak douze ans
plus tard, plus récemment Hollande et le Mali ou les attentats :
tous ont vu leur cote de popularité bondir d’une dizaine de
points en un mois… Avant de la voir aussi vite redescendre,
lorsque les contingences domestiques ont repris le dessus.
À terme, aucun n’en a tiré parti :Mitterrand a subi une seconde
cohabitation, Chirac a perdu les régionales puis le référendum
européen, Sarkozy (après la Libye) a été battu et
Hollande n’a pas été en mesure de se représenter.


Double emploi du temps
La différence avec cette guerre en Ukraine, c’est qu’un conflit
d’une rare intensité s’invite en pleine campagne présidentielle.
Et renforce la position du président-candidat, pour lequel
les intentions de vote ont grimpé de cinq à huit points en
moins de trois semaines. On voit mal, sauf bévue monumentale,
ce qui pourrait inverser la tendance d’ici trois autres
semaines. Emmanuel Macron jongle avec un double emploi
du temps, celui du président qui tente de négocier avec Poutine
ou réunit des sommets européens et celui du candidat
qui s’efforce de parler aux Français.
Il puise dans la situation internationale un argument
supplémentaire pour refuser tout débat avant le premier
tour avec ses adversaires. Il bénéficie pleinement de « l’effet
drapeau ».


Tous ceux qui l’ont rallié, qu’ils viennent de LR ou du PS,
ont mis en avant cet argument.Avant même le déclenchement
de la guerre, Éric Woerth expliquait qu’on n’allait pas changer
de président tous les cinq ans.«On ne change pas de capitaine
dans la tempête », approuve Martine Vassal, présidente (LR)
du département des Bouches du-Rhône. « L’expérience et la
jeunesse vont pouvoir gouverner», s’exclame Jean-Pierre
Raffarin. Un autre ancien Premier ministre, Manuel Valls, lui
fait écho : « C’est le seul choix possible. » « Il a l’envergure et la
crédibilité d’un chef d’État », appuie le socialiste François Rebsamen.
Un argument qui porte, notamment auprès des plus
âgés, ce qui peut expliquer que Valérie Pécresse ait poursuivi sa
glissade dans les sondages.


Faire président
Les rivaux d’Emmanuel Macron doivent relever un double défi :
« faire président » et, pour certains, faire oublier d’embarrassantes
prises de position. En ce qui concerne le premier défi,
chacun s’y essaye, plus ou moins habilement. Valérie Pécresse
a ainsi mis en scène son propre « Conseil de défense »,
composé de trois anciens locataires de la rue Saint-Dominique
sous Chirac et Sarkozy et de parlementaires LR membres
de la commission de la Défense.
Mal préparée et moquée sur les réseaux sociaux, la séquence
s’est retournée contre la candidate. Cette réunion devait en
réalité préparer le discours que celle-ci a prononcé le 3 mars à
propos de la défense… Et qui est passé totalement inaperçu.


Plus malin, Jean-Luc Mélenchon tente de se sculpter une
statue à la Jaurès, s’efforçant de sauver la paix par tous les
moyens. C’est ainsi qu’il a condamné d’un même mouvement
l’agression russe… et les livraisons d’armement à l’Ukraine,
mais aussi les sanctions contre la Russie. Une manière
de poser en homme politique responsable, tout en espérant
faire vibrer la fibre pacifiste, censée irriguer la gauche. Mais
pour lui, comme pour Marine Le Pen et Éric Zemmour, il s’agissait
surtout de faire oublier les déclarations énamourées

de jadis envers le maître du Kremlin. Vieux routiers des
campagnes présidentielles, les deux premiers ont vite pris le
tournant. Le troisième, en revanche, s’est accroché à des déclarations
ambiguës sur Poutine, « le démocrate autoritaire»,

ou sur les réfugiés qu’il ne faudrait pas accueillir, et qui
l’ont encalminé dans les sondages.
Depuis le déclenchement de la guerre, leurs rivaux de droite
ou de gauche tirent à boulets rouges sur eux. D’un côté, Valérie
Pécresse alimente un compte Twitter qui recense
toutes les déclarations de « Vladimir Zemmour » et de « Marine
Poutine ». De l’autre, Anne Hidalgo et Yannick Jadot fustigent
en Mélenchon un « agent » qui a servi « les intérêts de Poutine »,
selon l’une, et qui « a capitulé » devant le dictateur russe, selon
l’autre. Sans effet pour l’instant dans les sondages. Comme si
« l’effet drapeau » devait profiter exclusivement au président
sortant, et non aux candidats des anciens grands partis de
gouvernement…

 

Moyenne des candidats dans les sondages au 22 mars (partage Pourcine sur FB)

 

Pourcine.jpg

 

 

 

 

 

 

 



16/03/2022
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