2075-La campagne de la présidentielle 49 posts

Macron et ses parrainages, le duel Le Pen-Zemmour, Taubira à la peine… le récap de la semaine

Retour sur les temps forts de la campagne électorale pour la présidentielle entre le 31 janvier et le 4 février 2022.LES ECHOS

  • 070888068616_web_tete.jpg
(Yannick Jadot : Philippe Lopez/AFP - Emmanuel Macron : Ludovic Marin/AFP - Chrisitiane Taubira : Philippe Lopez/AFP - Marine Lepen : François Lo Presti/AFP)

Par Valérie Mazuir

Publié le 4 févr. 2022

Chaque vendredi, faites le point, avec notre rendez-vous hebdomadaire, sur les temps forts de la campagne électorale et retrouvez les analyses et décryptages des spécialistes du service Politique des « Echos ».

· Macron fait durer un vrai-faux suspense

La cote de confiance du chef de l'Etat regagne 3 points ce mois-ci à 35 % dans le baromètre Elabe pour « Les Echos ». Alors qu'une partie des restrictions sanitaires ont été levées, il bénéficie de sa gestion de la crise du Covid dans l'opinion et de la présidentialité de la séquence actuelle.
 
La cote de confiance du chef de l'Etat regagne 3 points ce mois-ci à 35 % dans le baromètre Elabe pour « Les Echos ». Alors qu'une partie des restrictions sanitaires ont été levées, il bénéficie de sa gestion de la crise du Covid dans l'opinion et de la présidentialité de la séquence actuelle.Ludovic Marin/AFP

La candidature d'Emmanuel Macron pour un nouveau mandat ne fait plus aucun doute, tout le dispositif opérationnel est prêt et ses équipes n'attendent que le feu vert. Mais mardi le chef de l'Etat a confirmé que le temps de sa candidature n'était pas encore venu.

 

Dans une interview à « La Voix du Nord », il a estimé qu'il ne peut se déclarer candidat tant que la « phase aiguë » de la cinquième vague de Covid n'est pas passée et que les tensions restent fortes au sujet de l'Ukraine . « Je ne peux pas raisonnablement expliquer aux Français que je vais m'adonner à ce temps démocratique important, alors que je leur ai dit que je serai président jusqu'au bout et que nous avons une crise à la frontière ukrainienne qui menace notre sécurité collective », a-t-il fait valoir.

Emmanuel Macron rencontrera Vladimir Poutine lundi prochain à Moscou puis le président ukrainien Volodymyr Zelensky mardi à Kiev, a annoncé l'Elysée ce vendredi.

 
Une déclaration de candidature à la présidentielle n'a rien d'anodin. Lionel Jospin peut en témoigner, qui a raté son entrée en campagne en 2002 en envoyant… un simple fax à l'Agence France Presse.

Même pour un chef de l'Etat en exercice, l'acte est lourd en symboles. Depuis le début de la Ve République et avant qu'Emmanuel Macron ne descende dans l'arène, cinq chefs de l'Etat se sont portés candidats à leur succession. Avec des évolutions sur la forme mais des constances sur le fond.

· Parrainages : pour Macron c'est fait

S'ils souhaitent parrainer un candidat, les 42.000 élus (maires, parlementaires, eurodéputés, conseillers régionaux, départementaux et territoriaux…) doivent faire parvenir au Conseil constitutionnel, par voie postale exclusivement, le formulaire et l'enveloppe officiels qu'ils ont reçus de l'Etat. Chaque élu a droit à un parrainage.
 

S'ils souhaitent parrainer un candidat, les 42.000 élus (maires, parlementaires, eurodéputés, conseillers régionaux, départementaux et territoriaux…) doivent faire parvenir au Conseil constitutionnel, par voie postale exclusivement, le formulaire et l'enveloppe officiels qu'ils ont reçus de l'Etat. Chaque élu a droit à un parrainage.Mourad ALLILI/SIPA

Pas encore officiellement candidat mais déjà qualifié : Emmanuel Macron a franchi le premier, jeudi, le cap des 500 signatures d'élus nécessaires pour la présidentielle. Avec 529 parrainages, le président sortant a pris le large devant Valérie Pécresse (324 signatures) et Anne Hidalgo (266).

A 66 jours du premier tour, les chiffres des parrainages restent en grande partie décorrélés des intentions de vote : à l'extrême droite, Marine Le Pen n'en a pour l'instant recueilli que 35 et son rival Eric Zemmour 58 alors qu'ils sont engagés dans une féroce bataille avec la candidate LR pour décrocher une qualification au second tour. Marine Le Pen s'est d'ailleurs dite « inquiète » car « c'est de plus en plus difficile, beaucoup plus difficile qu'en 2017 ».

 

Quatre autres candidats franchissent la barre des 100 parrainages : Fabien Roussel (159), Nathalie Arthaud (138), Jean-Luc Mélenchon (100) et Jean Lassalle (124). D'autres sont plus à la peine comme Yannick Jadot (80) et surtout Christiane Taubira (8).

Mais les jeux ne sont pas faits : les candidats ont jusqu'au 4 mars à 18 heures pour recueillir les précieux sésames....

 

 

 

· Jadot décline son programme

Parmi les principales mesures de Yannick Jadot : l'arrêt de 10 réacteurs nucléaires d'ici 2035, 6.000 nouvelles éoliennes, un « ISF climatique » ou encore la construction de 700.000 logements sociaux.Stéphane de Sakutin//AFP

Après un meeting à Lyon, samedi dernier, Yannick Jadot a continué cette semaine a décliné son programme axé sur la lutte contre l'inaction climatique et les inégalités. Lundi, en Corse il a promis « un statut d'autonomie de plein droit et de plein exercice » pour l'île ; mardi, à Lille, il a appelé à accueillir « dignement » les migrants ; mercredi il a défendu en conférence de presse sa « République écologique et solidaire » et précisé son projet de « bonus-malus écologique » sur tous les impôts .

 

Il a notamment promis qu'il « lèverait les doutes » contre « ceux qui discréditent l'écologie », estimant que son projet était le seul qui « donne une perspective d'avenir positive ». « Nous ne sommes plus simplement des lanceurs d'alerte, ça c'est ce qu'on a fait pendant trente ans… On est du côté des solutions et elles sont enthousiasmantes », a assuré le candidat : « Etre dans l'entraide, maîtriser sa vie, bien manger, faire du sport, profiter de la nature, être et aimer qui on veut ».

 

 

Mais Yannick Jadot a beau se démultiplier, sa campagne patine. Ce vendredi, il perd 1 point dans le baromètre quotidien OpinionWay - Kea Partners pour « Les Echos » et tombe au même niveau d'intentions de vote au premier tour que Christiane Taubira et Fabien Roussel, à 4 %. Juste devant Anne Hidalgo (3 %).

· Taubira à la peine

Christiane Taubira a pris l'air jeudi sur l'île d'Oléron, pour parler réchauffement climatique et érosion, au lendemain d'une prestation ratée sur le mal-logement.
 
Christiane Taubira a pris l'air jeudi sur l'île d'Oléron, pour parler réchauffement climatique et érosion, au lendemain d'une prestation ratée sur le mal-logement.Philippe Lopez/AFP

Euphorie de courte durée pour Christiane Taubira, après sa victoire dimanche à la Primaire populaire . Ses vibrants appels pour une « gauche unie et debout » se sont, sans surprise, fracassés sur un mur de refus de ses rivaux : Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Fabien Roussel.

 

Interrogés sur leur perception de la Primaire populaire, les Français se montrent d'ailleurs assez critiques à l'égard du scrutin. Près d'un sur deux le considère comme un échec (47 %) quand seulement 8 % le voient comme un succès, selon le baromètre OpinionWay - Kéa Partners pour « Les Echos ».

 

 

Mercredi, l'ancienne garde des Sceaux a raté son audition devant la Fondation Abbé Pierre, où elle a présenté des propositions sur le mal-logement, jugées floues et sans chiffrage. « J'ai l'habitude des attaques d'une très grande violence, je n'ai pas d'illusion dans cette campagne, ça n'est pas un sujet en soi, en tout cas, ça n'a pas d'effet sur ma détermination », a-t-elle réagi jeudi lors d'un déplacement sur l'Ile d'Oléron.

 

Interpellée par une femme « de gauche », qui lui a avoué que si elle a été « ravie » au début de voir qu'elle tentait le rassemblement, elle a désormais « peur que ça devienne une candidature de plus », Christiane Taubira a répondu qu'elle « compte sur les gens pour faire bouger les choses ». Puis a lâché : « Si les gens ne lancent pas une dynamique, je prendrai acte ».

Elle « n'ira pas au bout », a prédit l'ancien premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, estimant que « prisonnière du programme de la Primaire populaire trop radical pour le PS et pas assez pour LFI et EELV, elle ne rassemblera pas ». Jeudi, l'écologiste Sandrine Rousseau a déclaré « rêve [r] d'une chose » : que cette femme qu'elle « adore » rejoigne la campagne de Yannick Jadot.

 

· L'extrême droite se déchire

« Les Français n'en peuvent plus du mépris » et « des promesses non tenues » d'Emmanuel Macron, a jugé Marine Le Pen mercredi dans les Hauts-de-France, quelques heures avant un déplacement du chef de l'Etat à Dunkerque, Lens et Tourcoing pour parler notamment de subventions territoriales dans ce bassin minier en proie à de grandes difficultés économiques.
 
« Les Français n'en peuvent plus du mépris » et « des promesses non tenues » d'Emmanuel Macron, a jugé Marine Le Pen mercredi dans les Hauts-de-France, quelques heures avant un déplacement du chef de l'Etat à Dunkerque, Lens et Tourcoing pour parler notamment de subventions territoriales dans ce bassin minier en proie à de grandes difficultés économiques.François Lo Presti/AFP

Au sein de l'extrême droite, la campagne est rythmée, depuis quelques jours, par les « trahisons », petites phrases assassines et autres querelles familiales. Ce vendredi, un parrainage accordé à Eric Zemmour divise le RN à Marseille où le sénateur Stéphane Ravier a dénoncé « un appel au flingage », après le départ de son groupe au conseil municipal d'un conseiller de Marine Le Pen. Côté Eric Zemmour, son nouveau porte-parole, Gilbert Collard, un transfuge récent du RN, ironise après les attaques de Marine Le Pen contre son candidat en estimant qu'elle « va finir présidente de SOS Racisme ».

 

 

Marine Le Pen avait appelé le week-end dernier « ceux qui veulent partir » du RN à partir « maintenant ». Jeudi dans une interview au « Figaro », elle a déclaré être « lassée du bruit et de la fureur » et avoir « envie d'efficacité et de sérénité ». « L'ivresse de la brutalité, des mots chocs et de la polémique permanente, j'en suis revenue […] les buzz font peut-être la campagne mais ne font pas l'élection », a-t-elle assuré.

 

L'image de la candidate du RN profite de cette stratégie de « banalisation » et du contraste avec Eric Zemmour . Un tiers des Français a d'elle une « image positive », comme de Valérie Pécresse, selon le baromètre Elabe pour « Les Echos », publié jeudi. Mais les intentions de vote en sa faveur ont fondu depuis un an - à tel point que sa qualification au second tour de la présidentielle n'est plus acquise. Ce samedi à Reims, elle tient le premier grand meeting de sa campagne.

· Sécurité à droite vs mal-logement à gauche

Valérie Pécresse a promis notamment la mise en place d'une peine d'un an de prison ferme pour toute atteinte contre un policier, un gendarme et plus généralement toute personne d'autorité. Elle a aussi fait le « lien entre immigration et terrorisme » et affirmé sa volonté d'instaurer des « quotas » en matière d'immigration.
 
Valérie Pécresse a promis notamment la mise en place d'une peine d'un an de prison ferme pour toute atteinte contre un policier, un gendarme et plus généralement toute personne d'autorité. Elle a aussi fait le « lien entre immigration et terrorisme » et affirmé sa volonté d'instaurer des « quotas » en matière d'immigration.JEANNE ACCORSINI/SIPA

La campagne présidentielle a mis le cap mercredi sur la sécurité et le social. Le syndicat de policiers Alliance (classé à droite et très remonté contre un prétendu « laxisme judiciaire ») a organisé un grand oral intitulé « Face à la réalité des flics » auquel seuls Valérie Pécresse, Marine Le Pen, Eric Zemmour - ainsi que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin - ont accepté de participer. Ce fut l'occasion pour les candidats de droite et d'extrême droite de se livrer à une compétition sur la sécurité, chacun promettant d'éradiquer avec « fermeté » la délinquance, en luttant d'abord contre l'immigration.

 

Les candidats de gauche avaient préféré être auditionnés sur une autre problématique, le mal-logement, à l'occasion de la publication du rapport 2022 de la Fondation Abbé Pierre . Accusé de ne pas avoir fait du logement une priorité de son quinquennat, Emmanuel Macron est intervenu par vidéo pour défendre son action et livrer sa vision des chantiers encore à mener.

· Et aussi :

Pécresse et la hausse des salaires (suite). Après avoir revu de fond en comble sa proposition de hausse de 10 % sur les salaires , la candidate LR assure qu'il ne s'agit pas d'un reniement. Pour convaincre les entreprises de jouer le jeu, elle pourrait muscler ses promesses de baisses des impôts de production, selon les informations des « Echos ».

 

Les programmes déchiffrés. L'Institut Montaigne passe au crible pour « Les Echos » les propositions des principaux candidats. Dans un volet publié mardi, ce sont les promesses faites en matière de fiscalité sur les donations et successions qui ont été analysées.

Les jeunes s'intéressent peu à la politique, selon une étude de l'institut Montaigne réalisée sur 8.000 personnes âgées de 18 à 24 ans. 43 % des sondés disent « ne pas avoir d'idées assez précises pour se positionner sur l'échelle gauche-droite » et 55 % « ne peuvent indiquer de préférence partisane », soit parce qu'ils ne connaissent pas assez les partis (36 %), soit parce qu'aucun ne correspond à leur choix (19 %). Parmi les jeunes ne se positionnant pas sur l'échelle gauche-droite, 39 % estiment que « voter ne sert pas à grand-chose », 71 % que « les dirigeants politiques sont corrompus » et 62 % que leurs opinions « sont mal représentées à l'Assemblée nationale ».



05/02/2022
49 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 355 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion