Une embellie et des faiblesses

La croissance française et le chômage qui retrouvent leur
niveau d’avant la crise sanitaire, une zone euro en
meilleure forme, de l’argent européen qui arrive pour
doper l’investissement, un plan de vaccination dynamique,
des patrons qui retrouvent le sourire : sur le front de l’économie,
la rentrée s’annonce sous des auspices plus favorables.
Et après un an et demi de sinistrose, les Français peuvent respirer.
Bien entendu, tous les voyants ne sont pas au vert. Et les
fragilités de l’Hexagone n’ont pas disparu comme par enchantement.
L’une des plus préoccupantes est la difficulté
de très nombreux secteurs à recruter du personnel. La restauration,
le bâtiment, les services, l’industrie : tous sont
concernés et cette pénurie à l’embauche empêche l’activité
de reprendre autant qu’elle le devrait.

Sortir de cette situation implique d’investir à fond dans l’éducation,
la formation professionnelle et continue. Cela fait
longtemps que les gouvernements successifs ont identifié ce
goulot d’étranglement. Et il est essentiel que la question du
pourquoi de ces résistances et les solutions à y apporter soient
une des priorités de la campagneprésidentielle.

Comme d’autres pays développés,
la France souffre aussi de la pénurie de certaines matières
premières, et des composants électroniques qui sont le pétrole

de ce début du XXIe siècle.Ces obstacles, pas plus faciles à lever,

vont peser sur l’avenir, comme les effets de la transition écologique.

Car s’il est juste de dire que celle-ci est une opportunité et un vaste gisement
d’emplois, elle va dans l’immédiat durement pénaliser des
secteurs gros pourvoyeurs de postes de travail. Et seul un effort
d’investissement historique, partagé avec l’Europe, permettra de réussir.

Une autre fragilité est le poids de la dette publique, rançon
d’un « quoi qu’il en coûte » qui a permis de mettre l’économie
sous cloche au pic de la pandémie mais qu’il va bien
falloir commencer à rembourser. Et lorsque le parapluie des
aides publiques sera replié, sauf pour quelques secteurs durablement
impactés, le réveil post-anesthésie de l’économie pourrait s’avérer douloureux.

Mais n’anticipons pas. La rentrée est un moment suffisamment
délicat pour ne pas sous-estimer tout ce qui rend cet
automne 2021 plus riant que le précédent. En se faisant massivement
vacciner, y compris les adolescents, et en adoptant
tout aussi massivement le pass sanitaire, les Français ont clairement
choisi d’aller de l’avant en mettant de côté le pessimisme
auquel ils ne sont que trop enclins. On ne peut que s’en féliciter.

édito Sud-Ouest Christophe Lucet