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ÉDITORIAL
Des migrants
chair à canon

Christophe Lucet Sud-Ouest

 

 

Le régime dictatorial de Biélorussie se livre depuis cet
été à une opération de déstabilisation de l’Union européenne
pas totalement inédite puisque la Turquie
avait déjà menacé de l’utiliser. Mais cette fois, Alexandre
Loukachenko est passé à l’acte en prenant en otage des milliers
de migrants qu’il pousse vers la frontière polonaise
comme de la chair à canon avec un cynisme sans bornes.


Car les preuves de manipulation du flux migratoire sont
patentes. Depuis trois mois, des charters venus de diverses
capitales du Moyen-Orient déversent à Minsk des milliers de
faux touristes munis de vrais visas délivrés à tour de bras
par les consulats biélorusses et dont le seul but est d’entrer
coûte que coûte sur le territoire de l’UE. Non seulement ces
malheureux sont encouragés à tenter leur chance vers la
Pologne mais ils y sont escortés
par les forces biélorusses. Puis
contraints de stationner dans
ces forêts glaciales lorsqu’ils
ont été refoulés par les gardes frontières polonais.


Cette « attaque hybride » utilisant
des migrants comme chair
à canon est d’une extrême gravité.
Car la Biélorussie, encouragée
en sous-main par la Russie
de Poutine, tente d’enfoncer un
coin dans l’unité européenne
en actionnant le levier de la politique
migratoire, qui divise les
Vingt-Sept. Et elle le fait bien sûr
sans la moindre considération
sur le sort des otages dont plusieurs
ont déjà succombé aux rigueurs du climat et au désespoir.


Scandaleuse au plan humain, cette opération de chantage
est une grenade dégoupillée. Le dictateur de Minsk la
justifie comme une réponse aux sanctions européennes
dont il est l’objet après sa frauduleuse réélection de 2020. Se
sentant attaquée, la Pologne amasse des forces à sa frontière
orientale pour empêcher la violation de son territoire.
Ce qui offre un prétexte à Minsk et Moscou pour dénoncer la
militarisation de cette zone à haute tension.


Défiée ouvertement, l’UE doit réagir sans tarder et sans
trembler. Elle doit d’abord rassurer les Polonais sur le soutien
des Vingt-Sept malgré l’actuel conflit qui oppose
Bruxelles et Varsovie sur l’état de droit en Pologne. Puis obtenir
l’accès de son agence Frontex et des humanitaires à la
zone frontalière pour venir au secours des migrants. Enfin,
sanctionner durement ce régime coupable de forfaiture
sans couper les ponts avec Moscou.


Pour l’Europe, ce qui se passe à l’Est en ce moment est un
test grandeur nature de ses capacités de réaction et de sa
détermination à se faire respecter dans un monde sans pitié.



12/11/2021
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